Jean-Philippe Mallé : « Sans reconquête de notre souveraineté, l’effondrement de la France se poursuivra »

Dans cette déréliction du politique et de l’État, il apparaît que le plus émouvant est ceci : comme souvent dans les périodes délicates de l’histoire de France, ce sont les Français les plus modestes, les Français ordinaires, ceux de la « common decency » chère à Orwell qui marquent les premiers leur attachement à la patrie, à la souveraineté populaire et nationale.
Hans Lucas via AFP

Dans une tribune, Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France, mouvement politique créé en 2017 par Julien Aubert, prône le retour à l’État-nation pour mettre fin au naufrage de notre pays.

Les violences et destructions qui viennent de se produire un peu partout en France sont une étape supplémentaire dans l’effondrement continu de notre pays depuis quarante ans. Et ce, dans quasiment tous les domaines, qu’il s’agisse de la désindustrialisation massive, la dégradation des services publics, l’immigration hors de contrôle à l’entrée du territoire national et à sa sortie ou encore la paupérisation d’une large partie des classes moyennes avec le cas emblématique des enseignants.

À cela s’ajoutent la gabegie des finances publiques et les politiques erratiques du nucléaire, à rebours des fondamentaux posés dans les années 1960 et 1970. Sur l’incurie dont l’énergie nucléaire a été l’objet, tout a été dit par les meilleurs spécialistes et par un récent rapport de l’Assemblée nationale. Enfin, le plus terrible est illustré par ce que nous venons de vivre : l’éclatement de notre nation en communautés et tribus séparées, décrit par de nombreuses études : de La France périphérique(Christophe Guilly), à L’Archipel français (Jérôme Fourquet), en passant par L’insécurité culturelle (Laurent Bouvet) ou Les Territoires perdus de la République et ceux « conquis par l’islamisme » (Bernard Rougier), sans oublier, très récemment, Chaos. Essai sur les imaginaires des peuples(Stéphane Rozès), tous les diagnostics ont été posés.

Le déclin du pays: une réalité

Ce naufrage de la France, mesuré par des indicateurs précis, est d’abord la conséquence de tous les renoncements au sommet de l’État, pratiqués depuis quatre décennies par la droite comme par la gauche. Avec, en bruit de fond, la psalmodie des fameuses « valeurs de la République », toujours amputées de leur corollaire qu’est la citoyenneté, laquelle implique des droits et des devoirs. L’incapacité de nos gouvernants à incarner la communauté nationale, à faire corps avec son histoire, à lui proposer un chemin respectueux de ses aspirations, a fait le lit de tous ceux pour lesquels l’État-nation est un obstacle à la « mondialisation heureuse » et à la déconstruction permanente.

D’une part, outre la suprématie affirmée du droit européen sur notre droit national, les coups de boutoirs donnés à plusieurs fleurons de notre industrie ont été menés sous la bannière étoilée de l’Union européenne et ce, au titre du dogme intangible de la concurrence libre et non faussée. D’autre part, le gauchisme culturel, en vogue dans le showbiz et dans les « élites » politiques et médiatiques depuis la fin des chimères socialistes et communistes, impose une nouvelle doxa venue des campus américains : l’extension illimitée des droits des individus et des minorités actives. Aujourd’hui, cette rencontre planétaire du néolibéralisme et du gauchisme culturel est accomplie dans la sphère occidentale : le déploiement du marché à tous les domaines de la vie, y compris au corps humain, est indissolublement lié à l’accomplissement, sans limites, de tous les désirs revendiqués de l’individu.

On ne peut comprendre la dynamique de la culture woke si on ne voit pas qu’elle est le produit de cette rencontre. Pour parvenir à ce résultat en France, il fallait rompre, radicalement, avec l’histoire de notre nation qui s’est constituée par la centralité et la primauté du politique, l’État y ayant, depuis son origine, joué un rôle majeur et prépondérant. Trente ans après le traité de Maastricht, il apparaît que Philippe Séguin avait vu juste : dans la nuit du 5 mai 1992, à l’Assemblée nationale, avec un discours qui fait date dans l’histoire du Parlement, il avait analysé avec méthode la perte de notre souveraineté nationale contenue dans ce traité, expliquant que dans l’Histoire de France, 1992 constituait littéralement l’anti-1789.

L’histoire lui a donné raison : la souveraineté populaire et nationale n’est pas un concept juridique abstrait pour dissertation en faculté de droit : elle est la condition sine qua non de l’exercice du politique et de la démocratie, la capacité donnée à la nation de prendre les décisions qui la concernent et donc de maîtriser son destin. Et personne n’oublie le référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, rejeté par une nette majorité de Français mais approuvé par le consortium UMP/PS réuni au Parlement à l’initiative commune de Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Continuer la France

Nos compatriotes, en nombre toujours plus nombreux, comprennent bien qu’il n’y aura aucune cohésion sociale envisageable sans une souveraineté populaire et nationale retrouvée. Et qu’entre le modèle communautaire importé des États-Unis d’Amérique et le modèle historique de la France, un choix doit désormais être fait. De ce point de vue, la réflexion d’Emmanuel Macron selon laquelle « il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France et elle est diverse » illustre bien le choix fait par une large partie de nos « élites » politiques et médiatiques.

© Jean-Philippe Mallé

https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/jean-philippe-malle-sans-reconquete-de-notre-souverainete-leffondrem

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4 Comments

  1. Les nominations de PAP N’diaye et autres sympathisants de la fachosphere indigéniste confirment (à l’image de France 24 ou de la « justice française ») que depuis Macron l’ideologie raciste et néo-fasciste des indigènes de la République a officiellement remplacé l’idéologie de la République. Comme avec BLM dans les pays anglosaxons.( on remarquera pour l’anecdote que Marianne publie régulièrement les logorrhées racistes de Rockaya Diallo)

    Actuellement le pouvoir macroniste prépare de nouvelles coupes drastiques dans les dépenses sociales. LREM, parti le plus a droite que la France ait connu depuis 1944, est purement et simplement en train d’éradiquer le système social issu du conseil national de la Résistance. Le nombre de SDF n’est pas près de cesser d’augmenter. Parallèlement il essaie de détruire toute forme de liberté d’expression : les récentes attaques du ministre facho contre Europe 1 et cnews ne sont pas anecdotiques : depuis la campagne de 2022, le gouvernement a multiplié les pressions sur les médias française et les salles de rédaction.

    C’est l’une des raisons cachées de cette implication des gouvernements Français et européens dans la guerre d’Ukraine : au moment même où l’Europe et les USA sombrent chaque jour un peu plus dans un totalitarisme Orwellien et ont déjà atteint un niveau de barbarie digne d’Orange mécanique, nos dirigeants ont besoin de fabriquer un ennemi imaginaire. La Russie étant évidemment le bouc émissaire facile, surtout lorsqu’il est aussi facile de manipuler grossièrement l’opinion publique. Mais ce n’est pas Vlad qui est en train d’empaler la France : ce sont Macron et ses alliés.

    En résumé, la « France » ou ce que l’on nomme encore ainsi par défaut est une cause perdue. Destruction de tout l’héritage issu des Lumières, haine anti pauvres, racisme anti blanc et racisme anti Juifs, ultraviolence, misère sociale et censure stalinienne : voilà le menu au programme. Liste non exhaustive.
    Seul « réconfort » si j’ose dire : aux USA et en Grande Bretagne, c’est le même scénario mais en pire.

  2. Cette horreur au festival d’Avignon…Et comme avec Nick Conrad, ce sont encore Liberation et le Monde qui prennent la défense de la réalisatrice raciste. Ces deux medias repoussent toujours plus loin les limites de l’abjection.

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