“Si vous faites quelque chose encore et encore de la même manière spécifique, l’ennemi s’adaptera. C’est la vraie histoire ici”, déclare un expert en la matière.
Photo de Nasser Ishtayeh/Flash90.
L’utilisation d’une bombe spécialisée de 88 livres dans une embuscade de soldats israéliens à Jénine, lundi, indique une escalade de la terreur palestinienne, du moins selon les dirigeants palestiniens. Mais un analyste israélien remet en question cette pensée.
Sept soldats israéliens ont été blessés par un explosif enfoui sous la route lors d’un raid d’arrestation dans la ville du nord de la Samarie. Selon les Forces de défense israéliennes, la bombe était considérablement plus grosse que celles normalement utilisées par les factions terroristes palestiniennes. Le Jihad islamique palestinien, soutenu par l’Iran, a revendiqué la responsabilité d’avoir placé la bombe.
Après l’explosion, Tsahal a été contraint d’appeler à une frappe aérienne par un hélicoptère de combat Apache pour couvrir l’évacuation des blessés. C’était la première fois depuis 2002 que l’armée utilisait des hélicoptères de combat pour mener des frappes aériennes en Judée-Samarie.
Il est apparu que les groupes terroristes de Jénine et du nord de la Samarie ont acquis de l’expérience dans l’identification des points faibles de Tsahal, la cartographie des itinéraires attendus et des zones d’attente, et l’utilisation d’explosifs plus sophistiqués. Des caméras ont également été installées pour surveiller les véhicules ciblés.
Le gouverneur de l’Autorité palestinienne de Jénine, Akram Rajoub, a déclaré au service de presse de Tazpit que “la résistance à l’armée israélienne augmentait et que les escouades armées acquéraient beaucoup d’expérience, et qu’il semblait qu’elles aient localisé les points faibles de l’armée israélienne”.
Le secrétaire général du JIP, Ziad al-Nakhla, a déclaré lundi depuis l’Iran que la bataille de Jénine “était d’une grande importance, car malgré les capacités modestes, les héros de Jénine avaient prouvé leur grande capacité”.
Il existe d’autres preuves de la préparation d’autres explosifs dans la région de Jénine par le JIP et le Front populaire de libération de la Palestine. Il y a plusieurs semaines, le JIP a placé une charge explosive tout près de l’endroit où les véhicules israéliens ont été pris en embuscade lundi. TPS a appris que le groupe terroriste a profité du terrain meuble où il n’y a pas d’asphalte, sur une route sans issue. Lors de sa visite aux soldats blessés, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré mardi que “toutes les options étaient sur la table”.
Changer les règles du jeu
Cependant, Yair Ansbacher, un Ph.D. candidat à la guerre moderne à l’Université d’Ariel, a déclaré à TPS que l’embuscade de lundi reflétait des groupes armés palestiniens identifiant des schémas d’activité de Tsahal et s’adaptant en conséquence: “Les Palestiniens apprennent le modus operandi de Tsahal. C’est un concept de base de la guerre de ne pas faire quelque chose deux fois ou, bien sûr, la même chose trois fois. Si vous faites quelque chose encore et encore de la même manière spécifique, l’ennemi s’adaptera. C’est la vraie histoire ici”, a déclaré Ansbacher. “Donc, d’une certaine manière, c’est une bonne chose ce que nous avons vue hier car le prix n’était pas aussi lourd qu’il aurait pu l’être. Cela aurait facilement pu être un horrible désastre. Beaucoup de gens auraient pu mourir. Les gens ne sont pas morts, ils ont été blessés, et c’est le prix à payer pour être un apprenant tardif, un adaptateur tardif. Tsahal devra changer sa façon de travailler dans la région du nord de la Samarie”, a-t-il ajouté.
Interrogé sur la réponse de Tsahal, Ansbacher a déclaré : “Je regarderai attentivement les régions de Judée et de Samarie dans les prochains jours parce que Tsahal essaiera probablement de faire autre chose, quelque chose de différent”. Il a rejeté l’embuscade comme une escalade, affirmant que cela impliquerait des risques pour le JIP et d’autres groupes armés que l’Iran n’est pas prêt à accepter pour le moment. “Les procurations sont une sorte d’assurance” pour Téhéran contre une frappe israélienne sur les installations nucléaires iraniennes”, a déclaré Ansbacher. Il a également remis en question la revendication de responsabilité du JIP, notant qu’il n’y a pas de hiérarchie claire de la terreur à Jénine ou dans le nord de la Samarie: “Personne ne sait vraiment qui est exactement le leader dans la région du nord de la Samarie. Il y a un tas d’organisations terroristes et criminelles. Tsahal les appelle des hommes armés, des groupes armés et bien sûr des terroristes de différentes organisations. C’est une sorte de phénomène là-bas”, a-t-il déclaré. Quant au lien de l’Iran avec l’embuscade, Ansbacher a déclaré : “Je ne suis pas vraiment sûr que nous puissions tracer la ligne entre ces points autant qu’ils aimeraient que nous le fassions”.
Interrogé sur la dissuasion israélienne, Ansbacher a souligné : “En fin de compte, cela revient à une question de volonté. Les FDI pourraient prendre Jénine, toute la région, en quelques heures, si elles le souhaitaient. Ce n’est pas une question de force ou de dissuasion, c’est une question de décision [politique]. Tsahal et Israël devront décider s’ils veulent changer les règles du jeu, ou s’ils veulent jouer selon les règles des Palestiniens, des Iraniens et des autres”.
“Depuis le premier jour”, a-t-il poursuivi, “Israël était en guerre dans la région. Nous n’avons jamais été acceptés ici, nous n’avons jamais été accueillis ici. Rien n’a vraiment changé”, a-t-il déclaré. “Les conséquences”, insiste-t-il, “d’attendre trop longtemps pour changer les règles du jeu sont ce que nous avons vu hier”.
© Baruch Yedid
Excellent texte qui resume l idée maitresse de tout affrontement : ne pas créer des ” habitudes ” qui aident l ennemi a anticiper une riposte efficace .
Tsahal doit surprendre , agir avec brutalité contre les tueurs en menageant la population arabe , bref , la reflexion et l adaptation doivent etre permanentes .
Ce que nous apprend Baruch Yedid est fort intéressant. Il s’agit maintenant que Tsahal s’adapte aux nouvelles offensives, de plus en plus précises ,opérées par les terroristes arabes qui ont dû prendre des cours avec avec on ne sait qui d’ailleurs, le champ du terrorisme étant vaste.