Alain Maruani. Quelques figures de l’antisémitisme en politique : viscéral, monstrueux, routinier ou pleutre. Suivi de : transitivité de l’antisémitisme

Pierre commémorative du pogrom contre les juifs,
Sternberg, 1492.
©AFP – BERND WUSTNECK / DPA

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Dans l’une de ses récentes diatribes, l’élu démissionnaire de la quatrième circonscription de Marseille argumente que le rappeur invité aux festivités des Insoumis n’est pas antisémite.

Une conclusion s’impose : si Médine n’est pas antisémite, M. Mélenchon, en dépit des propos qui scellent, chez l’un et chez l’autre, un antisémitisme vigilant, ne l’est pas non plus. 

Peut-être peut-on concéder ici une petite part de sincérité dans le brûlot de l’agitateur politique : l’antisémitisme est tellement ancré chez le malveillant et chez son défenseur  que ni l’un ni l’autre ne perçoit plus son existence ; le propos antisémite est pour eux un propos ordinaire, voire infra ordinaire.

Voilà pour l’antisémitisme VISCÉRAL.

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Un autre type d’antisémitisme, par contraste revendiqué haut et fort, est celui de Dieudonné. Ce type d’antisémitisme s’est développé durablement sans trop d’entraves, au point que l’intéressé a trouvé des journalistes suffisamment dociles, ou en mal de piges, pour photographier et scénariser un voyage du parolier au camp d’Auschwitz, suivi d’une demande d’audience au parlement israélien.

Voilà pour l’antisémitisme MONSTRUEUX.

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Un troisième type est celui de Gérard Filoche, exclu du PS pour cette raison, mais qui siège paisiblement à ses côtés dans la coalition NUPES, à la tête de son groupuscule. C’est l’antisémitisme de la caricature, du sarcasme et du mépris, tel qu’il a fleuri en terrain fertile, avec des sommets au dernier et à l’avant-dernier siècle.

Voilà pour l’antisémitisme ROUTINIER.

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Un quatrième type est illustré par la porte-parole de EELV ; sans nier la possibilité d’une teinture antisémite de tel ou tel propos, elle bredouille, dans des balbutiements embarrassés, des phrases malhabiles visant à minimiser la portée de ces propos. On sait bien que, dans certains salons, il est de bon ton d’afficher un antisémitisme mondain, ce n’est pas bien méchant, n’est-ce pas ? On ne va pas en faire une histoire, ni un sujet.

Voilà pour l’antisémitisme PLEUTRE. 

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Un point commun entre ces quatre types d’antisémitisme est qu’ils me semblent tous relever de la psychopathologie : ceux qui les véhiculent ont, comme leurs propos le montrent, un esprit suffisamment dérangé pour susciter de la méfiance, mais insuffisamment dérangé pour légitimer un internement. 

La transitivité à présent :

Voilà que Mme Royal, en mal de visibilité, propose de brandir l’oriflamme et de sonner l’olifant d’une gauche fantomatique et qu’elle entend faire revivre. 

Inutile alors de résister à la conclusion qui s’impose : les propos et les initiatives antisémites de LFI, EELV et d’autres ne la gênent pas ; en politique, cela signifie qu’elle les reprend à son compte.

Et voilà pour l’ANTISÉMITISME TRANSITIF, celui que l’on doit assumer si l’on s’associe avec des antisémites, avec le but de les fédérer.

© Alain Maruani 

Alain Maruani est professeur à X et Normal Sup

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2 Comments

  1. Votre texte est très sérieux et très juste. Il se termine par un commentaire qui est loin d’ être à l’ avantage de la Royal.
    Sur un ton plus badin je ne puis m’ empêcher de montrer cette vidéo de 3 secondes sur la dite Royal. Le jour de l’ intronisation de Mitterand elle demande un poste ( de député ) à ce dernier. Prêtez bien l’ oreille; ce dernier lui dit qu’ il est bien tard.
    Cette épisode complète à mon sens l’ avis que vous avez donné sur cette dame.

    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i07002981/segolene-royal-vous-ne-pouvez-pas-faire-quelque-chose-pour-moi

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