Laurence de Cock accusée de plagiat et d’“invisibilisation” par un auteur martiniquais. Débats fratricides au Tribunal

Laurence de Cock. Photo © Wikimedia Commons


Je souhaite en préalable insister sur le fait que j’ai hésité à écrire ce texte car pour reprendre les conclusions de Georges Bensoussan quand il présentait son livre « Un exil français » et racontait son procès, cette affaire De Cock n’a pas grand intérêt au regard de ce que nous somme amenés à vivre aujourd’hui collectivement ou personnellement …

Toutefois, si une fois de plus nous « laissons faire », nous restons indifférents à ce qui se joue au travers de cette sordide confrontation , nous acceptons de facto que ce qui fait la qualité de la recherche et donc de l’enseignement et de l’éducation soit dégradé car confié à des êtres qui se révèlent être de purs imposteurs.

Je rappelle que Laurence De Cock a « charge d’âmes », enseigne en lycée et forme les futurs enseignants.
Pour rappel: À l’occasion d’un « À voix nue » en hommage à Alain Touraine, « France Culture » fait entendre le sociologue qui déclare avoir, après 1968, « comme beaucoup lâché prise et laissé faire » … Les résultats sont là, hélas.

***

Vendredi 09 juin 2023, la tenue d’un procès au  Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu publique une longue affaire   de plagiat et  de diffamation opposant deux intellectuels, Laurence de Cock et Zaka Toto. La décision de justice est mise en délibéré et sera connue en décembre prochain. Sur le fonds, des références vous sont communiquées à la fin de ce compte-rendu, car il convient de respecter la présomption d’innocence.

Pour faire vite, Laurence de Cock se voit reprocher par Zaka Toto d’avoir utilisé son travail sans le citer, alors qu’elle avait au cours d’un séjour en Martinique en février 2020 souhaité écrire un article publié chez « Politis », Revue en ligne de laquelle elle est collaboratrice régulière.

D’après Zaka Toto, il n’y eut ni excuses ni reconnaissance officielles à ce manquement déontologique. Par la suite cela semble s’être dégradé, Laurence de Cock décidant de porter plainte pour calomnies, harcèlement sur internet, assignant aussi « Valeurs Actuelles » en justice pour la publication d’un article considéré  à charge.

Depuis février 2020, rien dans la presse, surtout dite de gauche, n’a été diffusé,  à part sur « Arrêt sur Images », qui n’est pas attaqué par l’avocat de Laurence de Cock …

Quant à Zaka Toto, il a pris la décision de publier régulièrement sur son compte Twitter et sa revue en ligne les informations le concernant. Encore une fois, il vous est laissé la liberté de vous faire un avis sur cette confrontation, révélatrice de la dégradation actuelle du débat d’idées.

Pourquoi cependant se faire l’écho de cette aventure judiciaire en cours ?

Laurence de Cock n’est pas une inconnue. Enseignante d’Histoire Géographie dans le secondaire et chargée de cours à l’Université en Sciences de l’Éducation, (https://independent.academia.edu/LaurenceDeCock/CurriculumVitae),  elle est surtout connue pour ses prises de position politiques d’extrême gauche ( NUPES etc …) et  attachées à la reconnaissance des droits des minorités « racisées ».  Cela est tout à fait légitime tant que cela ne transforme pas son travail  d’historienne en tribune politique selon un scénario conforme à ses références idéologiques.  

Zaka Toto est un historien martiniquais, doctorant et inscrit dans le courant décolonial contemporain. Ce n’est pas un inconnu, son travail est publié et cité (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-l-histoire/histoire-et-usages-politiques-de-l-esclavage-3711646 référence en date de 2018 )  Il appartient donc à un champ politique dont se réclame Laurence de Cock et leur combat pour la reconnaissance du passé  colonial de la France devrait les réunir !

Hélas,  à la lecture des prises de position des uns et des autres,  apparaissent  très vite les limites des choix politiques revendiqués par une certaine gauche. Depuis plusieurs années, au nom de la mise en lumière de l’Histoire des minorités (religieuses, politiques, ethniques etc) , on assiste à une réécriture des publications historiques notamment.

Laurence de Cock comme beaucoup de ses  compagnons de route  doit sa  notoriété au sujet traité et au parti pris assumé. Mais contrairement à leurs certitudes, cela ne suffit pas ou plutôt ne suffit plus pour garantir leur appartenance au prétendu « camp du bien »: en effet, au-delà de la faute intellectuelle reprochée (le plagiat ou tout du moins le non référencement de sources), Zaka Toto et ses défenseurs dénoncent la continuité du paternalisme et de la posture du « blanc », du métropolitain ou autre dominant à leur égard. Voilà Laurence de Cock acculée à répondre à son tour des accusations de racisme et de condescendance à l’égard des minorités dont elle a instrumentalisé la cause.

Au final, cet affrontement met à jour ce qui se joue aujourd’hui au sein du monde universitaire et intellectuel, à savoir un travestissement de l’engagement et de l’intégrité mais aussi de la qualité des textes publiés.   

Cette triste affaire est aussi emblématique de la construction médiatique faite autour de beaucoup d’intellectuels intouchables, confrontée à la complexité de la recherche.  Zaka Toto, au-delà de l’accusation de plagiat, souhaite remettre à sa place Laurence de Cock, prise au piège de la condescendance parisienne et « dominante ». L’essentiel de son argumentation repose sur la dénonciation de la permanence de ce mépris post colonial que l’appartenance à l’extrême gauche ne fait pas disparaître.  Enfin, la solidarité entre membres du camp du bien, qui semblait inébranlable car fédérée par ce combat contre le racisme et l’extrême droite, vacille. (cf. tribune d‘Edwy Plenel parue lundi  12 juin https://blogs.mediapart.fr/edwy-plenel/blog/120623/un-proces-et-un-article-malvenus )

 Il est intéressant de constater que beaucoup de ses soutiens s’autorisent depuis la tenue du procès à des pas de côté. Trop c’est trop, pour reprendre l’idée dominante des échanges lus depuis ce dernier vendredi ! L’impunité dont bénéficiait Laurence de Cock depuis des années semble remise en cause, sa légèreté intellectuelle et la violence de certains de ses engagements menaçant de discréditer le métier d’historien duquel elle se réclame.

PS : certains d’entre vous connaissent sans doute « un peu » Laurence de Cock, car en 2015 elle est à l’origine du Procès qui sera intenté à Georges Bensoussan:

Elle a adressé une lettre à Smaïn Laacher, suite à l’émission « Répliques » , pour l’inciter à porter plainte contre Georges Bensoussan. Elle a, accompagnée de professeurs d’histoire-géographie, publié une tribune sur Médiapart, demandant que le Mémorial de la Shoah mette fin aux fonctions de Georges Bensoussan et n’a eu de cesse de disqualifier le travail et les propos de l’historien, contribuant ainsi à son invisibilisation. 

L’ouvrage de Georges Bensoussan, « Un exil français. Un historien face à la justice », aux Éditions de l’Artilleur, en témoigne. 

***

Pour info :

https://www.zist.co/2023/06/09/les-verites-ameres-de-laurence-de-cock/

https://twitter.com/ZakaToto?ref_src=twsrc%5Egoogle|twcamp%5Eserp|twgr%5Eauthor (compte twitter public de Zaka Toto)

© Marie Laurent

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