Tribune juive a suivi pas à pas la terrifiante « affaire Mohamed Merah », du parcours du terroriste à la petite semaine jusqu’à son inqualifiable périple et l’état dans lequel ce dernier plongea le pays qui suivit en direct cette chasse barbare et en garda définitivement les plaies béantes.
Tribune juive a suivi pas à pas, retraçant la route de la bête humaine, les défaillances d’un État qui, s’il n’avait pas levé prématurément et avec une inconscience folle le fichage en catégorie « S » du sus-nommé, aurait assurément évité le carnage qui suivit des jours durant.
Tribune juive, présente au procès d’Abdelkader Merah, lequel acta la notion de « responsabilité » du frère du terroriste, a suivi parallèlement les deux premiers actes du procès intenté par Albert et Katia Chennouf, suivis de la compagne de leur fils Abel, pointant cette défaillance lourde et ces manquements qui, évités, auraient permis à notre police de s’intéresser à l’individu dès qu’il entreprit son projet et de l’empêcher.
Aujourd’hui 13 juillet 2023, 11 années après donc, nous actons avec effroi la lâcheté de notre justice et ses compromissions: la famille d’Abel Chennouf, un des trois militaires tués par Merah en 2012, est en effet déboutée par la Cour européenne des droits de l’homme.
Albert et Katia Chennouf ainsi que la compagne d’Abel et leur fils, qui reprochaient à l’Etat français de ne pas avoir pris toutes les mesures pour empêcher l’assassinat du Caporal-chef Abel Chennouf, le 15 mars 2012, avaient saisi les juridictions administratives françaises pour faire reconnaître la responsabilité de l’Etat en raison de fautes commises par les services de renseignement dans la surveillance de Mohamed Merah.
La requête déposée par les parents, la veuve et le fils d’Abel Chennouf a été jugée « à l’unanimité irrecevable »: c’est ce que nous apprenons via un communiqué de la juridiction européenne, lequel communiqué précise que cette décision est « définitive ».
Pour rappel: après un premier jugement du tribunal administratif de Nîmes qui leur avait donné raison en estimant que la responsabilité de l’État était engagée en raison de carences des renseignements, la cour administrative d’appel de Marseille, saisie par le ministre de l’Intérieur, avait annulé cette décision, au motif qu’aucune faute lourde n’était imputable à l’État, « eu égard aux difficultés particulières inhérentes à la prévention de ce type d’attentats terroristes », rappelle la CEDH.
Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, avait confirmé l’analyse de la cour d’appel.
La CEDH note avec un cynisme cru que les requérants « ont tous été indemnisés du préjudice découlant du décès de leur proche », notamment via le FGTI, ce « qui constitue une réparation adéquate et suffisante ».
En conséquence, « les requérants ne peuvent pas se prétendre victimes d’une violation du volet matériel de l’article 2 », qui protège le droit à la vie, conclut la CEDH, déclarant la requête « incompatible avec les dispositions de la Convention « européenne de sauvegarde des droits de l’homme.
Sarah Cattan avec AFP
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