Je retrouve Paris, après un long séjour dans mon antre normand et une brève escapade méditerranéenne.
Décidément je ne puis vivre sans cette ville, le bitume est mon écosystème, je suis à jamais un Parigot, une tête de veau, un enfant des faubourgs.
Je persiste à aimer la ville, en dépit de tout ce qui a changé au long d’années assez nombreuses pour rejoindre bientôt l’immatriculation de ma bagnole.
J’ai fait mes premiers pas sur les prés de l’ancienne zone, j’ai été bercé par les trains de marchandises qui passaient sur le pont du chemin de fer de petite ceinture. Je l’ai déjà écrit dans « Le Silence de la Ville », les bruit des ateliers et des usines me manquent, comme les cris des Halles dans la nuit.
Les vitrines se font rares, celles qui subsistent s’obscurcissent le soir, et de tristes lumignons remplacent les néons.
On nous prépare pire encore, un Paris olympique, la Seine interdite aux flâneurs et les bouquinistes expulsés des quais… Le sport infecte déjà Paris.
Ce matin, en descendant chercher ma baguette, j’ai dû éviter un coureur à pied, équipé pour ne rien voir et ne rien entendre, les yeux rivés sur le chrono de sa montre connectée, les oreilles bouchées par ses écouteurs.
Depuis la disparition des autobus à plateforme, il n’y a plus aucune raison de courir dans une rue de Paris.
En tout état de cause, je réclame une priorité pour les flâneurs. Nous devrions être classés, en tant qu’espèce en péril et inscrits à l’inventaire du patrimoine de la Ville de Paris. La flânerie, c’est Paris. Je me suis tôt adonné à cet art, en séchant les cours de sport pour aller flâner sur les quais et chiner chez les bouquinistes.
Ils sont le dernier rempart du vrai Paris, et s’ils doivent dresser des barricades pour se défendre, j’y serai!
© Guy Konopnicki
Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au Nouveau chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des Juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti… Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et Chroniqueur à Marianne.
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