Liliane Messika. Le Messie est arrivé-é-é, Biden et MBS l’ont rencontré-é-é

Thomas Friedman du New York Times se trompe constamment à propos d’Israël

À quoi reconnaît-on qu’on est face à un être supérieur ? 

Il s’appelle Thomas Friedman. On le reconnaît au fait qu’il est le seul à pouvoir donner des ordres au président du plus puissant pays de la planète et au dirigeant de l’État le plus riche du monde. En l’espèce, Joe Biden pour le premier et pour le deuxième, Mohammed Ben Salman, prince héritier d’Arabie Saoudite.

Ils se sont tous les deux pris un savon maison de la part d’un éditorialiste du New York Times

On croyait le NYT moins vaniteux que Le Monde, mais ce n’était qu’une blague juive.

Vous ne la connaissez pas ? 

C’est un tailleur juif qui s’installe dans la rue principale (et unique) du stettl Lakhva. Il installe son enseigne : « Chez le meilleur tailleur de Lakhva ». Le lendemain, un concurrent ouvre sa boutique en face de chez lui. « Le meilleur tailleur de Pologne », peut-on lire sur sa façade. Le succès appelant le succès, un troisième ouvre son gesheft[1] : « Le meilleur tailleur du monde ». Il n’a pas fini de chanter « tralala la lère » aux deux autres qu’un quatrième larron lui coupe la chique. C’est « le meilleur tailleur de la rue » !

Le Monde règne sur la pensée progressiste francophone, le New York Times sur celle du monde anglophone et Thomas Friedman, éditorialiste de ce dernier, sur la pensée tout court, celle de l’Humanité tout entière, qui n’a jamais lu le titre éponyme.

« Ne laissez pas Netanyahou faire de vous ses idiots utiles« , écrit Thomas Friedman dans le New York Times: C’est ainsi que celui qui se prend pour le Messie a admonesté ses interlocuteurs par contumace. Il exige l’exclusivité de leur soumission à son idéologie et il leur donne des ordres : « Vous ne pouvez pas normaliser des relations avec un gouvernement qui n’est pas normal ! [2]« 

Eh oui, c’est tout bête, mais il fallait l’intelligence d’un journaliste pour le comprendre : le seul obstacle à la paix mondiale est « l’actuelle coalition gouvernementale israélienne, dirigée par des suprémacistes juifs d’extrême droite, (qui) n’a jamais détenu de pouvoirs en matière de sécurité nationale en Israël ». 

Une fois qu’on en sera débarrassés, « la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite », une « relation de sécurité plus profonde entre les États-Unis et l’Arabie saoudite », et « la solution à deux États »  entre les Israéliens et les Palestiniens adviendront en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer  « Abracadabra ». 

On ne veut pas faire de peine à Thomas Superman, mais la solution à deux États existe déjà puisqu’il y a deux Palestine. 

  • Palestine.1-Gaza, deux millions d’habitants, régime totalitaire, capitale Gaza City, 1700 millionnaires, un seul parti politique, le Hamas, un seul gouvernement celui du Hamas, un pouvoir judiciaire, le Hamas, un seul censeur médiatique : le Hamas.
  • Palestine.2-Cisjordanie (Judée-Samarie en V.O.), près de 4 millions d’habitants, capitale Ramallah, régime démocratique à un seul parti, avec un seul président élu pour quatre ans en 2005, une seule élection organisée en 2005, un seul censeur médiatique, un nombre de millionnaires inconnu (hormis la pointe de l’iceberg : Mahmoud Abbas père, fils & Co.)

Et Israël ? Les chancelleries et l’ONU ne savent pas compter jusqu’à une solution à trois États ? 

Pas la peine : le troisième État palestinien est, chronologiquement le premier : ce sont les 77% du territoire de la Palestine mandataire que l’Angleterre a soustraits au futur Foyer national juif pour les offrir à l’Émir Abdallah, en remerciement de son ralliement à Lawrence d’Arabie pendant la première guerre mondiale. Ce pays de 90 000 km2 aurait dû s’appeler « État arabe de Palestine », mais que l’ego du souverain a traduit cela par Royaume hachémite de Jordanie.

Il existe déjà trois États arabes palestiniens et un État juif 

Pourquoi, alors nous rebat-on les oreilles avec cette « solution à deux États » sur le territoire de 120 000 km2 sur lequel la Grande-Bretagne avait mandat de faire advenir un « foyer national pour le peuple juif[3]« ?

C’est une bonne question. Il faudrait la poser aux 57 États musulmans de l’ONU. Et aussi aux 120 membres du Mouvement des Non-Alignés, dont les statuts stipulent qu’ils doivent combattre Israël pour soutenir les Palestiniens : « La question palestinienne a été et demeure une préoccupation centrale du Mouvement des non-alignés qui continue à défendre les droits légitimes du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant . Cet intérêt se reflète dans un fort soutien du Mouvement pour la Libération de la Palestine (OLP) à travers l’adoption des résolutions de la première réunion du Sommet qui s’est tenu en 1961 à Belgrade , et de nombreuses initiatives à l’Organisation des Nations Unies (ONU ) et les institutions spécialisées.[4] « 

Réécriture de la Bible, du Nouveau Testament et du Coran en un seul NYT

Premier commandement : Tout ce que je raconterai tu croiras. 

Deuxième commandement : Jamais en doute ne mettras mes affirmations.

Troisième commandement : Nulle preuve ne réclameras jamais de ce que j’affirme, car c’est la seule vérité immanente et éternelle.

Mais pour montrer sa belle voix et offrir un petit miracle à ses disciples, Friedman leur administre la preuve irréfutable que le gouvernement israélien est anormalement raciste et suprémaciste : « Un ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, a récemment averti que cette coalition israélienne, sans doute formée par Netanyahou pour éviter la prison pour corruption, comprend « d’horribles partis racistes ». Racistes comment ? « Quelqu’un a pris le Ku Klux Klan et l’a introduit dans le gouvernement », a déclaré M. Pardo. 

Amen !

Du côté du réel, il y a plus de précision

En ce qui concerne les accusations ku-klux-klaniques de corruption de Netanyahou, les juges ont vivement conseillé aux accusateurs de ne pas poursuivre, car les dossiers sont vides. « L’ancien chef de la police déclare qu’il pensait que Netanyahou démissionnerait à la suite de l’inculpation pénale[5] » . Il n’avait participé à la cabale que pour faire démissionner le Premier ministre. Il n’avait jamais imaginé que cela irait jusqu’au procès. Ça doit être pour ça qu’il est un ex-ministre et que Netanyahou est toujours Premier ministre : « Gouverner, c’est prévoir ! »

© Liliane Messika

Notes


[1] Son affaire (en yiddich)

[2] www.nytimes.com/2023/09/05/opinion/biden-middle-east-deal.html

[3] Déclaration Balfour (1917) : www.herodote.net/2_novembre_1917-evenement-19171102.php

[4] www.spsrasd.info/news/spsarchive/fr/node/6411

[5] www.timesofisrael.com/ex-police-chief-says-he-thought-netanyahu-would-resign-following-criminal-indictment/


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