Gilles Bellaïche. État profond, vous avez dit État profond ?

Dans l’actualité récente d’Israël et malgré leur médiatisation, deux évènements majeurs ont donné un éclairage tout particulier du fonctionnement de l’état, sans susciter de réelles réactions sur ledit fonctionnement.

Bien évidemment et en tout premier lieu, il s’agit de cette fameuse réforme judiciaire, réforme clé du programme électoral d’un certain nombre de partis de droite lors de la campagne de l’été 2022, et que les électeurs ont librement validée en permettant la formation d’une coalition confortable au 1er ministre B. Netanyahou, mais qu’une minorité bruyante et activiste conteste dans la rue depuis plus de 6 mois, refusant sa mise en œuvre, et hurlant dans ses cortèges : Démocratia, Démocratia !!, paradoxe qui serait particulièrement risible s’il n’était pas tragique.

Cette opposition brutale et vociférante, refusant la légitimité des urnes, considère que de mettre en application une promesse de campagne validée par la majorité du peuple, serait illégitime, et la considérant contraire à ses propres intérêts, la qualifie d’illibérale et argue qu’elle mettrait en péril l’avenir démocratique du pays.

Traduction: moi, la minorité sachante, j’affirme que je sais mieux que cette majorité ignorante, ce qui est bon pour le pays et ce qui ne l’est pas, et donc ce qu’il faut faire et ne pas faire. Si on en était encore au temps où le niveau éducatif moyen était celui d’une analphabétisation généralisée, on pourrait encore comprendre cette position, mais dans un pays aussi développé qu’Israël, avec un niveau moyen d’études élevé, qui d’ailleurs génère autant d’avancées technologiques, médicales, économiques, on ne peut que réfuter cette position somme toute fort méprisante pour la majorité des habitants du pays ; d’ailleurs, quand on analyse en profondeur les slogans et les arguments des anti-réforme, on se rend compte que les plus analphabètes et les plus manipulés ne sont pas dans le camp majoritaire.

Bref.

Cette actualité quelque peu tumultueuse a quand même eu une vertu salvatrice ; elle a en effet permis de mettre en évidence la réalité et les ressorts profonds qui ont conduit à la nécessité d’une réforme judiciaire, à savoir la prise de pouvoir progressive et dissimulée du judiciaire sur les 2 autres pouvoirs : exécutif et législatif ; en effet, la révolution institutionnelle fomentée et conduite en catimini par des juges nihilistes et avides de pouvoir à la fin des années 90 a conduit à ce que la moindre décision politique, la moindre loi votée, la moindre nomination, la moindre décision locale, militaire, sécuritaire, économique, stratégique, passe sous les fourches caudines du pouvoir judiciaire, qui de plus a mis en œuvre des outils extravagants lui permettant de dérouler son propre agenda politique.

Et on a vu des groupes de pression aussi hétéroclites que des réservistes, des acteurs du monde financier, des « high-techistes », des pilotes militaires, des dirigeants d’entreprises, des policiers, des anciens haut gradés, tous minoritaires dans leur corporation, se lever contre cette réforme, et tenter de convaincre le monde que cette réforme serait antidémocratique et dictatoriale.

Après un moment de sidération, il a fallu réfléchir pour analyser et comprendre le phénomène qui se déroulait sous nos yeux ; et là est apparu au grand jour que tout ce beau monde avait au moins un point commun : ils appartiennent tous à au moins un réseau dont les ramifications diverses (politiques, économiques, administratives,) conduisent toutes à un lien privilégié avec ce pouvoir judiciaire omnipotent.

Et on a compris qu’il a suffi à 2 ou 3 personnes-clés d’appuyer au bon moment sur un bouton pour mobiliser rapidement tout ce beau monde, idéologiquement assez hétéroclite, et qui, sans même comprendre les enjeux réels, a répondu spontanément à des slogans intellectuellement très peu robustes, voire surréalistes, la motivation majeure étant la défense de leur lien privilégié avec les vrais décisionnaires qu’est devenu le pouvoir judiciaire, et donc leur propre avenir individuel, qu’il soit politique, économique ou simplement de positionnement social.

Pire encore, on a appris il y a peu (1) que ces quelques décisionnaires avaient dès la publication des résultats électoraux qui leurs étaient défavorables en novembre 2022 commencé à organiser cette agitation urbaine, médiatique et politique, tout en collectant des fonds aussi bien auprès d’acteurs nationaux, qu’auprès d’officines internationalement connues pour leur activisme politique, déjà en action lors de ces mêmes processus d’agitation urbaine menés par exemple en Ukraine fin 2004, ou en Tunisie et en Egypte début 2011…

On peut donc conclure que toute cette agitation a démarré par la préparation d’un coup d’état, s’est poursuivie par une tentative de révolution urbaine avec il est vrai une certaine bienveillance policière sourde à sa propre tutelle politique, mais que toute cette agitation n’a été possible que par l’existence en sous-main d’une toile d’araignée de pouvoirs et de liens occultes que les anglo-saxons nomment « Deep state » ou État profond.

L’Etat profond, – traduction littérale de deep state, est une théorie politique américaine qui s’applique essentiellement à l’administration fédérale des Etats-Unis.

En d’autres termes, c’est bien le pouvoir judiciaire qui, avec l’aide de cet état profond, est à l’origine de cette tentative de coup d’état, chacun des acteurs ayant son propre agenda, les juges afin de conserver leur pouvoir hégémonique, les politiques pour reprendre le pouvoir qu’ils ont perdu dans les urnes, et les autres acteurs pour conserver leur influence et leurs « privilèges » issus de leur soutien aux juges et aux politiques.

D’ailleurs, il y a une observation qui ne trompe pas et qui conforte cette démonstration: cette tentative de coup d’état avait aussi bien évidemment une coloration internationale puisque les slogans les plus extravagants scandés encore ce jour avaient pour principal but d’attirer l’attention du monde occidental si sourcilleux quand il s’agit de défense de la démocratie, et surtout d’obtenir son soutien massif; or, on a vu d’un côté de l’Atlantique que les dirigeants européens sont restés très largement neutres, malgré un relai massif de presque tous les médias incultes et partisans ; ceci s’explique par le fait qu’une analyse un peu détaillée de cette réforme judiciaire ne résistait pas à la conclusion que contrairement aux slogans urbains, elle allait dans le sens de plus de démocratie et d’une séparation des pouvoirs nécessaire, et qu’elle combattait le gouvernement des juges tant craint par les nations européennes déjà aux prises aux affres des directives de l’Union Européenne dont la légitimité démocratique est très fortement remise en question par une majorité de ses habitants.

Mais on a vu à l’opposé que les USA soutenaient très activement (et probablement financièrement) les anti-réforme israéliens, et ne manquaient pas une occasion pour rappeler à l’ordre les dirigeants de  « leur allié privilégié » du Moyen-Orient, lui intimant même parfois l’ordre de mettre fin définitivement à cette réforme ; on peut donc légitimement se demander si les dirigeants américains sont plus stupides que leurs homologues européens pour adopter une telle position si ferme et intrusive ?

La réponse est bien évidemment plus subtile ; rappelons tout d’abord que ce sont les Démocrates qui détiennent actuellement le pouvoir aux USA, démocrates tendance Obama, c’est-à-dire penchant fortement à gauche, et donc soutenant massivement la gauche Lapid- Avoda-Meretz israélienne, celle-là-même qui a fomenté ce coup d’état. Mais surtout cette gauche américaine fonctionne exactement de la même façon chez elle, avec un état profond tentaculaire allant jusqu’au plus profond du FBI et de la CIA qu’on a vu à l’œuvre avant l’élection de D. Trump en 2016 et tout au long de son mandat avec même une tentative de destitution avortée, sur la base d’un dossier monté de toute pièce d’une soi-disant collusion entre lui et la Russie. On a vu aussi ce Deep State mettre en marche sa formidable armada judiciaire durant l’élection de 2020 et les très nombreuses irrégularités qui ont entaché ce scrutin, mettant en doute (aux USA, mais pas en Europe), la sincérité du résultat compte tenu des innombrables fraudes électorales commises par le camp démocrate et constatées par tous. Celui-ci soutient donc naturellement son homologue israélien ; plus encore, un démantèlement de l’état profond israélien grâce à cette réforme judiciaire, donnerait surement des idées et une force supplémentaire aux Républicains américains pour en faire autant chez eux, et bien sûr, là-bas bien plus qu’ici, les potentats en place récusent catégoriquement l’idée de se défaire de leurs avantages, influences et privilèges.

Voilà pour le premier évènement.

L’autre évènement qui a marqué l’actualité israélienne récente est le fiasco annoncé des procédures judiciaires intentées par la justice israélienne à l’encontre B. Netanyahou, qui est poursuivi depuis 2016 sur plusieurs dossiers de présomption de corruption.

Les 2 principaux dossiers nommés « 1000 » et « 4000 » ont vu le procès se dérouler et connaître ces dernières semaines des rebondissements spectaculaires ; le 1er dans lequel le parquet reproche à Bibi d’avoir reçu des cigares et des bouteilles de champagne de la part d’un de ses amis de longue date, a explosé en vol quand ce principal témoin au demeurant milliardaire, a expliqué à la cour qu’il offrait des cadeaux au couple Netanyahou par amitié et ce depuis bien avant qu’il ne soit 1er ministre ; il a d’ailleurs précisé qu’il a continué à le faire quand Bibi est devenu 1er ministre, après avis favorable du Conseiller Juridique du gouvernement, qui est la caméra de surveillance de la Cour Suprême au sein du pouvoir exécutif. Enfin, il a précisé qu’il n’avait jamais obtenu de Bibi le moindre favoritisme pour le développement de ses affaires dans le pays, le Parquet n’ayant d’ailleurs jamais réussi à prouver le contraire ; enfin, devant un parquet accusateur et désarmé qui lui reprochait d’avoir fait durant l’enquête des déclarations moins favorables à Bibi, il a expliqué que durant l’instruction il avait été pressurisé et manipulé par la police (et la justice bien évidemment), pour faire des déclarations défavorables à Bibi. Edifiant.

L’autre procès, nommé dossier « 4000 », est celui dans lequel le Parquet reproche à Bibi d’avoir soudoyé le dirigeant d’un grand média israélien pour avoir une meilleure couverture médiatique. Or, les 3 témoins de l’accusation (le Parquet), ont avoué devant la Cour avoir subi eux et leurs familles des pressions, voire des menaces, de la part de la police et de la justice afin de témoigner contre Bibi ; l’ancien chef de la police au moment de l’instruction a même dévoilé publiquement que la police et la justice avaient monté ce dossier dans le but de faire démissionner Bibi de son poste de 1er ministre (comme l’avait fait Olmert précédemment), et qu’il ne pensait pas que Bibi se battrait avec détermination « contre le système » (sic). Aveu incroyable d’une véritable machination juridico-policière pour renverser un gouvernement élu démocratiquement, plus communément appelée tentative de « coup d’état ».

Enfin, un ancien activiste urbain qui au cours de cette tentative a joué le rôle d’idiot utile de rue a déclaré publiquement qu’il comprenait à présent à quel point il s’était fait manipuler par le trio justice-police-médias pour mener l’agitation urbaine qui avait conduit à la triple mise en examens de Bibi fin 2019, rôle d’idiot utile de rue repris aujourd’hui par S. Bressler. Tous ces témoignages accablants pour la justice et la police ont donc fort logiquement conduit la Présidente de la Cour à conseiller au Parquet d’abandonner les charges pour mettre fin à cette mascarade judiciaire.

En conclusion de cet évènement de l’actualité israélienne, on peut dire là-aussi que police et justice, relayées par des médias complices, ont fomenté et tenté un coup d’état ayant pour but d’éliminer un dirigeant politique d’envergure internationale, élu démocratiquement mais d’un bord politique opposé. On voit que dans ce cas aussi un véritable état profond agit pour contourner les choix du peuple et s’accaparer un pouvoir qu’il ne lui revient pas.

Ces 2 évènements et leur décryptage détaillé conduisent à devoir admettre qu’il y a bien en Israël un « état profond, prêt à toutes les turpitudes pour dérouler son agenda politique, et que les agitations urbaines en cours ont pour seul but de maintenir cet état caché, véritable pouvoir illégitime.

Enfin, il est curieux de constater que les opinions publiques, qu’elles soient en Israël ou à l’étranger,  n’aient que peu réagi à la mise en lumière de ces graves dérives anti-démocratiques, il est vrai très courantes outre-atlantique ; c’est pourquoi, seule une réelle et profonde refondation judiciaire pourra redonner au pays une dignité démocratique perdue au profit d’une petite caste oligarchique ethnocentrée avide de ses privilèges, et ainsi redonner à la population confiance en sa justice.

(1) S. Trigano : Du coup d’état au coup monté – TJ, juin 2023

Par Gilles BELLAÏCHE  Israël Is Forever Toulouse

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16 Comments

  1. Trés bonne analyse de Gilles Bellaïche qui résume la situation Israelienne mais mon interrogation est de me demander pourquoi la rue la constestation prime sur le suffrage universel et ce dans tous les pays occidentaux en particulier en France

  2. « Deep State »? Ah bon?

    Si une telle chose existe en Israël elle est incarnée d’abord et surtout par Netanyahou, qui fut premier ministre pendant 15 (QUINZE!) ans avant son mandat actuel (de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021).
    Il en est actuellement à sa 16eme année, plus que n’importe quel Premier Ministre du passé (dont le fondateur Ben Gourion).
    Rappelons que dans des régimes comparables (France, USA) les Présidents (équivalents du Premier Ministre en Israël) sont limités par la Constitution à deux mandats (10 ans et 8 ans respectivement).
    C’est LA où commence le problème. Aggravé par l’absence d’une Constitution, d’une Chambre Haute et d’autres institutions.

    En effet, JAMAIS en quinze ans Bibi n’a fait quoi que ce soit pour mener une “réforme judiciaire”, encore moins un “putsch de régime” (car c’est de cela qu’il s’agit) pour réduire l’indépendance et le pouvoir du système judiciaire, cour suprême et conseillers juridiques au gouvernement en tête.

    Bien au contraire.
    Voyons l’article d’André Simon Mamou ici-même du 15 juillet : https://www.tribunejuive.info/2023/07/15/andre-simon-mamou-le-vieux-francais-juif-tremblant-de-peur-pour-israel-demande-au-president-herzog-de-jouer-au-president/
    Et surtout la symptomatique séquence vidéo de Netanyahou du 28/02/2012 où il chante les louanges du système judiciaire israélien et s’engage à en conserver le pouvoir et l’indépendance…

    Sachant que pendant la campagne électorale qui précédait les élections du 1er novembre aucun accent particulier n’a été mis sur ladite « réforme judiciaire » par ses promoteurs ; elle fut couverte par un épais voile d’approximations et de vagues affirmations générales.
    Les thèmes de campagne, les sujets de préoccupation, étaient, comme d’habitude, la sécurité, l’inflation, la vie chère…
    Et NON une vague « réforme judiciaire », de nature assez technique, qui ne passionnait pas grand-monde.

    En conséquence, le 1 novembre 2022 presque tous les israéliens ayant voté pour Bibi (soit directement pour le Likoud soit indirectement pour les partis membres de sa coalition) ignoraient la vraie nature du projet « judiciaire » (en vérité, celui de Yariv Levin et non de Netanyahou).

    L’ignorant, ils n’ont jamais vraiment voté pour ça. Ils ne l’ont appris que deux mois après les élections par le discours de Yariv Levin, venant d’être nommé ministre de la Justice, du 4 janvier.
    Rien ne permet d’ailleurs de supposer que Bibi connaissait la teneur exact de ce discours avant de l’avoir entendu le 4 janvier.

    Le 1er novembre ils ignoraient aussi tout de Yariv Levin. Il était numéro 5 dans la liste du Likoud et, vu le système électoral israélien, personne ne s’intéresse au numéro 5; on connait le premier, parfois le deuxième et c’est tout.

    Ils votaient pour Bibi, ils ont reçu Yariv Levin, monomaniaque n’ayant que ça en tête, menant une bataille de Quichotte depuis des décennies à ce sujet, chevauchant son âne Simcha Rothman, tentant ensemble un blitz législatif vite-fait-mal-fait histoire de passer par la force une législation au nez et à la barbe de l’électeur qui n’en avait rien à faire.

    Voilà l’escroquerie: ce gouvernement n’a pas un mandat pour faire ce qu’il tente de faire ; d’où la révolte publique.

    Majorité? Minorité?

    Les sondages actuels donnent une majorité aux opposants à la réforme judiciaire.

    Que ceci semble contredire le résultat des élections du 1er novembre n’est qu’une illusion optique vu ce qui précède : les électeurs n’ont voté ni pour ni contre la « réforme judiciaire », ils l’ignoraient, ayant d’autres préoccupations.

    Le reste du contenu de cet article est hors sujet; je ne le commenterai donc pas. Et surtout la référence aux procès en cours de Netanyahou dont le Justice ne s’est pas encore exprimée; nous verrons les verdicts.

    • Nous avons compris que votre détestation de Bibi vous fait mépriser le vote de la majorité des Israéliens et surtout l’importance la réforme judiciaire.
      Alors oui, État profond, comme l’a démontré Shmuel Trigano.
      Mais nous savons bien que l’idéologie n’a cure des faits.

  3. Le commentaire de schnur très long demande à être vérifié
    Et il faudra donc du temps.
    L’essentiel de son argumentation pour justifier la tentative de coup d’état antigouvernemental toujours en cours est que personne ne se souciait d’une quelconque réforme de la cour suprême , et que Yariv Levin , était un Inconnu monomaniaque placé en cinquième position 5 eme sur la liste Likoud donc inconnu des électeurs.ceux ci auraient donc été trompé sur la marchandise , et le résultat des élections n’aurait donc aucune valeur.
    Or c’est faux :
    Yariv Levin était placé en 2 eme position DEUXIÈME sur la liste Likoud juste derrière Netanyahou.
    Voici les 5 premiers
    Netanyahou
    Yariv levin
    Elie Cohen
    Galant
    Amsallem.
    Cette grossière erreur factuelle sur laquelle repose l’argumentation de schnur entache lourdement la crédibilité de son article.mais est ce vraiment une erreur?
    Par ailleurs Considérer que les israéliens , peuple instruit ,très fortement politisé, et qui se déplace autrement plus que les français ou les américains aux élections ne connaissent que les2 premiers de la liste est tout simplement grotesque en plus que d’être méprisant.c’est lamentable.
    Yariv Levin est effectivement un juriste qui travaille sur une réforme de la cour suprême depuis plus de 10 ans , ce qui il considère être son devoir.
    Cet homme donc , le penseur principal de la réforme sur le plan technique ,a été choisi par Le Likoud et Netanyahou pour être le NUMÉRO 2 de la liste , et on nous dit que les électeurs ne le connaissaient pas , et que la réforme était un sujet totalement secondaire , dont ils n’avaient rien à faire , qui n’avait pas été évoqué pendant la campagne électorale .mais qui peut croire une pareille contre-vérité ? Voire une pareille stupidité ?
    Car le problème de la cour suprême est un problème majeur et ça ne date pas de 6 mois.
    Tous les lecteurs des sites d’information juifs ne peuvent qu’être au courant de l’activisme de la cour essentiellement quand elle intervient pour censurer la Knesset et le gouvernement dans les problèmes de la securite et de la lutte antiterroriste, de l’armée, du viol pur et simple de la loi pour écarter des candidats sionistes nationalistes aux élections et valider au contraire la candidature d’individus antisionistes enragés qui refusent de prêter serment , qui crachent sur le drapeau et pour l’un d’entre eux carrément arabe, polygame , et c’est aussi cette cour suprême qui a mis fin à la loi ,très ancienne,qui prévoyait que seuls les citoyens qui avaient accompli leur service militaire pouvaient bénéficier de certaines prestations sociales (allocations familiales), avec un résultat catastrophique sur le montant de celles ci, et on peut citer beaucoup d’autres exemples sans compter les agissements ahurissants de la « conseillère » du gouvernement.
    Et il n’y a pas qu’ a droite que le problème est soulevé :Depuis une semaine la presse ne cesse d’évoquer les déclarations récentes de Lapid à ce propos en particulier une interview au journal Haaretz et un discours devant l’ordre des avocats israéliens ou il critique lourdement la cour et la clause de raisonnabilité .
    La vidéo de Netanyahou qui date donc de 2011 montre bien que déjà à cet epoque( et bien avant en fait) le problème se posait puisque il dit lui même que des propositions de réforme existaient et qu’il s’y opposait et s’y opposerait toujours.le problème existait déjà très fortement.
    Compte tenu du résultat des élections , Likoud prédominant avec Netanyahou et Levin en position 1 et 2 il était évident , logique , totalement prévisible que Netanyahou serait premier ministre et Levin un ministre important et évidemment c’est le portefeuille de la justice qu’il a pris .personne ne peut être surpris , personne n’a été trompé.
    Et les autres en face étaient parfaitement au courant et redoutant de perdre les élections (malgré les sondages trompeurs et trompés dont nous rebattent encore les opposants et aussi dénué) avaient déjà organisé et financé tout ce mouvement car comment croire à un mouvement spontané avec une pareille synchronisation , une pareille organisation sans faille , transports gratuits , dizaines de milliers de drapeau déjà prêts ,podiums géants , discours , soutien américain au plus haut niveau etc etc .
    Évidemment que la réforme a été évoquée pendant la campagne électorale.
    Dire le contraire est au mieux une absurdité et peut être bien un pur mensonge propagandiste.
    PS:On reviendra peut être plus tard sur la vidéo de Netanyahou .

  4. @Boccara Il y a une chose que je retiens particulièrement dans votre commentaire : « soutien américain au plus haut niveau »…
    Il me semble qu’au-delà des polémiques ce point est absolument essentiel : la méthode des américains consistant à créer de toutes pièces ou amplifier des mouvements populaires pour renverser des gouvernements est bien connue et a maintes fois fait ses preuves en Amérique du Sud comme en Europe de l’est ou ailleurs.
    Vous aviez bien défini la vraie nature du parti de Joe Biden dans un ancien article, et il est plus qu’evident que son parti ne veut pas du bien à Israël.
    L’alliance d’Israël avec les USA est son talon d’Achille.

  5. Les faits sont là M. Boccara :
    Pourquoi M. Nethanyaou n’a-t-il pas mis en œuvre plus tôt cette réforme à l’occasion de toutes ces années au pouvoir.
    Parce qu’il connaissait le caractère anti-démocratique de cette réforme.
    Pourquoi le fait-il maintenant :
    Parce que son gouvernement d’extrême droite le lui impose pour maintenir la coalition.
    Hé oui, ne vous en déplaise les électeurs ont voté pour la sécurité, incarnée pour eux par Nethanyao et consort (Ben Gvir) et la croyance qu’il va améliorer leur niveau de vie.
    Mais aussi, par la frange très religieuse, qui a donné cette majorité, car inquiète par les quelques lois très laïques votées par l’ancien gouvernement.
    Et pourquoi la démocratie est en danger :
    Car aucune instance ne pourra contrebalancer le pouvoir exécutif qui aura alors les mains libres pour faire passer toutes les lois qu’il souhaite même celles qui mènent à la dictature.
    C’est ainsi qu’on éclôt, ces dernières années – ils se sont donnés la recette,
    tous ces gouvernements dictatoriaux, dont Poutine est le plus bel exemple.

    Enfin, contrairement à tout ce qui est raconté ici ou là, la Cour Suprême ne prend pas de décisions comme bon lui semble en fonction d’intérêts électoraux :
    Comme toute instance juridique de haut niveau, elle a un PASSÉ, très long. Et donc une jurisprudence qui lui sert de référence.
    Et c’est cette jurisprudence qui lui sert de base pour ses décisions.
    Et ses juges, personnes très compétentes , très qualifiées, responsables, avec une longue expérience du droit et de la justice, prennent des décisions mûrement pesées et réfléchies.

    Donc oui, pour toutes ces raisons, le gouvernement actuel met en danger la démocratie et ne l’améliore pas.

    • Et bien vous avez raison! La Cour Suprême réunit des talents et des génies ! Qu’est il besoin d’un gouvernement élu par des gueux , religieux, séfarades , admirateurs de Netanyahu, «  juifs primitifs «  il suffit de confier le destin du pays juif aux mains de ces sages, élevés dans les kibboutz, lecteurs de Haaretz , créateurs de start up , …Begin et Netanyahu ont peut être créés la prospérité mais ils n’étaient pas de la branche sacrée : LA GAUCHE ! Les élections c’est pour les naïfs : seule la gauche a le droit de gouverner !
      J’exagère ? pas bcp trop !

  6. Le problème de la gouvernance et du judiciaire en Israël est, d’abord et surtout, l’absence d’une Constitution pour définir l’essentiel et le secondaire.
    D’où découlent aussi l’absence d’une « chambre haute » et d’autres institutions. (Peu importe dans l’immédiat les raisons de ces absences).

    Sachant qu’une Constitution ne peut que difficilement être modifiée vu que ceci nécessite une majorité « qualifiée » (en principe, de deux tiers ; ce qui se traduirait en Israël aujourd’hui par 80 parlementaires).

    Et pour cause. Sachant que la dernière élection (de novembre) était la cinquième en quatre ans, et que personne ne se rappelle à quand remonte la dernière Knesset ayant siégé les quatre ans règlementaires (apparemment à au moins 30 ans), nous avons affaire à un système instable et changeant.

    Imaginons que la « réforme judiciaire » passe et ce qui doit arriver arrive : une nouvelle élection (comme d’hab…) dans l’année à venir (et même dans trois ans, cela ne change rien sur le principe), portant au pouvoir l’opposition actuelle.
    Que ferait cette opposition devenue gouvernement ? Elle jetterait illico la « réforme » par-dessus bord et rétablirait la Cour Suprême (et les conseillers juridiques au gouvernement) dans leurs prérogatives actuelles…

    Et ainsi de suite, puisque, tradition israélienne oblige, un nouveau gouvernement pourrait bien advenir (pourquoi pas dans l’année ?…), remettant la « réforme » en place et privant à nouveau la Cour Suprême de son mot à dire en matière législative etc…

    Cela s’appelle jouer au yo-yo avec le primordial, le vital et l’essentiel ; combien cela pourrait durer avant que les fondements s’effritent et que tout s’effondre ?

    C’est pourquoi, s’agissant des définitions fondatrices de l’Etat dont la Constitution est garante, une majorité qualifiée (deux tiers comme ailleurs) est VITALE. On ne devrait pas jouer à ça avec une majorité de 61 (ni de 64 d’ailleurs).
    DEUX TIERS au parlement pour modifier l’essentiel. DEUX TIERS à la Cour Suprême pour invalider une loi. Voilà le principe.
    ET NON une majorité « simple » (ni 61 ni 64) pour modifier l’essentiel. JAMAIS.

    Or, c’est cela la faute de la coalition actuelle.
    FAUTE et non erreur, puisqu’ils connaissaient bien le principe de la majorité qualifiée, et c’est sciemment qu’ils choisirent d’en passer outre.

    Avec une majorité de deux tiers on n’aurait même pas entendu parler de révolte.

    • une majorité des 2/3 est impossible à réunir et ce dans tous les pays et sur n’importe quel sujet ! En Israël mettre d’accord 80 députés sur 120 est inenvisageable ! On ne pourra jamais rien réformer ou modifier . Il serait plus raisonnable d’envisager des majorités différentes selon les sujets : de 66 à 72 voix pour les réformes selon leur importance ! Mais comment comptabiliser la Liste arabe ou le Raam ?

      • « Une majorité des 2/3 est impossible à réunir », dites-vous.

        Difficile mais pas impossible. Exemple entre autres, en France la Constitution gaullienne de 1958 a bien été modifiée plusieurs fois depuis malgré la nécessité (sauf erreur, je ne suis pas expert) de réunir les deux chambres en congrès solennel et voter à 2/3.

        Difficile ? Certes, et alors ? Une Constitution n’est pas faite pour être facilement modifiable. C’est un garde-fou qui doit, par définition, être assez haut ; la majorité qualifiée, c’est fait pour que ça ne soit pas (trop) facile.

        D’ailleurs, même vos chiffres (« 66 à 72 voix ») auraient rendus la « réforme » actuelle impossible. Rappelons qu’ailleurs (toujours en France qui n’est pas un trop mauvais exemple) une loi votée par le Parlement mais non-conforme à la Constitution est automatiquement invalidée. Il existe la Chambre Haute et le Conseil Constitutionnel pour y veiller.

        Le pouvoir et l’indépendance du judiciaire (surtout Cour Suprême et Conseillers juridiques au gouvernement) en Israël sont là pour pallier à l’absence d’une Constitution et d’autres institution citées ci-dessus ainsi que la limitation de la durée du mandat d’un Premier Ministre.

        Il est impensable de toucher au pouvoir et à l’indépendance du judiciaire sans instaurer, au moins, une Constitution.
        Levin et Netanyahou le savent mais ne le disent pas ; d’où le mensonge dit « réforme judiciaire ».
        D’où la révolte.

        • Non il faut que l’Assemblée Nationale et le Sénat se réunissent et votent la réforme en termes identiques ! Pas de majorité des 2/3 inatteignable …sauf en Russie, Chine ou Iran

          • Pas si simple.
            Comme vous j’ai vu ceci : https://www.conseil-constitutionnel.fr/la-constitution/peut-on-modifier-la-constitution.

            Il faut un vote des DEUX chambres, certes en majorité simple MAIS dans le même sens. Donc en pratique chaque chambre a un droit de veto et elles ont souvent des majorités inversées….

            Par ailleurs ce texte fait un distinguo entre « projet » et « proposition » de révision constitutionnel, respectivement si c’est d’initiative présidentielle ou parlementaire.
            Pour les projets de révision (d’initiative présidentielle donc), le Président de la République peut décider soit de les présenter au référendum, soit de les soumettre au Parlement convoqué en Congrès (les deux chambres donc).
            Dans ce dernier cas, le projet de révision n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés.
            Pour les propositions de révision (d’initiative parlementaire donc), le Président de la République doit nécessairement les présenter au référendum.

            Naturellement, jamais vu de referendum en Israël, les trois cinquième c’est 72 parlementaires, il n’existe qu’une chambre et pas de Constitution (ni Conseil Constitutionnel)…

            Bref, effectivement il n’est pas question de 2/3 mais c’est aussi pointilleux : la méthode française de modification Constitutionnelle fait tout pour que ce ne soit pas facile.

            D’où ma conclusion : la prétendue « réforme judiciaire » qui modifie des choses essentielles moyennant une majorité simple (61 parlementaires) se moque du monde.
            D’où, encore et toujours, la révolte.

            Merci de m’avoir obligé à regarder de près…

          • Non ! Les 2 chambres sont réunies en une seule ( Assemblée nationale et Sénat ensemble à Versailles ) et députés et sénateurs votent ensemble ! Sinon pourquoi les réunir ?
            Cessez d’ergoter comme d’habitude !

  7. Si il y a une chose qui est absolument certaine c’est que au cas où la réforme encadrant les pouvoirs de la cour suprême passe et se maintient , elle ne sera en aucune façon supprimée par un gouvernement de gauche nouvellement élu.
    Pourquoi ?
    1/les 2 principales personnalités de l’opposition actuelle se sont à plusieurs reprises prononcées contre les pouvoirs exhorbitants de la CS en particulier Lapid (au moins à 3 reprises)mais aussi Gantz.
    2/aucun gouvernement démocratique nouvellement élu de gauche ou de droite ne décidera de prendre l’initiative de diminuer ses capacités légales parfaitement démocratiques et déjà existantes de gouverner .ça ne s’est jamais vu nulle part.
    3/l’exemple le plus typique est Mitterrand.
    Le plus féroce ennemi De de Gaulle et de la constitution de la 5 eme république à propos duquel il a écrit un livre mythique «  le coup d’état permanent « s’en est fichtrement bien accommodé et en a utilisé toutes les moyens permis par elle pour gouverner dont l’article 49-3 dont Michel Rocard premier ministre de Mitterrand a été le plus gros utilisateur de toute la 5 eme république et son pouvoir de nomination au conseil constitutionnel en particulier à la présidence de celui-ci avec 2 individus totalement dévoués à sa cause Badinter et Dumas.
    Il faut aussi corriger une affirmation schnur sur le Sénat français.
    Celui ci n’a strictement aucun pouvoir de censurer une loi votée par l’assemblée nationale après passage au sénat y.il n’a qu’un rôle consultatif. L’assemblée nationale aura toujours le dernier mot.

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