« Tribune Juive », que certains rêvent de voir disparaître, est l’inverse de « la Presse au garde-à-vous »

« Tribune juive » : une Tribune, pas un porte-voix –

Lire c’est bien. Réfléchir c’est mieux. 

Certains voudraient voir disparaître « Tribune Juive ». Qu’ils sachent qu’on n’étrangle pas l’intelligence avec des mains incultes. « Tribune Juive » réfléchit là où d’autres ne pensent qu’à faire des affaires.                 

                  En 1945 naissait un journal intentionnellement intitulé « Tribune Juive ». Le monde découvrait les monticules de millions d’hommes, de femmes et d’enfants, dont la squelettique complexion suscitait le pire des effrois.  Qui n’a pas encore en mémoire la façon horrifique avec laquelle on avait jeté — quel autre mot pour dire cela ? — ces ombres dans les fosses communes? D’autres avaient été gazées, enfournées. Des millions et des millions d’âmes sont mortes ; six millions de Juifs assassinés parce que Juifs,  des centaines de milliers de Tsiganes parce que gens de l’errance, des milliers d’anti-nazis et résistants de tous pays parce qu’ils n’avaient pas voulu baisser la tête, des milliers d’homosexuels parce qu’ils étaient différents. 

                  L’Humanité s’était tailladé les veines de la conscience humaine.

                  Ne croyez pas que je me sers de la Shoah pour parler d’Israël en particulier et de la Barbarie en général. J’ai tenu à évoquer cette boucherie parce qu’un homme, Jacquot Grunewald, a été le premier à défendre à travers le judaïsme une vision du monde sans concession, une éthique au sens absolu du terme et une conception de l’Homme qui va bien au-delà des religions.

Mais, au-delà de l’intention, il y a ce titre, devenu mythique et qui, à lui seul, en dit long sur la philosophie générale de la revue : « Tribune Juive ». « Tribune » parce que de la discussion jaillit la lumière ; « Juive » parce qu’il faut être fier de son identité dans un esprit de respect des autres cultures.

Pendant longtemps, la presse juive française — je mets de côté le « Jewish Chronicle », dont l’histoire est particulière — s’est résumée à « Tribune Juive », revue ouverte sur le monde, et « Information Juive », soutenue par le Consistoire Central de France, mais qui, au lendemain de la guerre, était une revue plus culturelle et hélas ! trop fermée sur elle-même. Grunewald est de ces consciences qu’au XVIIIème siècle on qualifiait d’honnête homme.        

Tribune juive, l’inverse de « la Presse au garde-à-vous »

qui écrit dans le sens du vent

                  En 1982 Mitterrand libère les ondes. Les radios juives éclosent. Un grand moment de liberté. Mais très vite tout cela change. Les radios cherchant désespérément à trouver de l’argent finissent par se vendre au plus offrant. C’est ainsi qu’est née la presse au garde-à-vous, le doigt sur la couture du pantalon, plus soucieuse de faire plaisir à ses annonceurs et de faire la cour aux partis politiques que d’informer le public. Dans la foulée, une nouvelle presse écrite voit le jour. Les « nouvelles » qu’elle imprime toujours ont cela de ridicule que, pour peu qu’on s’intéresse à la vie internationale, qu’on lise les journaux et qu’on regarde la télévision, on les connaissait forcément avant ; bref, cette presse juive qui se veut « media d’avenir » n’est en fin de compte que du réchauffé. Depuis  « Globe » de BHL — tombé dans les oubliettes mitterrandistes — jusqu’à « Actualités juives », l’important est d’écrire dans le sens du vent.

Au contraire, « Tribune Juive », quant à elle, défend avec beaucoup d’ardeur son indépendance d’esprit, sans se soucier des dérives libérales et droitières du mitterrandisme, du chiraquisme ou du macronisme. Mieux, « TJ » ne s’est jamais tue sur la crise israélienne à la différence que si les autres journaux juifs attaquaient Israël bille en tête dans un style « made-in-Libé », notre revue, elle, n’a eu de cesse que d’ouvrir un vrai débat avec des pour et des contre.  Voilà pourquoi entre le discours à la mode des radios entièrement inféodées aux consistoires locaux au point de ne pas émettre le shabbat — bonjour la laïcité ! — et des journalistes amidonnés par la peur de déplaire aux affairistes israéliens, « Tribune juive » reste aujourd’hui, et  plus que jamais, le seul organe qui n’a pas les mots dans la poche. 

                  En ces temps où les patrons de presse font la loi, où les hommes d’affaires se croient journalistes et les hommes politiques s’imaginent oracles modernes style 2.0 d’une Delphes aux accents numériques, une presse libre est la preuve que tout ce qui va vers l’uniformisation tend nécessairement vers la dictature de la pensée. 

                  « Tribune juive » gêne. Pour tout dire, elle gêne cette société du prêt-à-penser, que Zamiatine et Orwell ont condamnée leur vie durant. 

                  Et qu’on ne vienne pas me dire que, vivant en France je n’ai pas le droit de critiquer Israël et encore moins de condamner l’intolérance des ultra-orthodoxes, ceux-là mêmes qui ne se sont pas trouvés très affectés par l’assassinat de Rabin. A cette époque je me trouvais à Marseille et je sais que certains rabbins intégristes de la cité phocéenne ne cachaient pas leur joie.  Pourquoi aurais-je le droit de condamner la politique de tel ou tel pays et pas celle d’Israël ?  

Ma liberté de penser c’est dans « TJ » que je la retrouve. Les contributeurs au rang desquels j’ai l’honneur d’être ne sont pas « sous surveillance ». On peut être d’accord ou pas sur tel ou tel sujet : dans ce cas on en débat. 

Comprenne qui voudra. 

                                                                                                        ©  Michel Dray 

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3 Comments

  1. La confrontation des idées ne doit pas nous effrayer, chacun porte une part de vérité.

    À côté de la liberté de penser ( plutôt que pensé😉)il doit exister la liberté de dire .

  2. On aimerait savoir qui en veut à tribune juive.
    Ce n’est pas la même coterie qui à réussit à contrôler l’essentiel de la presse et des médias communautaires jusqu’en devenir méconnaissables ?

  3. Cette campagne d’annulation existe aussi en Israël, ou une coalition d’hommes politiques grands « démocrates », d’oligarques qui appauvrissent la population et une partie de l’académie ont décidé qu’il fallait boycotté la télévision mal-pensante Aroutz 14.
    Cette télévision à révéler comment ils procèdent, ce sont les mêmes soutiens du soulèvement anti réforme judiciaire.

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