Les chiffres
54%. Ce chiffre représente les Français musulmans peu ou pas intégrés à la société française, en septembre 2016.
Ce chiffre n’est pas une rumeur ou une approximation. Il provient d’une étude menée sérieusement par l’Institut Montaigne en 2016, sous la direction d’Hakim El Karoui, haut fonctionnaire français de confession musulmane[1].
M. El-Karoui peut difficilement être soupçonné de mener une étude à charge sur les musulmans de France, lui-même étant musulman et ayant pour projet de bâtir un Islam de France.
L’étude de l’Institut Montaigne identifie trois groupes :
- La « majorité silencieuse », représentant 46% des musulmans français, bien intégrés à la société française et ne faisant pas rentrer en conflit leur religion avec le mode de vie français.
- Les « conservateurs », représentant 26%. Ils ne sont pas en guerre ouverte avec la France mais étant très pieux, ils tiennent à respecter la Charia à la lettre, sont en faveur de l’expression religieuse au travail et adoptent la norme alimentaire halal. Ils sont en revanche opposés au port du niqab et acceptent la laïcité.
- Les « autoritaires » qui constituent 28% de l’effectif. Ce groupe est clairement en révolte contre la société française. Il estime ne pas avoir à en respecter le mode de vie ni les lois, ne se considère pas comme français même en étant détenteur de la nationalité, estime que les règles de l’Islam doivent s’étendre et dominer, y compris sur les règles de la République.
Les deux derniers groupes additionnés constituent le total de 54%. Les estimations de la population musulmane en France aboutissent à un effectif total de 6 millions de personnes. Plus de 3 millions d’entre eux ont donc un rapport problématique, voire carrément conflictuel, avec la France. Le dernier groupe des radicaux représente près d’1,8 millions de personnes.
L’optimisme d’Hakim El Karoui
M. EL Karoui fait preuve d’un inoxydable optimisme : ces chiffres confirment selon lui que construire un Islam de France est à portée de main. Il faut lui reconnaître l’honnêteté de ne pas avoir cherché à les maquiller, car nombre d’observateurs, parmi lesquels je me range, arrivent bien entendu à la conclusion inverse :
- La « majorité silencieuse » est mal nommée, puisqu’avec 46% de la population des musulmans français, elle ne représente justement pas une majorité.
- Beaucoup plus grave, le rapport de l’Institut Montaigne publie les mêmes statistiques par classe d’âge. Sur la classe de la population jeune (18 – 30 ans), la proportion des « radicaux » monte à 55% ! Et ceci était la situation en 2016. Une étude similaire plus récente, de 2022, montre que ce groupe atteint les 65% actuellement. Non seulement les chiffres globaux du conflit entre Islam et mode de vie français ne sont pas bons, mais leur dynamique d’évolution dans le temps est catastrophique. Le dernier groupe des radicaux, sans nécessairement passer à l’action violente, représente ceux qui sont sympathisants de celle-ci, ceux qui chantent et poussent des cris de joie à chaque attentat, admirent Mohammed Merah, expriment leur haine de la France et des « blancs » (en toute ignorance d’ailleurs de leur origine ethnique), profanent éventuellement le drapeau français. Si l’occasion se présente, sans aller jusqu’au passage à l’acte violent, ils se montreront volontiers complices de celui-ci. Représentant maintenant près de 2 millions de personnes sur le territoire français et la grande majorité des jeunes, cette réalité humaine est objectivement terrifiante.
- La mauvaise dynamique temporelle confirme ce que toute personne ayant connu les trois principales vagues d’immigration musulmane en France aura pu constater. Il y a 50 ans, les problèmes d’intégration restaient anecdotiques. Dans le sanctuaire de l’école, les origines ethniques ou religieuses étaient des non-sujets : la camaraderie entre élèves en faisait complètement abstraction. Il y a 20 ou 30 ans, les premiers problèmes sérieux d’intégration apparurent. De nos jours, une grande partie de la jeune génération arabo-musulmane, même lorsqu’elle est de nationalité française, rejette en grande majorité la France, déclare appartenir en réalité à son pays d’origine historique, même lorsqu’ils n’en ont plus la nationalité. Ils entretiennent des communautés locales dont la culture est fondée sur les rapports de force, l’intimidation, la détestation de tout ce qui n’est pas eux et de tout ce qui est occidental en particulier, éventuellement la compromission dans des activités criminelles.
Quelles causes ?
Toutes les sensibilités politiques se déchirent quant aux causes des faits précédents. Pour la gauche communautariste, les musulmans de France parviennent de moins en moins à s’intégrer du fait de discriminations voire de racisme de la part de la société française, renforcés par un déclassement économique vers la pauvreté.
Pour nombre de souverainistes, il s’agit avant tout d’une guerre de civilisation. L’Islam – et pas seulement l’islamisme – est non seulement une religion mais également un projet politique de domination de tout ce qui n’est pas lui. L’Islam n’aurait de cesse de conquérir tant qu’il n’aura pas vaincu tous les non musulmans, avec pour seul choix la conversion ou l’extermination. Ce projet de domination totale serait irrémédiable, car inscrit directement dans le Coran, donc intrinsèque à l’Islam lui-même. Toujours selon cette interprétation, les musulmans modérés ne peuvent exister : l’armature que représente l’Islam les enrégimente tôt ou tard dans cette conquête absolutiste, la modération n’étant qu’une ruse de guerre (Taqiya).
Bien qu’étant moi-même souverainiste, je ne me retrouve nullement dans l’analyse précédente. Avant d’aborder les véritables causes, il nous faut réfuter les deux précédentes. Il est important de les mentionner car bien que fausses, tous les musulmans de bonne volonté doivent comprendre jusqu’à quel niveau de radicalisation de part et d’autre nous en sommes arrivés.
Le récit enchanté et mensonger de la gauche communautariste, ou comment le faux humanisme instrumente la mise en scène de soi
Les raisons avancées par la gauche communautariste ne tiennent pas un instant à l’épreuve des faits. Le déclassement social et la pression de la pauvreté s’observent bien en moyenne, mais nombre d’autres populations en France ont connu ces conditions difficiles sans que cela n’empêche leur intégration.
Les premières vagues d’immigration italienne ou polonaise étaient souvent en grande précarité économique. Cela n’a nullement empêché leur pleine intégration à la société française. Est-ce parce qu’il s’agissait de « frères européens », auquel cas ce n’est plus l’argument économique mais celui de la discrimination ethnique qui prévaudrait ?
Les Vietnamiens fraîchement débarqués en France n’ont pourtant nullement connu cet affrontement à l’encontre de la société française. Et quant à la dureté des expériences passées ainsi que vis-à-vis de l’histoire coloniale, les Vietnamiens passés par la voie atroce des boat people, pour gagner le pays de l’ancien colonisateur indochinois, n’en ont nullement tiré une haine pour la société française.
Il existe encore probablement quelques discriminations au sein de la société française à l’encontre de la population arabo-musulmane. Mais sont-elles françaises de prime abord ou viennent-elles en réaction à la non-intégration radicale d’une part croissante de cette population ? Aucune autre population en France n’a cherché à imposer dans certains quartiers un ordre social fondé sur l’infériorité des femmes, sur la loi du plus fort et sur l’intimidation, également il faut le dire sur un racisme anti-occidental bien présent. Et ce jusqu’à ce que cet ordre social et tribal devienne localement plus puissant que toutes les lois de la société française, au point que même les forces de l’ordre ne puissent plus se rendre dans ses territoires.
Quant au racisme supposé de la société française, il ne résiste pas une seconde aux nombreux contre-exemples de Français d’origine arabo-musulmane ayant gagné le sommet de l’échelle sociale, lorsque ceux-ci ont pleinement intégré la culture française et ont bénéficié de son système scolaire méritocratique, à l’époque où celui-ci était en état de marche. Si une méfiance ethnique perdure, elle est due en grande partie au rejet de la France par une population qui se plaint ensuite elle-même d’être rejetée. La France demeure une société extrêmement intégratrice, fondée sur une méritocratie du savoir, tolérante aux autres parfois jusqu’à l’excès et ne demandant qu’à accueillir ceux qui font preuve de signes – même faibles – de bonne volonté.
Les jérémiades et la victimisation entretenue par la gauche communautariste sont le cadeau le plus empoisonné et le plus pervers qui puisse être donné aux Français d’origine arabo-musulmane. Il ne s’agit nullement d’une marque de respect mais au contraire de mépris : celui du faux humanisme qui consiste à placer la population que l’on « défend » en position de constante infériorité, afin de mieux l’employer comme faire-valoir de sa propre personne. Cette rhétorique aboutit à faire des Français d’origine arabo-musulmane des « immigrés à vie », selon l’excellente expression de Fatiha Boudjahlat. Je suis toujours d’autant plus décontracté à développer ces thèses, que ceux qui les défendent mieux que moi ont pour nom Kamel Daoud, Boualem Sansal, Driss Ghali, Fatiha Boudjahlat, … pour ne citer qu’eux parmi un très grand nombre. Même un membre du « Printemps Républicain » tel qu’Amine El-Khatmi renvoie la gauche dans ses buts de plus en plus souvent, voyant clair dans ce clientélisme malsain qui inverse les responsabilités de la non-intégration. La rhétorique gauchiste du « racisme » des Français ne prend plus. Les meilleurs intellectuels d’origine arabo-musulmane ne savent que trop que la complaisance est la marque des fausses amitiés et des vrais hypocrites. Toute personne digne de ce nom rejette la pitié sucrée et sait que la véritable bienveillance commence par la sincérité. La France est le pays de Molière, de La Rochefoucauld et de La Fontaine : les fausses piétés cachent toujours les mises en scène hypocrites de soi-même.
Les « experts » en théologie musulmane dans le camp occidental ou comment tomber dans le piège dans lequel les Frères Musulmans veulent nous entraîner
L’autre grand courant « d’explication » des problèmes d’intégration provient d’un bord politique que je vais contredire d’autant plus volontiers qu’il s’agit du mien. Beaucoup de souverainistes, y compris des amis proches, estiment que le problème est irrémédiable. Pour la simple raison que le problème réside dans l’Islam lui-même, intrinsèquement et essentiellement.
Quels que soient les efforts entrepris, toute conciliation éclatera sous la forme la plus extrême de totalitarisme : l’Islam, qui ne déviera jamais de son cap de domination absolue de l’humanité. Toute conciliation apparente doit être comprise comme une ruse, une trêve destinée à reprendre d’autant mieux la destruction totale des infidèles un peu plus tard. Si quelques musulmans échappent à cette injonction, ils ne résisteront pas longtemps à une terrible pression communautaire qui fera jouer une solidarité absolue entre « frères musulmans ».
Si je ne souscris pas à cette vision, il est indispensable de la connaître et de ne pas sous-estimer son importance, notamment afin d’avertir les musulmans de bonne volonté.
Cette analyse est souvent appuyée par moultes citations extraites du Coran, les sourates considérées comme les plus agressives, affirmant la supériorité des musulmans et l’infériorité de tout autre groupe humain, voire une violence, un asservissement et même le meurtre considéré comme légitime envers les infidèles. Par exemple (S98, V6), (S9, V30), (S33, V64-65), (S7, V176), (S61, V4), (S60, V4), (S9, V5), (S9, V14), (S9, V29).
Cette vision fut accréditée et renforcée par les agissements de Daesh, justifiant massacres de masse, viols, réduction en esclavage sexuel comme découlant naturellement de préceptes coraniques.
Bien avant Daesh, le massacre d’Hébron en 1929 démontre que l’existence de cette tendance de l’Islam ne peut être niée [2]. L’épisode d’Hébron fut d’autant plus terrible que nombreux parmi les Juifs massacrés virent des voisins musulmans avec qui ils entretenaient des relations de grande amitié prendre une part active à la tuerie. Ceci confirme que la pression sociale peut être inimaginable au sein de l’Islam, que l’injonction collective peut briser toute individualité, toute conscience personnelle.
Le récit du massacre d’Hébron par Albert Londres peut et doit être lu et relu :
Peu après que la nouvelle des premières victimes s’est répandue, quarante personnes s’assemblent dans la maison d’Eliezer Dan Slonim. Slonim, le fils du rabbin d’Hébron, est un membre du conseil municipal et le directeur de l’agence de l’Anglo-Palestine Company. Il a d’excellentes relations avec les Britanniques et les Arabes et ceux qui ont cherché refuge chez lui croient en confiance qu’il ne leur sera pas fait de mal.
Quand la foule approche de sa porte, ils offrent d’épargner la communauté séfarade si les étudiants ashkénazes de la yechiva leur sont remis. Slonim refuse, disant « nous sommes tous un même peuple » ; il est alors tué, ainsi que sa femme et son fils âgé de quatre ans. Au total, 24 personnes sont tuées et 13 blessées dans sa maison.
Albert Londres décrit ainsi cette tuerie : « Ils coupèrent les mains, ils coupèrent les doigts, ils maintinrent des têtes au-dessus d’un réchaud, ils pratiquèrent l’énucléation des yeux. Un rabbin, immobile, recommandait à Dieu ses Juifs : on le scalpa. On emporta la cervelle. Sur les genoux de Mme Sokolov, on assit tour à tour six étudiants de la Yeshiva et, elle vivante, on les égorgea. On mutila les hommes. Les filles de treize ans, les mères et les grands-mères, on les bouscula dans le sang et on les viola en chœur ».
Quatre cinquièmes des victimes sont des Juifs ashkénazes, bien que certains d’entre eux aient eu un enracinement profond dans la ville. Toutefois, une douzaine de Juifs d’origine orientale, séfarade ou maghrébine, sont également tués.
Gershon Ben-Zion, par exemple, le pharmacien de la clinique de Beit Hadassah, un handicapé qui s’était occupé aussi bien de Juifs que d’Arabes pendant quarante ans, est tué avec sa famille ; sa fille est violée et assassinée et les mains de sa femme sont coupées.
Je demanderais à deux populations que je considère comme amies de m’épargner deux types de réactions outragées.
La première est celle des musulmans de bonne volonté, qui me répondront « ce n’est pas le vrai Islam ». Non, ceci est aussi l’Islam. Il vient toujours dans la vie d’un homme, le moment d’une épreuve de courage où il doit affronter une certaine vérité en face, sans détourner le regard ni cligner des yeux. Tout Allemand aura un jour à affronter la réalité du nazisme, tout communiste le bilan humain désastreux de son idéologie, tout Américain la quasi-extermination des peuples Amérindiens et plus récemment les massacres perpétrés directement au Vietnam ou pire indirectement – donc plus hypocrites – au Moyen-Orient. Et tout Français « républicain » se voulant porteur du progrès révolutionnaire devra admettre sans fard et sans fausses excuses les colonnes infernales de Turreau en Vendée, dont la description n’a rien à envier aux exactions de Daesh ou du massacre d’Hébron. La terreur révolutionnaire arrivée à son apogée avec les colonnes infernales est aussi 1789, sans la fausse excuse de ne pas être le « vrai » 1789. J’attends la même sincérité et le même courage de tout ami musulman.
La seconde est celle de mon propre camp, de nombre d’amis souverainistes parfois très proches. Ceux-ci verront dans la description qui précède une confirmation de leur thèse : l’Islam est intrinsèquement et fondamentalement violent, totalitaire. Toute tentative de conciliation est vaine : elle sera perçue comme un signe de faiblesse et ne sera qu’une temporisation avant de nouveaux assauts. Tout musulman sera perçu comme le soldat d’une armée totalement soudée qui ne s’arrêtera que par la mort ou par la victoire, c’est-à-dire l’anéantissement, la conversion forcée ou la mise en esclavage des infidèles.
L’aspect pénible de la thèse ci-dessus est qu’elle est souvent appuyée par des arguments d’autorité, de personnes affirmant « parfaitement connaître l’Islam », avoir mené de longues études poussées sur celui-ci. Les réseaux sociaux nous ont donné l’habitude de ces floraisons « d’experts ». Nous avons vu en quelques années se multiplier les grands sachants improvisés de l’épidémiologie, de la climatologie, de la géopolitique et dans mon domaine – ce qui me fait d’autant plus sourire – de l’IA. L’Islam n’a pas fait exception, et a vu un défilé de doctes personnes se pressant, soit pour affirmer la malveillance absolue et intrinsèque de l’Islam, soit pour le dédouaner de toute responsabilité quant à ses dérives actuelles.
Je ne prétends pas moi-même avoir une quelconque expertise sur l’Islam et ce pour une raison extrêmement simple : avoir des prétentions dans ce domaine nécessite de parfaitement maîtriser la langue arabe, que je ne parle pas. Ce simple critère évacue 99% des « experts » auto-proclamés. Je me souviens toujours, vis-à-vis de cette question, de longues et passionnantes discussions que j’ai entretenues avec un brillant intellectuel Tunisien musulman. Celui-ci ne niait nullement le potentiel de dangerosité de l’Islam et le risque important de le voir verser dans une interprétation totalitaire, bien qu’étant un musulman pieux et convaincu. Nous en parlions tout à fait librement. Mais il m’indiquait qu’il fallait avant tout savoir que le Coran était rédigé dans une langue poétique, très évocatrice mais assez peu précise. Il était pour lui ironique que le Coran soit devenu le livre autorisant le moins l’interprétation (ta’wîl), alors qu’il serait celui s’y prêterait le plus.
La question de l’interprétation est une première réponse à mes amis souverainistes qui condamnent éternellement l’Islam aux ténèbres. Mais le point le plus important n’est pas celui-ci. Je tiens à une conviction qui ne me fera pas que des amis et ce de toutes les religions, à commencer par la mienne, la religion chrétienne. Et cette conviction la voici :
La vérité d’une religion ne réside pas dans ses textes, dans une interprétation fondamentale du sens de ses textes fondateurs. La vérité d’une religion réside dans les émotions, les espoirs, les sentiments et les actions qu’elle inspire aux hommes qui la suivent.
Dit dans des termes plus philosophiques, la vérité d’une religion est phénoménologique. Le principe de la phénoménologie est simple : nous savons que les couleurs, le jaune, le rouge, le bleu, ne sont que des variations de fréquence de l’onde électromagnétique. Un physicien nous dira ainsi que les couleurs ne sont qu’une illusion, que la vérité sous-jacente et fondamentale est celle de la fréquence qui la sous-tend. Cependant, la sensation du jaune, du rouge ou du bleu, ce que cela évoque en chaque homme en fonction de son contexte personnel et des connotations qui s’y rattachent, est aussi une vérité en tant que telle, sans besoin d’un « niveau sous-jacent ». Tout comme la sensation du beau, éprouvée à la vue d’un paysage ou d’une peinture, à l’audition d’une musique. Un neurobiologiste pourra décortiquer cette sensation et la ramener entièrement à des excitations d’aires cérébrales. Il ne pourra pas faire que cette sensation du beau n’existe pas en tant que telle, comme phénomène indépendant.
Ceci fera sans doute hurler nombre de religieux, y compris parmi mes amis. Toutes les religions ont connu des courants se targuant de « revenir aux fondamentaux », de « retrouver le sens originel du texte », avec force arguments d’autorité faisant penser aux « experts » des réseaux sociaux : la gravité solennelle et pontifiante de ce type d’argument est proportionnelle à son ridicule. Bien entendu, la foi implique la reconnaissance du caractère sacré de certains textes : Torah, Evangiles, Coran. Mais toutes les religions stipulent que si ce « sens fondamental » existe, il n’appartient qu’à Dieu. C’est aussi ce qu’affirme l’Islam (S3, V7).
Ces débats sur le « sens fondamental » qui prennent souvent une tournure acharnée se rencontrent dans un domaine connexe à celui des religions, dont je peux prétendre avoir une certaine connaissance : celui des arts martiaux. Toutes les écoles d’arts martiaux sont en recherche du « véritable enseignement du Maître ». Chaque style de karaté, de judo, de kung-fu, d’aïkido se subdivise en de multiples courants qui se vouent assez souvent de féroces rivalités, chacun prétendant détenir « l’enseignement authentique ».
Dans ce domaine, prétendre être fidèle est souvent trahir, tandis que trahir est parfois redevenir fidèle : tout est question de savoir s’il faut perpétuer l’enseignement du maître originel à la lettre, ou s’il faut le faire évoluer afin de perpétuer et faire fructifier son héritage, et d’être ainsi fidèle à son esprit. Dans ce dernier cas, cela peut passer par des pratiques contraires à ce qui était spécifié du vivant du maître. La question est de savoir si lui-même n’aurait pas également pris cet itinéraire s’il avait continué à vivre, auquel cas ce qui apparaît comme une trahison peut devenir fidélité.
Rechercher la « source originelle » se révèle être une illusion, dans laquelle nous rencontrerons bien plus la boursouflure de notre ego que la vérité fondamentale. Dans le domaine de la psychologie, ceci se traduit par la méfiance des régressions à l’infini de la psychanalyse, où l’on se perd dans les méandres de la complaisance vis-à-vis de soi en pensant atteindre la vérité du moi.
L’on trouvera la vérité d’une religion dans les multiples formes sous laquelle elle a été exprimée par ses fidèles. Je prie donc mes contradicteurs de s’abstenir de déverser des tombereaux de sourates et versets du Coran prouvant de façon « indubitable », soit que l’Islam est intrinsèquement violent et maudit, soit qu’il ne recèle en rien un potentiel dangereux. Ces « arguments » ne m’indigneront pas mais me laisseront parfaitement indifférent. Ils ne sont pas un point de débat mais une perte de temps stérile se donnant les dehors de la réflexion. Ils empêchent de passer au véritable débat : ce que l’Islam est parvenu à susciter dans l’esprit et les actes de ses fidèles, qui en est le seul révélateur et la seule vérité accessible à l’homme. Quant au « sens fondamental », de la Torah, des Evangiles ou du Coran, je le laisse à Dieu.
Nier le potentiel de violence de l’Islam, c’est être dans le déni. Être certain qu’il n’est que cela, c’est ignorer ou mépriser la réalité historique. Ibn Rushd (Averroès), Ibn Sina (Avicenne), Al Fârâbî, Al Khwârizmî ont bel et bien existé. Ce que l’Islam leur a inspiré est également une réalité.
Mes contradicteurs souverainistes m’objecteront que les lumières mathématiques, scientifiques et philosophiques du monde islamique ne doivent rien à l’Islam. Que l’âge d’or d’Al-Andalus n’est qu’une fable et que tout ce qui est advenu de lumineux dans le monde islamique n’est point dû à l’Islam mais au pillage que celui-ci a effectué des populations et cultures qui existaient avant eux. Il est souvent cité à cet égard la culture Amazigh en Algérie, dont la richesse aurait été anéantie et récupérée lors de l’islamisation. J’ai souvent entendu ce type d’argument sur le « mythe d’Al-Andalus ». La détestation de l’Islam par ce courant souverainiste a atteint un niveau tel que rien de positif ne saurait lui être concédé.
Dans le même ordre d’idée, il est historiquement prouvé que le moyen-âge occidental du VIIème au Xème siècle ne possédait plus que le tiers du corpus platonicien et aristotélicien. Toujours selon le courant de mes amis souverainistes, les deux tiers restants ne peuvent en aucun cas – même partiellement – avoir été restitués par les Arabes et par le monde islamique. L’héritage de Platon et d’Aristote, le noyau fondamental de la civilisation européenne, ne peut selon eux avoir été « souillé » par un legs islamique.
Ce point de vue a culminé dans les travaux de l’historien Sylvain Gouguenheim, notamment à travers son ouvrage destiné au grand public « Aristote au mont Saint-Michel ». La thèse de Gouguenheim est que cet héritage philosophique quasi-sacré, les textes de Platon et d’Aristote, fut préservé puis retransmis uniquement par les chrétiens d’Orient, par l’héritage intellectuel et spirituel de Constantinople. Le si précieux corpus serait donc resté dans le circuit fermé de la chrétienté et dans lui seul. Cette thèse n’était pas dénuée d’intentions idéologiques, servant la présentation de l’Islam effectuée plus haut.
Or il est impossible à toute personne véritablement férue d’histoire et de philosophie médiévale, d’ignorer les travaux cette fois d’un véritable expert : Alain de Libera. Je pense pouvoir en parler d’autant plus sans biais particulier que je ne souscris nullement aux positions philosophiques habituelles d’Alain de Libera, teintées de relativisme. Mais sa reconstitution historique des héritages philosophiques au sein des mondes chrétiens, juifs et musulmans au moyen-âge mérite le plus grand respect. Il faut signaler qu’outre son excellente connaissance du Grec ancien, du Latin, de l’Hébreu et de l’Arabe, de Libera possède des connaissances poussées en langue Copte, Syriaque, ou Araméen. Affronter la réalité historique extrêmement complexe de l’héritage grec en occident et en orient requiert cette maîtrise linguistique.
Vouloir préserver le corpus platonicien et aristotélicien de toute influence Arabe est aussi illusoire que de vouloir le faire descendre d’un héritage islamique, envers un occident qui l’aurait complètement perdu. Les positions idéologiques, anti ou pro islamiques ne sont pas de mise face à l’histoire réelle.
La préservation et restitution des textes est issue d’un chaos ayant impliqué tous les protagonistes du proche et moyen orient au moyen-âge, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens. Je n’aurai pas la prétention de rendre compte de l’œuvre de De Libera en quelques paragraphes. J’invite le lecteur à se plonger dans ses livres et dans l’immense épopée historique et philosophique qu’a constitué le Translatio Studiorum.
Loin des carricatures idéologiques, l’on comprend que personne ne peut revendiquer l’intégralité de la préservation et de la transmission du savoir antique. Des personnalités telles que Jean Damascène (Mansour ibn Sarjoun) illustrent bien la complexité de ces échanges. Chrétien d’Orient pleinement intégré à la cour des Califes Umayyades, il est l’incarnation de ces passerelles hybrides où le Syriaque joua longtemps le rôle de langue pivot entre le Grec et l’Arabe.
Il ne peut être contesté que les califes Umayyades mirent en place de véritables usines à traduction afin de bénéficier du savoir aristotélicien. De Libera n’idéalise d’ailleurs en rien cette course à la détention des textes : elle répond à des enjeux de pouvoir, les Califes Umayyades ayant parfaitement compris que le savoir était le pouvoir. Également, ces passerelles ne résultaient pas d’échanges culturels pacifiés, mais avaient fréquemment lieu après des affrontements militaires forçant les rencontres entre des intellectuels qui autrement ne se seraient pas parlé.
Un Al-Andalus idéalisé tout comme une tradition Arabe de l’Aristotélisme niée et réduite à néant sont toutes deux des fables idéologiques. L’histoire des hommes est géopolitique, donc impure, heureusement impure. Car elle nous enseigne que nombre d’hommes de cette époque ont eu un appétit réel pour les lumières. L’importante contribution de l’héritage islamique à la pensée d’Aristote est un fait réel. Bien après le bouillonnement Umayyade dont on peut encore prétendre qu’il était surtout de la traduction, le Grand commentaire de la Métaphysique d’Aristote (Tafsīr mā baʽd aṭ-ṭabiʽat) par Ibn-Rushd (Averroès) existe et seul un ignorant peut nier qu’il est l’un des plus brillants développements philosophiques de l’œuvre du Stagirite.
Le contre-argument selon lequel les penseurs de culture islamique de cette époque furent persécutés par le pouvoir politique – montrant qu’ils n’étaient que de brillantes exceptions d’un monde Islamique essentiellement réfractaire aux lumières – ne tient pas. En occident, Abélard, Maître Eckhart ou dans des périodes bien plus récentes Spinoza ou Descartes obligé « d’avancer masqué » ne furent pas plus ménagés par le pouvoir politique chrétien.
In fine, et de quelque façon que l’on tourne le récit historique, l’Islam a pu engendrer des pensées et des sentiments de haute volée. Ce détour philosophique nous permet de conclure que les problèmes d’intégration actuels des Français musulmans, particulièrement de la jeune génération, ne sont en rien dus à une noirceur « intrinsèque » à l’Islam et ceci sans aucunement nier le potentiel explosif de violence de certaines interprétations de celui-ci.
C’est une grande erreur que de rentrer sur le terrain théologique comme cause première de la non-intégration, car c’est exactement là où les islamistes veulent nous entraîner. Il y a bien un enjeu de civilisation dans le conflit qui oppose la France à une grande partie de sa population musulmane, mais c’est faire complètement fausse route que de lui donner des racines théologiques. Placer le conflit sur le terrain de la doctrine ne laisse aucune chance d’en sortir. Cela créera tout autant la guerre des civilisations, au lieu de simplement mettre en garde contre celle-ci.
Alors quelle cause véritable ?
Nous venons d’écarter les deux fausses explications, celle de la victimisation intéressée de la gauche française qui voit dans une infinie complaisance le moyen de prolonger indéfiniment sa posture morale, et celle de la théologie d’amateur de certains souverainistes, qui pensent s’appuyer sur l’histoire mais se retrouvent rapidement dépassés par elle.
Le monde n’est pas dirigé par les idées et par les intellectuels et ceci est une très bonne chose. Comme le disait Georges Bernanos, un intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel jusqu’à ce qu’il nous ait prouvé le contraire. Le monde est avant tout conduit par la volonté humaine. Le schématisme des idées trop abstraites, le faux humanisme de la gauche et la pseudo-théologie de certains souverainistes, aboutissent à des idées simplistes, puis meurtrières si l’on cherche à en faire une réalité politique.
Aux idées il faut préférer les hommes, décrypter leurs volontés, leurs intentions, leurs espoirs, leurs meilleures aspirations ou bien les pièges dans lesquels ils s’enfoncent. Les idées n’ont pas à être respectées, elles peuvent être tordues dans tous les sens. Les hommes qui font le débat d’idées sont en revanche ceux qui sont à protéger et préserver. Les idées passent, les controverses humaines et les évolutions humaines sont en revanche les seules réalités tangibles et respectables.
Les problèmes croissants d’intégration des Français d’origine arabo-musulmane ne font pas exception : c’est dans la psychologie et dans l’entretien d’une certaine culture humaine qu’il faut en chercher les causes. La théologie vient parfois en raison invoquée, mais il faut bien comprendre qu’elle est avant tout un prétexte. L’être humain ne cesse d’avancer des principes a posteriori pour justifier ses sentiments.
L’analyse psychologique qui va suivre emprunte aujourd’hui les habits de l’Islam pour se justifier. Elle utilisait les vêtements du communisme auparavant. Elle pourrait tout aussi bien emprunter d’autres apparences par la suite. Rentrer dans le débat théologique c’est lâcher la proie pour l’ombre et c’est rentrer dans une escalade verbale et physique que recherchent principalement ceux qui veulent en tirer parti : soit les Frères musulmans et Daesh d’une part, soit les tenants de « L’empire du Bien », néo-conservateurs américains, progressistes américains qui en ont continué l’œuvre destructrice, pseudo-philosophes français.
Le retour à l’affrontement des croisades arrange bien ces deux partis, à tel point que s’ils se présentent en surface comme de grands ennemis, ils se retrouvent finalement associés sur le théâtre géopolitique. Les USA n’ont cessé de soutenir les fractions les plus radicales de l’islamisme au Moyen-Orient, en Irak, en Syrie ou en Egypte, tout en faisant mine de les combattre et de défendre « les droits de l’homme ». L’on sait à quoi peut mener ce jeu d’apprenti sorcier, ce mélange extraordinaire de candeur de façade et de cynisme absolu qui caractérise la géopolitique américaine contemporaine, depuis la fin du courant « réaliste » bien plus honorable qui l’a précédé.
Revenons à la raison psychologique et sociale de la non-intégration d’une grande partie des musulmans de France. Je ne suis pas ici pour donner des leçons : fidèle à ma doctrine, tout appel à des « vertus » ou des « valeurs » doit nécessairement découler de la culture de celui qui veut les cultiver, ne jamais être présenté comme la nième leçon que l’occident entreprend de donner au monde.
Ce n’est donc pas moi qui vais décrire ce dont je veux parler, mais feu Hassan II, dans une citation restée célèbre. Celle-ci concerne le rapport du monde Arabe à Israël, mais en dehors de ce cas particulier, elle pourrait s’appliquer tout aussi bien au rapport à l’occident et à la France :
Le conflit israélo-palestinien est l’aphrodisiaque du monde arabe.
S.M. Hassan II
Le géopoliticien Tanguy de Wilde d’Estermael développe cette pensée de l’ancien roi du Maroc : Il permet à la population de s’exciter en oubliant ses misères quotidiennes et aux dirigeants de vitupérer en faisant oublier leurs propres turpitudes. C’est un dérivatif commode.
Cette remarque pourrait tout aussi bien s’appliquer au rapport que beaucoup de Français d’origine arabo-musulmane entretiennent maintenant avec la France. Une culture de la victimisation s’est développée, visant à reporter la faute de tout problème ou toute difficulté rencontrée sur autrui et en particulier sur la France. Cette culture s’appuie sur un fort communautarisme à tendance clanique et grégaire, niant toute notion de responsabilité individuelle. C’est ce poison de l’esprit qui encombre aujourd’hui toute la culture arabo-musulmane, en France et ailleurs. Et ce depuis maintenant quelques siècles. Le déclin des civilisations islamiques, après avoir été à la tête du niveau de civilisation lors des califats Umayyades et Abbassides, n’a pas d’autre cause.
Les théologiens amateurs surgiront à nouveau, expliquant que l’Islam ne pouvait de toutes façons que s’engager sur cette pente fatale, qu’il est intrinsèquement grégaire et incompatible avec toute notion de liberté et de responsabilité personnelle. Ce poncif qui rejoint celui du « fatalisme Arabe » est d’autant plus ironique qu’il est lui-même fondé sur un fatalisme.
La lecture d’Alain de Libera est à nouveau instructive : les premiers signes du déclin apparaissent avec l’émergence des Almohades, de leur vision monolithique et rigide de la société. Plusieurs exemples historiques montrent que nombre de cultures musulmanes ont existé, sans obérer l’autonomie de l’individu. Le déclin est apparu vers le XIIIème siècle ; auparavant, l’individualité de l’homme n’était pas moins avancée dans le monde islamique qu’en occident, dans les limites bien entendu des sociétés médiévales. Nous verrons dans les paragraphes qui suivent, que trois dirigeants arabes parfaitement actuels ont donné récemment une leçon de liberté et de responsabilité individuelle au monde.
Les principes théologiques ne sont donc qu’un décor de façade. C’est dans un engrenage psychologique et sociologique qu’il faut trouver l’explication. Comme tout engrenage, un faible défaut d’origine s’est élargi et a pris des proportions gigantesques.
En France, ce mauvais terreau prospère sur une sous-culture faite de trafics illégaux, de révoltes de pacotille, d’oppression de la femme, d’intimidation et de logique de territoire. L’incarnation de cette sous-culture a trouvé son expression musicale : le rap. Très rarement intéressant sur le plan musical et textuel, le rap est d’autant plus risible qu’il se veut révolté contre l’ensemble de la société, mais que la « réussite » qu’il prône se soumet aux critères les plus caricaturaux du consumérisme le plus dévoyé.
Les « révoltés » du rap exaltent dans leurs clips des nouveaux riches à la tête d’empires de la drogue dont ils sont les caïds, environnés de nuées de femmes objets qui les adulent comme des princes. Ils prônent donc tout à la fois un Islam rigoriste, une révolte allant jusqu’à l’appel à l’extermination des Français, … mais sur un fond de carricature de réussite capitaliste et consumériste dévoyée, se soumettant aux critères de leurs « oppresseurs ».
Le rap est une fenêtre représentative de cette sous-culture qui s’est répandue dans les banlieues françaises et aux abords de ses grandes villes. Il ne faut rien lui céder. Or la gauche porte une lourde responsabilité en ne cessant de lui donner des gages de complaisance, en voulant à tout prix la faire reconnaître parce qu’elle a envahi l’espace mental et culturel de ses « protégés ». Nous l’avons déjà montré, ce faux humanisme est à la fois le prétexte d’une bruyante mise en scène d’eux-mêmes et un véritable crachat de mépris à la figure de ceux qu’ils prétendent défendre.
La gauche estime qu’il faut indéfiniment baisser la barre de l’exigence envers les Français d’origine arabo-musulmane, parce que ceux-ci ne seraient pas capables d’atteindre certains niveaux. Cette mentalité s’observe partout : dans le milieu scolaire, dans les décisions judiciaires en cas de crimes et délits, dans l’aide sociale. Entre la commisération et la condescendance, il n’y a que l’épaisseur d’une feuille de papier, c’est pourquoi toute personne digne refuse la pitié. La comparaison d’Hassan II avec un aphrodisiaque – c’est-à-dire une drogue – est éclairante : la gauche a longtemps joué le rôle d’un dealer. Elle prétend protéger son « client » voire lui offrir les portes du paradis, en réalité elle le maintient dans une mentalité qui le condamne à la misère et lui permet d’endosser le beau rôle.
Un contre-argument vient également très souvent de la gauche : ces populations sont de nationalité française, la question de leur culture d’origine ne devrait pas être posée. Or justement, nous assistons au fait que des jeunes d’origine arabo-musulmane, Français depuis trois générations ne se sentent pas Français, déclarent haïr la France et n’appartenir qu’au pays d’origine de leurs ascendants. Tandis que leurs parents et grands-parents, naturalisés français depuis bien moins longtemps, pouvaient être bien mieux intégrés à la société française !
L’argument de la nationalité française vient donc confirmer et non pas infirmer les difficultés d’intégration et la nécessité de réguler l’immigration. L’immigration seule ne peut être comprise si l’on n’y inclut pas la question de l’intégration de ceux qui ont été naturalisés, et la dynamique d’intégration ou de rejet à travers les générations successives : les différentes vagues d’immigration et de naturalisation s’empilent les unes après les autres et aggravent encore le problème lorsque la dynamique est négative.
En stigmatisant immédiatement tout débat raisonnable sur la question de l’immigration et des critères de naturalisation – la nationalité française est donnée bien trop facilement – la gauche française est responsable des dérapages claniques et communautaristes de la société française. Car le nombre compte : faire débarquer en masse des populations n’ayant connu que des cultures du rapport de force ne les changera pas miraculeusement par l’arrivée dans le contexte français. Au-delà d’un certain nombre, ce seront eux qui imposeront leurs règles et leurs modes de vie à leur société d’accueil, non le contraire. Surtout si leur bassin d’accueil fait déjà sédimenter des populations naturalisées françaises mais qui cultivent la même mentalité. Comme le souligne l’excellent auteur Driss Ghali, d’origine marocaine et amoureux de la France, cette situation ne fait qu’empirer si les Français séculaires y ajoutent le mépris de leur propre pays et leur confirme qu’ils ont bien raison de détester la France. Leur hypocrisie est d’autant plus notable qu’ils se gardent bien de côtoyer les populations qu’ils prétendent défendre et font tout pour que leurs enfants les évitent à l’école ou dans les lieux publics.
La culture de la victimisation et de l’irresponsabilité m’était apparue par contraste, il y a environ vingt ans, dans le milieu professionnel. A cette époque et particulièrement dans mon domaine professionnel du numérique, j’ai vu arriver de nombreuses brillantes jeunes femmes de culture arabo-musulmane, totalement intégrées à la société française et d’un excellent niveau professionnel et intellectuel. Le statut inférieur souvent maintenu pour les filles se révélait pour elles un cadeau : adolescentes, elles ne pouvaient considérer que quoi que ce soit leur fût acquis, ce qui les incitait à se battre, principalement par la voie des études qui étaient pour elles une véritable évasion par le haut. Le statut privilégié accordé aux jeunes garçons était a contrario un cadeau empoisonné : l’enfant-prince n’était pas tenu de faire ses preuves. Il en résultait il y a 20 ans– ceci est bien entendu statistique car il y a de brillantes exceptions – une inversion du statut social avec le statut familial entre les sexes, souvent très mal vécu de part et d’autre. Plus récemment, ce phénomène s’est estompé : les problèmes d’intégration se sont durcis à un point tel que la radicalisation idéologique s’est étendue aux filles et que nombreuses ont rejoint leurs frères dans cette mentalité qui les maintient dans l’infériorité sociale et culturelle. Cette expérience confirme selon moi le bien-fondé de l’analyse psychologique et sociale, … en même temps qu’elle montre qu’il n’y a pas de fatalité à cela si nous parvenons à inverser la flèche du temps.
Quelle voie de sortie ? Le souverainisme humaniste
Il est possible de conjurer le destin, de montrer que les fatalités n’existent pas. Mais cela suppose de ne céder à aucun bon sentiment, de se parler en face et sincèrement, de déjouer la boursouflure de l’ego derrière les postures morales.
Nous proposons pour cela les positions suivantes :
- L’attachement à la France n’est pas négociable lorsque l’on devient Français. Et qu’est-ce qu’être Français ? Ce n’est ni une règle, ni une idée, ni une intention, ni un vague sentiment. Être Français est un engagement spirituel. Nul ne l’a mieux exprimé que Romain Gary : La France coule dans mes veines. Il devrait être demandé à toute personne désirant acquérir la nationalité française de prononcer cette phrase. Et elle devrait être le slogan d’une nouvelle force politique souverainiste, la faisant affirmer fièrement à des personnes de toutes origines. Être Français n’est pas un « pacte républicain ». C’est une cérémonie sacrée, une noce où l’on épouse totalement une culture et une histoire que l’on fait sienne. Il en découle bien entendu une politique d’immigration beaucoup plus sélective et un changement total de mentalité au sein de l’éducation nationale.
- Valoriser ce qui, dans la culture arabo-musulmane, a atteint les sommets de la civilisation. Je suis toujours stupéfait du spectacle de jeunes Français musulmans s’abaisser à la sous-culture dans laquelle les malveillants de leurs communautés et une bonne partie de la société française actuelle les maintiennent, une révolte dont l’agressivité cache mal le complexe d’infériorité et le désespoir, alors qu’ils pourraient se revendiquer d’une culture prestigieuse.
Beaucoup de souverainistes se récrieront à ce point : l’assimilation à la culture française étant non négociable, les origines arabo-musulmanes de ces jeunes Français ne devraient pas rentrer en ligne de compte : qu’ils s’assimilent totalement ou qu’ils partent ! me diront-ils.
Si je suis d’une totale intransigeance quant à l’assimilation à la France, il ne faut pas que celle-ci tourne au simplisme. J’aime employer une image pour bien le faire comprendre : la France est un grand fleuve et si l’on choisit de le rejoindre, on épouse le lit du fleuve et il n’y en a qu’un, celui de la culture française. Le fleuve est cependant irrigué par des affluents. Des affluents italiens, polonais, vietnamiens, portugais sont venus le rejoindre pour s’écouler dans le même lit.
L’assimilation ne consiste pas à exiger l’éradication totale de la mémoire et de la culture d’une population d’origine, cela aurait quelque chose de totalitaire. Elle consiste à épouser totalement la culture française et à montrer quels peuvent être les apports de la culture d’origine des nouveaux venus, à la condition bien entendu qu’ils soient pleinement compatibles avec ceux de la France.
L’assimilation ne peut se décréter par un coup de baguette magique ou par un coup de menton autoritaire : elle poursuit un chemin de maturation. Je fais alors intervenir ma thèse principale du souverainisme humaniste : toutes les grandes cultures du monde atteignent des vertus universelles qui parlent à tout homme, mais dites et trouvées d’une certaine façon, par un chemin unique et propre qui constitue le génie de chaque peuple.
Dans le cas de l’assimilation des populations d’origine arabo-musulmane qui souhaitent devenir françaises, il s’agit de retrouver le chemin qui les mènera aux grandes valeurs civilisationnelles de la France, mais en montrant que leur culture d’origine dans ce qu’elle a de meilleur les avait également trouvées, selon son chemin propre. Le chemin tracé par Averroès permet de comprendre celui de Blaise Pascal. La route ouverte par Avicenne permet de rencontrer Louis Pasteur. Les labyrinthes algébriques Al-Khwarizmi rejoignent les sentiers escarpés d’Henri Poincaré.
L’assimilation n’est pas négociable, mais elle doit suivre un chemin de maturation. Et celui-ci nécessite de montrer comment deux grandes cultures se rejoignent, tout en respectant ce qu’elles ont d’unique et qui constitue leur génie propre. C’est une question d’identité et de psychologie, de fierté pour sa culture d’origine et pour celle que l’on veut épouser, l’une ne pouvant demander la destruction de l’autre. Il en a été ainsi de toutes les vagues d’immigration et d’assimilation réussies en France. Il a été demandé aux Italiens, aux Polonais et aux Vietnamiens de s’assimiler. Mais jamais au prix d’un lavage de cerveau.
- Lorsque je parle des populations d’origine arabo-musulmane qui souhaitent devenir françaises, cela inclut ceux qui sont déjà de nationalité française sur le plan administratif mais qui ne sont nullement Français. Ceux qui le sont sur le papier mais qui haïssent la France ou lui sont seulement indifférents. La volonté d’être véritablement Français doit être reposée. Et le chemin pour y parvenir est le précédent.
- Il ne faut aucune complaisance pour le faux humanisme qui entretient les Français arabo-musulmans dans une sous-culture faisant bien l’affaire de ceux qui les utilisent comme faire-valoir. Il ne faut trouver aucune excuse aux interprétations inadmissibles de l’Islam, ne rien leur céder, notamment vis-à-vis de l’imposition du voile. Ne pas rentrer dans le misérabilisme les cantonnant dans une perpétuelle irresponsabilité. La classe politique française doit faire son aggiornamento quant au mélange de clientélisme et de lâcheté qui la caractérise depuis des années.
On ne combat pas la sous-culture mortifère qui prolifère anarchiquement dans les banlieues par une complaisance envers elle, terreau sur lequel les islamistes se frottent les mains. On ne la combattra pas non plus par un « appel aux valeurs républicaines » qui ne résistera pas une seule seconde et ne sera pas compris.
La sous-culture qui s’est greffée sur l’Islam contemporain doit être combattue par la véritable culture qui a su s’épanouir au sein de l’Islam il y a plusieurs siècles. Il s’agit d’un travail de restauration psychologique, de reconstruction d’une fierté fondée sur des bases légitimes et non frelatées. Puis sur cette base de sécurité, pour celui qui souhaite véritablement épouser la France, se servir de ce chemin pour rejoindre le destin de notre pays, devenir l’affluent qui verse un apport dont il est fier, pour rejoindre le lit d’un fleuve dont il est également fier.
Beaucoup trouveront ces points trop optimistes, estimant qu’ils achopperont sur une barrière infranchissable : la solidarité intra-musulmane, le fait que l’engagement envers l’Islam est supra-national. Les points précédents supposent en effet qu’une partie des musulmans se révolte contre une autre partie. Que ceux qui veulent se libérer et s’affirmer véritablement en tant qu’hommes rentrent en conflit ouvert avec les islamistes. Et l’on sait que le prix sera nécessairement celui d’une lutte à mort.
Mouvement impossible de révolte ? La géopolitique immédiate nous montre pourtant que cela est possible et concret, confirmant que c’est bien en l’homme qu’il faut avoir confiance, non dans des idéologies qui se veulent fondamentales mais ne sont que des supercheries.
Nous bénéficions actuellement d’un alignement exceptionnel de planètes sur le théâtre géopolitique que nous n’avons pas le droit de manquer.
Comme le montre Roland Lombardi dans son excellent ouvrage consacré à l’action du Président Egyptien Abdel Fattah al-Sissi[3], une coalition réunissant l’Egypte d’Al-Sissi, l’Arabie Saoudite de Mohammed ben Salmane et les EAU de Mohammed ben Zayed bouleverse la géopolitique du Moyen-Orient, dans le meilleur des sens qui soit.
Très courageusement, Al-Sissi, MBS et MBZ luttent sans merci contre l’entrisme des Frères musulmans dans leur pays, dans un combat où il faut se montrer implacable. Ils sont un rempart contre l’autre coalition, celle réunissant la Turquie d’Erdogan et le Qatar, propageant le chaos de l’Islam politique à travers la région. Al-Sissi, MBS et MBZ ont parfaitement compris qu’il n’y aurait aucun développement possible de leur pays s’ils ne tordent définitivement le cou à ceux qui le maintiennent dans la boue des fausses valeurs et de l’arriération.
Il s’agit bien d’une révolte interne au monde musulman, bien plus révolutionnaire et authentique que les « Printemps Arabes » pour lesquels nos intellectuels superficiels français se sont emballés. Elle suppose une totale sincérité et un total engagement : bien loin des idéalismes de pacotille, il faut savoir qu’il s’agit d’une lutte à mort. Les « experts » du monde musulman estimant que la fatalité communautariste interdira toute action interne à l’Islam en sont pour leurs frais : la réalité humaine dément leur schématisme.
Ces actions d’Al-Sissi, de MBS et de MBZ n’ont pas été du goût des habituels donneurs de leçon de morale qui déroulent ce faisant le tapis rouge aux islamistes. D’abord parce que la lutte est violente : certainement, mais il faut avoir conscience que nous avons affaire à des criminels endurcis, du même type que le FIS en Algérie, qui ne comprendront que ce langage. Un Boualem Sansal se moque avec raison de notre immense naïveté, de notre agitation des droits de l’homme ou des valeurs républicaines face aux frères musulmans. Al-Sissi, MBS et MBZ nous donnent ainsi une leçon de réalisme mais également de sincérité et d’authenticité.
En second lieu, ces actions des trois chefs d’état ont été critiquées par les habituels pseudo-philosophes et journalistes occidentaux, parce qu’elles ont le malheur d’être libres et indépendantes, c’est-à-dire de renvoyer dans leurs buts aussi bien les communautaristes musulmans que les « bienfaiteurs » occidentaux, USA en tête. MBS a notamment envoyé promener – pour rester dans des termes polis – toute la diplomatie américaine eu égard aux dégâts considérables qu’elle avait commis sous l’administration Biden, sous couvert de morale et de « droits de l’homme ».
Les trois chefs d’Etats définissent ainsi une Troisième voie, luttant à la fois contre leurs fondamentalistes internes et contre les apprentis-sorciers occidentaux. Indépendants, ils sont là où on ne les attend pas. Par exemple ils entretiennent d’excellentes relations avec Israël, peut-être les meilleures que le monde Arabe ait connu depuis la création de l’état Hébreu, tout en renvoyant les USA en dehors du jeu.
Abdel Fattah al-Sissi, Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed agissent ainsi en hommes libres. Leur action dément la croyance en un Islam condamné au communautarisme et à l’absence de liberté individuelle. L’action courageuse de ces chefs d’état démontre exactement le contraire. On ne peut reprocher au monde Arabe son communautarisme mais crier lorsque trois de ses principaux chefs montrent justement qu’ils peuvent s’en libérer.
Admettre leur liberté, c’est admettre aussi qu’ils puissent envoyer promener les influences occidentales intrusives. Au regard des dégâts que celles-ci ont commis dans la région, cela n’a rien que de légitime. Israël ne s’y trompe pas, prenant de plus en plus ses distances avec l’actuelle diplomatie américaine vécue comme un carcan et un fauteur de troubles. Particulièrement en Syrie, où le jeu trouble des USA aurait pu se payer en conséquences graves sur le plateau du Golan.
La France aurait le devoir – et l’intérêt – d’un soutien exemplaire auprès d’Al-Sissi, MBS et MBZ. De telles circonstances historiques ne se rencontrent que très rarement. Mais il faut pour cela, montrer un véritable respect souverainiste de chaque nation, non une morale théorique, lâche et complaisante dès qu’un obstacle survient.
La culture musulmane possède toutes les ressources internes pour qu’un jour, les Français musulmans réussissent leur intégration et les migrants animés d’une réelle volonté d’être Français le deviennent authentiquement, pas seulement sur le papier.
L’ouverture du Coran à l’interprétation (ta’wîl) a toujours existé historiquement, elle peut donc être réactivée. Ceux qui estiment que les appels à la violence rendent les dangers du Coran irrémédiables méconnaissent ce que nous apprennent les arts martiaux. L’on peut interpréter la confrontation avec la violence – et avec sa propre violence – comme une épreuve permettant de la maîtriser et de s’en libérer.
Ce thème n’est nullement absent de certains courants de l’Islam : le « grand Djihad » est celui que l’on mène contre soi-même, contre ses propres penchants. De fait, j’ai connu plus d’un bon ami musulman au sein du dojo. La vertu des arts guerriers – et le bon versant vers lequel ils peuvent mener – était parfaitement comprise.
Même le statut de la femme a considérablement varié en Islam. L’imaginaire amoureux et érotique de la culture Arabe est suffisamment riche pour qu’il ne vienne en rien déparer la tradition française. En témoigne récemment l’émergence musicale du raï, impertinent, libre, souvent coquin sur le plan amoureux. Parmi les Français de ma génération, qui n’a pas dansé sur les rythmes de Khaled et de Cheb Mami ? Je résume parfois l’échec actuel de l’intégration des Français musulmans en une phrase : le rap l’a emporté sur le raï, pourtant bien plus riche musicalement et textuellement. Il n’est pas trop tard pour inverser la tendance et retrouver le bon chemin.
L’itinéraire de tout homme qui vient d’une culture et souhaite sincèrement en épouser une autre est un long chemin. Celui-ci n’a rien de mièvre, il n’est pas un conte de fées. Il exige d’être parfaitement lucide, sincère, de ne rien cacher de ses sentiments, parfois de ses haines, de l’exercice sain de se jeter des reproches à la figure. Il exècre le faux humanisme qui ne fait que cultiver la boursouflure de son ego, sans jamais prendre ses responsabilités des conséquences humaines de ne pas se dire les choses en face.
A ces conditions, il peut être une authentique rencontre humaine. Si un jour, chaque Français musulman dit « La France coule dans mes veines », alors l’Islam brillera d’un nouveau feu et la France sera plus forte d’un apport majeur, venant se joindre à sa formidable épopée historique. Plus que jamais, le Souverainisme est un humanisme.
© Marc Rameaux
Signataires
« Nous ne souscrivons pas à toutes les thèses de ce texte, mais nous voulons encourager sa sincérité qui bousculera ceux qui sont dans le déni d’un problème gigantesque, comme ceux qui estiment la guerre totale irrémédiable. Le salut ne viendra que par des paroles rugueuses, dérangeantes, mais pour cette raison authentiquement humaines et permettant de retrouver le chemin de la valeur de l’autre ».
Boualem Sansal, Écrivain. Essayiste algérien
Pierre-André Taguieff, Philosophe, Politiste et Historien des idées
Marc Rameaux, Auteur du texte, Directeur de projet dans un grande entreprise industrielle française, Souverainiste engagé
Michel Dray, Historien
Charles Rojzman, Philosophe praticien, Écrivain
Danielle Khayat, Magistrat en retraite
Kamel Bencheikh, Écrivain
Liliane Messika, Écrivain, Paris
Roland Lombardi, Docteur en histoire, Consultant spécialiste du Moyen-Orient, Professeur de géopolitique
Antoine Desjardins, Professeur de Lettres, Paris
Sonya Zadig, Essayiste, Conférencière
Gérard Kleczewski, Écrivain
Fabien Khayat, Avocat
Édith Ochs, Journaliste, Auteur
Bernard Nantet, journaliste, Auteur
Giora Hod, Chirurgien
Pierre Rival, Écrivain
Laurine Martinez, Chanteuse lyrique
Sarah Cattan, Directrice de Tribune juive
Notes
[1] https://www.institutmontaigne.org/publications/un-islam-francais-est-possible
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_d%27H%C3%A9bron_(1929)
[3] https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/abdel-fattah-al-sissi-le-bonaparte-egyptien–9782360932627/
La France, un si beau et grand pays. Je regarde le défilé sur la plus belle avenue du monde dans ce Paris que j’aimais tant. Comme c’est triste.
Une phraséologie bêtifiante digne de la Pravda. Avez-vous prévu un lancer de colombes à la grande réconciliation ? Vos musulmans, même apparemment intégrés, privilégieront toujours leur culture et leurs congénères aux Français non musulmans. Vos réflexes civilisateurs envers ces populations ne fonctionnent pas avec des masses sans cesse grandissantes et revanchardes.
Valoriser l’islam ? Le rendre compatible avec notre culture ? Sûrement pas. Aucun pays musulman n’est et n’a été démocratique et l’autoritarisme y est pratiqué sans frein. L’Europe a combattu le plus souvent cette civilisation, à raison, pendant des siècles, ce n’est pas pour l’accueillir aujourd’hui à bras ouverts, sous couvert de tolérance et autres Lumières mal placées.
Remarquable texte. J’en partage les idées. Dans les années 60 et 70, l’islam que je rencontrais était bienfaisant. Les dealers et autres islamistes, les petits voyous qui se réclament de l’islam ou de leur pays d’origine, qui »préfèrent le rap au Rai », qui « se gorgent de l’aphrodisiaque » de la haine de la France ne connaissent rien ni de l’islam, ni de l’idée de Dieu.
Vous oubliez tous une chose. Les Français, dans leur majorité, ne tiennent pas à bénéficier des bienfaits de l’islam. C’est à eux d’en décider, pas aux quelques attardés imbus d’accueil de l’autre que vous êtes. On ne guérira pas l’universalisme républicain par une réactivation ou une surenchère de ce dernier. Celui-ci est mort.
Les exemples d’intégration « réussie » que vous citez me laissent perplexe. Mme Boudjahlat n’enseigne qu’en collège de cité sensible à des élèves immigrés. Ses mère, sœurs et nièces sont voilées, ce qui ne la dérange nullement. Bref, le niveau d’exigence vis-à-vis de ces immigrés est infiniment plus bas qu’il ne l’a été pour les immigrés plus anciens. S’il y a peu d’intégration réelle des Maghrébins malgré tous les efforts entrepris c’est qu’elle est impossible et ruineuse à tous points de vue. Pour eux, on a baissé le niveau scolaire national qui est désormais catastrophique, construit et reconstruit sans cesse des infrastructures pour les éduquer, les transporter, les soigner, les divertir, sans le moindre bénéfice pour l’ensemble du pays. Là où ils s’installaient les autres Français, modestes le plus souvent, fuyaient car ils pourrissaient leur vie (la mixité sociale souhaitée n’est qu’une vue de l’esprit).
Dernière chose, si l’islam si « bienfaisant » vous fascine tant, une cinquantaine de pays où celle-ci domine vous tendent les bras… Vous y connaitrez enfin les joies des dictatures d’Al- Sissi, de Ben-Salman et d’autres bienfaiteurs de l’humanité que vous aimez tant.
Je conseille à l’auteur la lecture de »le terrorisme et ses réseaux, l’enquête » de Florence Bergeaud-Blackler qui démonte les méthodes d’entrisme et d’influence des Frères musulmans pour installer dans les pays européens des sociétés musulmanes régies par la charia via le concept de hallal
Quant au Coran réputé parole divine émanant directement d’Allah ne pouvant être interprétée comme les autres textes religieux, les fidèles le prennent nécessairement au pied de la lettre quelque soit l’époque où les circonstances ce qui fige les comportements
Pendez vous que les personnes suivantes ne connaissent rien ou ne connaissaient rien à l’islam :
Hanni ramadan
Tarik ramadan
Al qaradawi
Hadj Amin Al Husseini
Al zarkaoui
Al baghdadi
Oussama Ben Laden
Said qutub
Hassan El bana
Ayatollah Khomeini
Ayatollah Khamenei
La quasi totalité du clergé chiite iranien
Mollah Omar
L’actuel grand mufti de Jérusalem (Al qods)
Le mahdi de Khartoum
Erdogan
Erbakan
Guhlen
L’émir du Qatar
L’émir de Koweït
Yahia Sinjar
Tous les membres de la confrérie des frères musulmans
Farakhan
Les membres du front islamique du salut FIS tunisien
Mahmoud Zahar
Ayman Al zawahiri
Tout le clergé musulman de France sauf l’imam chalgoumi qui comme le dit Pascal Boniface ne représente que lui même
Tout le clergé musulman d’Algérie
Et on pourrait en trouver des milliers des millions d’autres d’autres dans le monde entier en Indonésie, au Pakistan ,en Malaisie , en Égypte(dont la paix avec Israël est glaciale et où l’antisemitisme est forcené) en Jordanie en Arabie saoudite, au Liban ,au Soudan ,aux Maldives ,en Afghanistan,au bengladesh, partout quoi !
Les EAU et le Bahreïn et le Maroc sont des pseudo exceptions car à la merci d’un changement de régime, de roi, d’émir car la population a l’évidence n’adhère pas à ce philosemitisme très suspect .la foule est fondamentalement hostile aux juifs comme à Bagdad comme à hebron .
Tous ces individus malfaisants sont des contemporains ,connaissent parfaitement bien l’islam .ce ne sont pas des racailles de rue .ce sont pour la plupart des savants réputés ,admirés extrêmement influents et leurs élèves.
Ils constituent l’immense majorité des musulmans .
Combien de Chalgoumi ? Combien ?
C’est dérisoire.
c’est dérisoire et surtout désastreux : tant de haine concentrée et qui grandira sans cesse car elle est vouée à l’échec certain et permanent ! Ils sont pitoyables !
En accord avec les grandes lignes et l’inspiration de ce texte qui mérite d, être lu et discuté.
Je trouve ce texte remarquable . Bien entendu un peu utopique mais plein de bon sens et d’espoir . Ceux qui le rejette d’emblé en le qualifiant de lénifiant et de toutes sortes d’adjectifs péjoratifs ne raisonnent qu’en termes de confrontation en oubliant que de toutes façon les 6 millions de musulmans français resteront en France et qu’on ne peut pas les jeter à la mer . Toute solution humaniste est bonne à prendre
Merci Mr Rameaux
« Le géopoliticien Tanguy de Wilde d’Estermael développe cette pensée de l’ancien roi du Maroc : Il permet à la population de s’exciter en oubliant ses misères quotidiennes et aux dirigeants de vitupérer en faisant oublier leurs propres turpitudes. C’est un dérivatif commode. » C’est le même ressort utilisé par les seigneurs pour éloigner la colère de leurs serfs en les dirigeant contre les juifs. Rien de nouveau sous le soleil. Concernant el-Andalus, une remarque. Aujourd’hui, il est interdit de parler de culture supérieure et de culture inférieure. Mais on le fait couramment des qu’ils s’agit des arabes. Nous étions des brutes à peine sorties de nos grottes que les Arabes sont arrivés et nous ont civilisés. Toute inversion est interdite et criminelle. Déjà, l’Espagne wisigothique n’était pas une terre d’inculture. La transmission du savoir grec, perdu mais sauvé par les Arabes. Les Arabes ne se sont intéressé qu’à ce qui pouvait servir dans l’affirmation de leur pouvoir et qui n’était pas en contradiction avec leur religion. Il y avait certainement plusieurs voies de transmission. Comment la poésie et le théâtre grecs, par exemple, nous sont parvenus? C’est un domaine qui n’a pas intéressé les Arabes. Enfin, de grands savants comme Kepler, Copernic et Galilée sont nés loin de l’Espagne musulmane qui a ensemencé l’Europe de sa culture et de la science.
@o icaros Et ce ne sont pas non plus les Arabes qui sont a l’origine des chefs-d’œuvre universels que sont les cathédrales. En outre l’heritage de l’Antiquité a également été transmis par le latin et l’influence de la civilisation romaine, celle-ci ayant perduré bien après la chute de l’Empire romain. En oitre les historiens de l’époque médiévale sont unanimes quant au fait que notre vision négative du moyen âge Europeen est surtout due a notre ignorance et nos préjugés.
Toutefois les Arabes ont effectivement été en avance sur l’Europe en littérature et en sciences pendant quelques siècles : il s’agissait d’une parenthèse. Le monde occidental a ensuite atteint un sommet culturel (art et sciences) sans précédent …mais plus dure est la chute ! Il est plus facile de descendre du haut de l’échelle de la civilisation au plus bas niveau que l’inverse. Et c’est exactement ce qui se passe depuis 30 ans à une vitesse accélérée. Le monde occidental moderne est à l’image du débile wokiste de la Maison Blanche : sénile. Et barbare. Regardez la France…Certains pays musulmans ne tolereraient pas un tel niveau de criminalité et d’horreur dans leurs villes.
Marc Rameaux s’appuie sur des principes républicains et humanistes auxquels j’adhère tout autant que lui mais qui ont volé en éclats, a fortiori depuis 2017. Même la façon dont l’État français réécrit totalement l’histoire (loi révisionniste Taubira par exemple) a pour but d’accélerer notre propre destruction. Il existe plusieurs courants islamiste (y compris certains opposés aux Frères musulman et au terrorisme) mais tous savent qu’en France et dans une grande partie de l’Europe ils ont déjà gagné. Leur meilleure arme est la patience.