NOUS DE L’ESPERANCE
Le Roi du Ciel sculpte au long des jours le destin des hommes.
Le Maître de l’Univers parsème leurs route de lueurs fugaces, tandis que dans les hauteurs sans limites, leurs espoirs se dissolvent en veloutes bleues. Il n’en reste qu’une vapeur légère qui se dissipe plus vite qu’un nuage d’été.
« Nous de l’Espérance« , prophétisait Edmond Fleg, le poète qui surgit à l’aube de la résurrection de son peuple hébété sorti de l’enfer nazi qui a subjugué l’Europe et a commis le crime suprême au cœur de la civilisation : La Shoah qui visait la destruction des Juifs.
Il disait, Edmond Fleg, que la nuit la plus noire est la promesse d’une aube proche, que la voix des Juifs persécutés sur les routes du temps murmurait que le malheur sera défait par l’espérance d’un Monde pacifié, un Monde qui les aurait acceptés comme des frères accueillent d’autres frères. Nous sommes les élus de l’Espérance.
Mais les humains étaient sourds et leurs bouches restaient closes, elles ne s’ouvraient que pour maudire cette race de traitres, de renégats de la vraie foi, (les religions disposent de la vraie foi comme chacun sait)
La foi surgie de l’empire des « gentils » s’essouffle à annoncer « La bonne nouvelle« , l’autre foi, tardive, est issue des visions d’un bédouin nomade né dans les sables de l’Orient, Il révéla le Dieu uniques aux tribus arabes et les lança à la conquête du monde.
Ces croyants nouveaux contestaient Israël, alors qu’ils étaient issus de sa révélation.
Selon Léon Ashkénazi, le Maitre : « Les chrétiens nous contestent le Ciel, les musulmans nous contestent la Terre, et il ne nous reste que l’horizon », mais, ajoutait cet homme inspiré, notre horizon s’élargit avec la naissance de l’Etat d’Israël qui signe le retour des Hébreux sur leur Terre et de Judas à Jérusalem.
Nous fumes chassés deux fois. Nous avons erré longtemps sur les routes du temps: Pourchassés, massacrés, humiliés, nous fumes ballotés, dans l’attente vaine d’une délivrance toujours reportée depuis la nuit des temps. Alors, comme des feuilles tournoyant au vent d’automne, nous prîmes l’exil pour notre vraie patrie, nous pensant être chez nous alors que nous étions chez les autres (ibid), au sein de peuples haineux.
Nous fûmes tour à tour Égyptiens, Babyloniens, Mèdes, Romains, Ottomans, Polonais, Russes, Lithuaniens, Allemands, Français, Espagnols, Lusitaniens, Italiens, Anglais, Hollandais, Marocains, Tunisiens, Indigènes d’une Algérie sans nom, Canadiens, Américains, Portugais, Argentins, nous fûmes Caucasiens, Syriens, Libanais, Irakiens, Éthiopiens, Iraniens, Chinois et j’en oublie.
Nous avons adopté, selon le juste mot de Manitou, « une stratégie de survie » en revêtant les hardes du juif errant, en gardant intacte l’identité hébraïque enfouie au fond de nos mémoires.
On vit émerger une « religion juive » avec ses rites et ses célébrations aux côtés des religions nées sur ses traces, le Christianisme et l’Islam. Des synagogues se blottirent à l’ombre des cathédrales et des mosquées. On aurait bien voulu croire que trois religions « monothéistes » coexistaient dans une foi commune en un Dieu unique.
Malgré nos concessions aux usages du temps, nous ne fûmes crus ni par l’église ni par le temple ni par la Mosquée, car tous sentaient qu’un mystère planait sur cette supposée religion, leur mère maudite qui cachait un peuple singulier, attendant sa délivrance.
Nous n’étions nulle part acceptés, mais seulement supportés, ils disaient ces purs fidèles que nous complotions dans nos maisons et dans nos oratoires, pour dominer et assujettir les Nations par la ruse, le crime et le mensonge : Des puits empoisonnés du Moyen âge aux Protocoles des sages de Sion jusqu’aux vociférations des barbares nazis, le Juif devait être exclu, écrasé, anéanti sans pitié. Nous avons surnagé comme un peuple petit et misérable, lié à une Loi intemporelle sans se mélanger comme l’huile et l’eau qui se côtoient mais restent séparées. L’Espérance était notre seul recours pour ne pas sombrer.
Au lieu d’un Messie de paix, l’Europe a ressuscité Amalec, quand de son cœur germain, surgit l’abomination qui se proclama la race des seigneurs qui devaient rédimer l’Humanité, la nettoyer de ses éléments nocifs dont les Juifs étaient le signe et le ferment.
La nuit barbare s’abattit sur le Monde et s’engagea sans remords à détruire les Juifs.
Tristan Bernard a pu écrire : « Nous étions dans l’angoisse, maintenant nous serons dans l’espoir ».
Le Reich de mille ans s’effondra sous les coups d’armées immenses qui découvrirent la « catastrophe » et le péché impardonnable de l’Allemagne. Les Alliés découvrirent des squelettes encore vivants en guenilles, errant parmi les morts jetés en vrac, nus et décharnés
Le peuple juif, jusqu’au au fond de l’horreur, a conservé en son âme immortelle l’espérance que le malheur n’est pas éternel.
A l’Est, sur les bords du Jourdain, une étoile invisible née au cœur de la nuit grandissait à mesure que les bâtisseurs venus des immensités russes défrichaient, asséchaient les marais putrides, labouraient les sols abandonnées depuis deux mille ans.
Ces Pionniers donnaient couleur à cette Terre oubliée de tous, sauf des Juifs qui en gardaient la souvenir au plus profond de leur mémoire.
Le vieux pays se remit à battre, le serment du Dieu d’Israël se concrétisait par des matérialistes opposés aux promesses et aux inhibitions des Maisons d’étude.
Ils avaient la Pioche et le fusil pour viatique, ces sionistes qui furent le cœur battant d’Israël. Le Rav Kook et Manitou ont vu que derrière le sionisme se levait le doigt de Dieu.
Mais la Bible dit exactement cela : « L’Eternel a créé un Peuple pour le célébrer, une Terre pour y demeurer, pas une yéchiva pour pratiquer une religion. Le Maitre du Ciel a créé un peuple à part pour l’emmener dans un pays à part, pour que sa Majesté puisse séjourner parmi ses enfants qui seront enfin en paix ».
La Bible nous enseigne que les hébreux entouraient le tabernacle en cercles concentriques dont le plus proche était constitué par les Levi, dont le rôle ultime est le Chant qui nous conduit chez nous.
La prophétie aujourd’hui se reconnait dans la poésie, preuve suprême que l’alliance des jours anciens n’a jamais été rompue entre l’Absolu et le peuple béni.
L’espérance s’est inscrite dans l’Hymne national d’Israël, en signe que la paix viendra un jour sécher les larmes des vivants.
© Charles Baccouche
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