Aujourd’hui c’est la rentrée des classes….
Ça m’a fait comme un coup d’sirocco dans la tête quand j’ai revu cette photo.
1951… Cent vingt et un an, 3 mois, 2 semaines s’étaient écoulés depuis la reddition de la Smala d’Abd El Kader au duc d’Aumale, juste là à Maoussa à quelques kilomètres au sud de Mascara… et me voilà, moi, petit bonhomme, fils de Simon et de Claire, assis sagement sur mon banc en classe de CM1 à l’école Alexandre III.
Madame Honorine, le chignon bien tiré, la blouse grise à p’tites fleurs achetée la veille chez Nakam frères qui sent encore le neuftaline, fait son entrée magistrale, le cahier d’appel sous le bras.
Amsellem… Présent m’dame
Azoulay… Présent, m’dame
Abouab… Il est malade, madame
Baccouche… Baccouche… Tu dors ? Non, m’dame
Bouabsa… Lequel, m’dame ? Moi c’est Djamel
Bouchentouf… Présent!
Christophe Chagneau… Oui madame ( Oui, lui on l’appelle aussi par son prénom, j’vous expliquerai pourquoi )
Gonzales… Présent
Escolano… Présent
Et le rituel se reproduit jusqu’à…
Zaoui… Oui !
Bon, si vous cherchez votre chère tête blonde descendant de nos ancêtres les gaulois, eh bien c’est raté… Ça va du noir aile de corbeau au châtain foncé et du crépu au bouclé… mais pas de blondinet… ah si, j’l’avais oublié, celui-là… Christophe Chagneau, le p’tit blond nouveau.
Son papa est le nouveau secrétaire général de la Sous-Préfecture, alors ça se respecte, madame.
Meskine, il est tout timide, mais j’sens qu’on va être tous très gentils avec lui… sa grande sœur qui l’a accompagné ce matin avec sa mère, elle est blonde elle aussi comme sa mère qui ressemble aux mannequins qu’on voit dans « Miroir du Monde ».
Bon, allez, on se range pour faire la photo… Les grands derrière, J’ai dit Les grands, Alezra, tu comprends…!
Vous avez vu la tignasse que vous avez ?
Passez-vous le peigne, oui, tous!
On partageait tout à l’école publique, même les poux… On était bons ce soir pour la séance de « Marie-Rose », rinçage au vinaigre blanc… et là, les poux, ils se régalaient.
Tout ça pour vous dire quoi… Ben que c’était l’école de la République, celle de ces vilains colons qui nous avaient affranchis de notre illettrisme, l’école qui nous apprenait à nous respecter même si de temps en temps on s’tapait la castagne au Faubourg Faidherbe… Ne m’demandez pas qui c’est, Faidherbe… Pour moi c’était un quartier.
Le jeudi j’allais avec Benichou à l’Alliance, le catéchisme des Juifs, Rovira et Sanchez allaient au cathé, et Mustapha allait à la médersa de Bab Ali.
A Pourim j’apportais des assiettes de gâteaux, montecaos, cigares, Makroud à tous les voisins, mais je commençais toujours par madame Oummria, la maman de mon copain Moktar.
Pour l’Aïd, re belote, cigares et Zlabyia.
Avec les cathos, c’était un peu plus distant, juste on se retrouvait pour la mouna de Paques et on allait dans les champs chercher des branches d’olivier pour les rameaux.
Voilà, on a grandi comme ça, jusqu’au jour où le coup d’sirocco il nous a tous emportés et on s’est retrouvé en France.
© Amselem des Bastides
Bizarre cette comparaison entre l’Alliance et catéchisme qui me semble mal exprimé
L’auteur aurait pu dire L’Alliance pour apprendre l’hébreu et ses prières et l’Eglise pour le catéchisme
À Alger seul existait la Bar Mitsvah pour les garçons tandis que pour la communion filles et garçons mélangés pour le catéchisme le mercredi
Aucune référence dans les 2 cas aux évangiles ou à la Torah comme silence sur les origines juives de Yeschoua ben Yosef, Myriam, et yoseph si ce n’est la responsabilité des juifs dans la mort de Yeschoua repris pour leurs Pâques avec la phrase honteuse: Pas d’agenouillements pour les juifs perfides que Vatican II à enlever après bien des oppositions et cela a duré 17 siecles
Pour les juifs il fallait avoir 13 ans et on devenait un homme dans le cadre du judaïsme tandis que la communion solennelle à 12 ans était une confirmation de sa foi au catholicisme
C est sympa cette chronique
Ça me rappelle les histoires de mon père a Oran , moi qui ne suis qu un juif parisien sans racines de ce côté-ci de la Méditerranée 😉
AMSELLEM des Bastides parle avec son cœur de souvenirs d’enfance d’un temps révolu que seuls ceux qui l’on vécu peuvent comprendre et s’émouvoir, – juste une question de « tripes » si vous préférez à « cœur », c’est fort, ça serre la gorge, alors venir le pinailler sur une comparaison ou une référence! Ce n’est pas du meilleur goût!