Pour rappel, Fonds Marianne, piloté par le CIPDR ou Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation sous l’égide de Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la citoyenneté, a été créé six mois après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020 par un jeune homme radicalisé.
Avec 2,5 millions d’euros, on peut faire beaucoup de choses pour défendre les valeurs de la République, avait déclaré Marlène Schiappa en lançant le fonds public destiné à financer, via des subventions, des projets pour promouvoir les valeurs républicaines et combattre les discours séparatistes.
Cet appel à projets était donc destiné à des structures -associations, écoles, établissements culturels- mettant en place des initiatives destinées aux jeunes de 12 à 15 ans exposés aux idéologies séparatistes et visant à riposter à la propagande séparatiste ainsi qu’aux discours complotistes en ligne.
Dix-sept structures, parmi lesquelles la LICRA, Conspiracy Watch, l’USEPPM ou Reconstruire le commun ont bien bénéficié de 2,02 millions d’euros sur les 2,5 millions prévus.
Mais voilà que le 29 mars 2023, une enquête conjointe de France Télévisions et de Marianne révèle des irrégularités dans l’attribution des subventions, et montre du doigt des procédure de désignation rapide, une opacité a-normale autour des structures choisies et des montants alloués, des soupçons de favoritisme, l’enquête s’intéressant notamment à l’association USEPPM et à son programme iLaïc, qui a obtenu 355 000 euros en terme d’enveloppe, une dotation qui aurait essentiellement servi à rémunérer les deux dirigeants de l’association, dont l’essayiste Mohamed Sifaoui pour 120 000 euros net, une autre partie de ladite subvention ayant financé la location d’un bureau situé … avenue Montaigne à Paris.
Parmi les irrégularités relevées par l’enquête sus-mentionnée, citons le financement de vidéos sur YouTube cumulant quelque 200 vues, sur un compte Instagram regardé par 155 followers et un compte Facebook suivi par cinq personnes.
Parallèlement à des perquisitions s’inscrivant dans le cadre de l’information judiciaire ouverte le 4 mai par le Parquet national financier pour détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d’intérêts , une Commission d’enquête au Sénat dirigée par Claude Raynal, Président de la commission des finances et Jean-François Husson, Sénateur, et chargée de faire toute la lumière sur les modalités de fonctionnement du fonds Marianne a auditionné cette semaine les principaux acteurs du dossier dont la secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire et à la vie associative, Marlène Schiappa, et Mohamed Sifaoui, coresponsable de la principale association bénéficiaire : leurs auditions d’une teneur inqualifiable doivent être regardées par chacun, l’une comme l’autre laissant le spectateur édifié après qu‘il a écouté les premières explications de Marlène Schiappa via son communiqué du 7 avril et celles de Mohamed Sifaoui évoquant « un salaire touché en contrepartie d’un travail bel et bien effectué », et « un dépôt de plainte pour dénonciation calomnieuse ».
Ladite Commision rendra ses conclusions via un rapport début juillet.
À noter : la démission le 6 juin du Préfet Christian Gravel, responsable de la gestion du fonds, après la publication d’un rapport accablant.
À noter : le site Mediapart a rapporté pour sa part d’autres irrégularités.
À noter enfin : la consternation de la famille de Samuel Paty qui s’est dite particulièrement heurtée par les révélations faites par voie de presse.
Extraits d’auditions
À écouter : un extrait de l’audition le 15 juin de Mohamed Sifaoui, bénéficiaire de la dotation la plus importante du fonds, qui explose d’arrogance et d’indignation surjouée et s’estime manipulé par le pouvoir politique, puis un extrait de celle de Marlène Schiappa, laquelle s’escrime vainement depuis à donner le change sur les Réseaux sociaux en narrant à la France ses activités autres.
Sarah Cattan
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