Via la ressortie en salles mercredi de « Persepolis », la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi fait le lien avec la récente vague de contestation dans son pays d’origine et salue la « culture de la démocratie » de la jeune génération iranienne.
Marjane Satrapi se dit pleine d’espoir pour son pays natal, où continue le mouvement de contestation engendré par la mort de Mahsa Amini et où renaît de ses cendres … la police des moeurs qui surveille avec un zèle inédit le respect par les femmes du code vestimentaire qui leur est imposé.
Notant une différence dans la réaction de la population par rapport à celle de sa propre génération et à celle de ses parents, qui ont vécu « tous les traumatismes de la révolution et de la guerre ».
Régulièrement en contact avec la jeunesse iranienne, elle estime que « la démocratie, c’est avant tout une culture. Une culture que ma génération n’avait pas. Une culture qu’eux ont, notamment parce qu’ils ont grandi avec Internet, qu’ils ont eu accès à un échange avec le monde entier, avec des gens de leur âge, avec des préoccupations du monde actuel ».
Avec Persepolis, adapté d’une bande dessinée et Prix du jury au Festival de Cannes en 2007, Marjane Satrapi raconte son histoire personnelle et montre la répression sous le régime du Chah, ainsi que les arrestations et exécutions ayant suivi la Révolution islamique menée par l’ayatollah Khomeiny. Tout juste adolescente, elle est contrainte de s’exiler, seule, en Autriche puis en France.
« Il fallait vraiment une nouvelle génération qui est née avec (ces dirigeants) et qui n’a pas connu tous ces traumatismes. C’est elle qui peut faire la différence parce qu’elle n’a pas peur d’eux, qu’elle a grandi avec eux ».
Il faudra néanmoins du temps, prévient-elle. « En dix mois, un régime qui a été installé depuis 44 ans ne tombe pas comme ça, surtout quand il est violent. Mais ça va arriver, j’en suis absolument convaincue », soutient la cinéaste.
Presque 30 ans après avoir quitté son pays d’origine, Marjane Satrapi explique avoir aujourd’hui en elle des choses « très françaises » et « très iraniennes », qu’elle sait mieux concilier « avec le temps ». Elle dit avoir trouvé sa « méthode » : « Je suis absolument contre le communautarisme, je déteste ça. En tout et pour tout, j’ai deux copains iraniens ».
À la question de savoir si elle aimerait faire un film sur l’Iran, Marjane Satrapi répond que si la chose n’est pas exclue, elle ne se fera pas l’immédiat: « Les choses ont besoin d’un temps pour qu’on les digère », avance-t-elle, donnant pour exemple cette première ébauche jamais publiée de Persepolis et qu’elle pensait « géniale »: « En la relisant quelques mois plus tard, je me suis rendu compte qu’elle était remplie de haine, de colère. J’étais exactement comme les personnes que je dénonce sauf que, dans ma tête, j’étais du bon côté. Ma rhétorique, ma façon de penser, ce qui me motivait, c’était la haine et la haine n’est jamais un bon moteur ».
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