L’avocat, qui assure la défense d’Éric Zemmour, revient sur les propos antisémites tenus par un dirigeant de la CGT-cheminots à l’encontre de son client. Cette déclaration témoigne selon lui de l’abandon de la lutte contre l’antisémitisme par la gauche.
Décidément, on n’en sort pas. Semaine après semaine, je suis contraint de saisir ma plume électronique pour apaiser mes irritations épidermiques de voir la gauche extrême s’autoriser les pires excès. La semaine dernière, je décrivais la violence que ses sections prétendument écologiques se permettaient. Et pas question de voir l’État vouloir les endiguer comme à l’égard de Soulèvement de la Terre, sauf à se voir reprocher un liberticide.
Car dans le dernier état de la «pensée» extrêmement à gauche, seule sa violence est légitime, tandis que celle de la police républicaine est foncièrement illégitime. J’avais également écrit ce que je pensais des violences déclenchées par les Antifas contre la séance de dédicace par Éric Zemmour de son dernier ouvrage à Brest. Mais surtout, dans les deux cas, mon indignation trouvait sa source dans un soutien médiatique de la presse dite progressiste qui allait de la compréhension jusqu’à l’occultation. C’est précisément cette posture qui autorise les pires impostures.
Celle de cette semaine est de haute taille. Le Figaro comme d’autres journaux (à la notable différence d’un journal dit du soir) l’a relatée le 22 juin dans un article au titre explicite : « Tu prends le train pour Auschwitz ? » : un dirigeant de la CGT interpellé après des propos antisémites à l’encontre d’Éric Zemmour ». Mes lecteurs savent donc que Frédéric Tronche, de la CGT cheminots et cadre dirigeant de ce syndicat, venu protester contre la venue du polémiste politique à Limoges, comme à Brest, pour une séance de dédicace, entendait lui faire mauvais accueil sur le quai d’une gare. C’est donc dans cet esprit ouvert, que selon de nombreux témoins qui en ont attesté par écrit, le cégétiste aurait demandé au polémiste dont la judéité est notoire s’il prenait « le train pour Auschwitz ».
Les lecteurs savent donc aussi que la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet, loin de condamner les propos manifestement antisémites précités, a tenté la stratégie de la victimisation résistante, en prétendant sur Twitter : « Frédéric Tronche, militant de la CGT-cheminots, dirigeant de l’Ugict croise Éric Zemmour dans le train pour Limoges. Il interroge le contrôleur pour savoir si le train ne va pas à Vichy. Résultat : il est en GAV depuis 14h30 accusé… d’antisémitisme… Tout va bien ».
Malheureusement pour la dirigeante syndicale, sa noble version antifasciste, façon bataille du rail, est impitoyablement contredite par son protégé, M. Tronche lui-même, qui sur Facebook s’était également lancé dans les mêmes écœurantes imprécations : « Zemmour dans mon train… Je vérifie si le train va bien à Limoges… peur qu’il aille en Pologne… » II est donc clair que Monsieur Tronche se vantait de craindre se retrouver dans le même funeste lieu polonais où les trains conduisaient autrefois pour leur dernier voyage les congénères d’Éric Zemmour.
J’ajoute, pour être complet, que M. Tronche, présenté par Madame Binet comme un grand humaniste et défenseur de la mémoire « sur ce qu’il s’est passé à Auschwitz » revendique également sur Facebook d’être « anti sioniste ». Il milite avec ardeur pour le boycott des fruits d’Israël, particulièrement celui de ses dattes. Que l’on m’épargne les distinguos subtils autant qu’éculés, on arrivera difficilement à me le faire prendre pour un ardent philosémite, digne héritier de la résistance. S’agissant d’ailleurs de la CGT, je rappelle que celle-ci, peu après les attentats, avait été contrainte précipitamment d’ôter quelques accréditations à certains de ses militants badgés de Roissy, connus pour leurs sympathies islamistes.
La cause devrait être entendue. Elle l’a été, heureusement, pour beaucoup. Ainsi, les responsables de la communauté juive dite organisée, dont un CRIF ordinairement hostile à son coreligionnaire injurié, n’ont pas ménagé leurs condamnations à l’égard du cégétiste et de la dirigeante CGT. Je dois préciser à ce stade, qu’Éric Zemmour a demandé à l’association Avocats Sans Frontières que je préside, et qui a la possibilité juridique d’ester en justice en matière de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, de porter plainte dans cette affaire. Néanmoins, et au rebours de la situation qui aurait prévalu si l’injure était sortie d’une bouche plus à droite, certains l’ont gardé cousue.
À commencer par les responsables gouvernementaux. L’audiovisuel radiophonique de service public, à l’antiracisme théoriquement vétilleux, a observé également la loi du silence. Je les ai déjà baptisés « autorités d’occultation ». On voudra bien comparer avec le tumulte cacophonique observé lors des propos tenus par le député RN Grégoire de Fournas et ayant donné lieu à des interprétations exégétiques autrement plus discutables. Comme pour aider ma démonstration, Le Monde de samedi considérait dans un article consacré à Valeurs Actuelles, que les critiques politiques de l’hebdomadaire contre George Soros ne pouvaient qu’être antisémites. Manifestement, le privilège anti-juif impuni est toujours rouge vif.
© Gilles-William Goldnadel
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
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