L’intervention héroïque d’Henri, un jeune homme de 24 ans, a permis d’éviter un plus grand nombre de victimes lors de l’attaque d’Annecy,le 8 juin. L’écrivain loue le courage de cet étudiant en philosophie, qui incarne à merveille les profondeurs chrétiennes de la France.
Auteur de nombreux livres,Robert Redeker a récemment publié « L’Abolition de l’âme » (Éditions du Cerf). Il est aussi l’auteur de « Les Sentinelles d’humanité Philosophie de l’héroïsme et de la sainteté », aux éditions Desclée de Brouwer.
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Plus encore que dans le criminel et son forfait, l’inattendu, dans la terrible agression d’Annecy, tient dans la personnalité du héros qui a protégé les enfants. Henri, ce héros, est le personnage philosophiquement le plus significatif de cet événement, incarnant « la merveilleuse visite » dont Marcel Carné fit le titre de l’un de ses derniers films.
Catholique, croyant, pratiquant, ancien chef scout, pèlerin pédestre marchant de cathédrale en cathédrale, passionné par le patrimoine religieux de notre pays, ce jeune homme, qui semble sorti tout droit d’un livre de Péguy, coagule l’ensemble des traits anthropologiques détestés par l’idéologie dominante. Représentant ordinaire du catholicisme français, Il figure le type humain que la galaxie progressiste veut enfermer dans les poubelles de l’histoire. C’est qu’aux yeux de cette idéologie, ce genre de personne, qui freine l’avancée de la modernité, c’est-à-dire en réalité la liquéfaction et liquidation de notre civilisation, ne devrait plus exister. L’existence de ces hommes et femmes est une aberration. Leur survie en plein XXIe siècle une anomalie. Et pourtant, le héros c’est lui, l’un d’eux – l’un des « en trop » du merveilleux monde d’après la civilisation française ! Henri est un héros qui ne devrait pas l’être.
Henri un héros qui ne devrait pas être
Henri ne figure pas parmi ces héros dont les dames-patronnesses du festival de Cannes, du show-business dans son ensemble, vont, la larme à l’œil hypocrite, célébrer les vertus. Il renverse l’ordre qu’elles – et Télérama, Le Monde, Les Inrocks, sans omettre le service public audiovisuel, avec elles – imaginent être celui du Bien. Le mol oreiller du confort de penser, qui repose leur conscience, ne peut les amener à comprendre que l’agresseur s’inscrit dans la catégorie sainte, en béatification médiatique permanente, du migrant et du demandeur d’asile, bref de la rédemptrice altérité missionnée pour nous débarrasser de nous-mêmes, alors que le héros provient justement de ce nous-mêmes tant honni.
Certains éprouvent de la gêne devant l’ignorance dans laquelle nous sommes tenus de son nom de famille. A tort. Ce seul prénom est le nom collectif adopté en cette occurrence par le peuple français plongeant dans ses racines chrétiennes. Henri, cela signifie, au moment de cet acte d’héroïsme : la France chrétienne. Pour s’en désoler, ou pour s’en réjouir, les castes élitaires glosent souvent sur la disparition du peuple français, celui des bâtisseurs de cathédrales et des paysans qui dessinèrent la figure de nos provinces. A travers Henri, c’est pourtant ce peuple qui a agi, qui a parlé, qui, remontant de profondeurs de l’histoire, s’est manifesté. Le syntagme n’est pas seulement démographique : il est également historique.
Français ordinaire et incarnation de la France profonde, des profondeurs chrétiennes de la France, Henri est ipso facto un héros mauvais genre. Un héros aussi embarrassant aux yeux de certains qu’Arnaud Beltrame dont il est pertinent de le rapprocher. Aussi embarrassant que cette nombreuse jeunesse qui participe au pèlerinage de Chartres.
La merveilleuse visite – la question de Marcel Carné se posait ainsi : ce Jean, apparu sur la plage, était-ce un ange ? A travers ce héros, Henri, celle que l’on cache, dont on couvre le visage du voile du progressisme, celle que l’on ne veut plus voir, que l’on essaie de réputer morte, que l’on espère décomposée après l’avoir décrite moisie, bref la France « éternelle », fait irruption dans notre actualité. Rien de plus pur que l’héroïsme, dont l’humilité et la simplicité sont l’écrin de cet Henri. Dans ce jeune homme, si médiéval et tellement plus moderne que la plupart de ses contemporains, aux yeux de tous, l’éthique de la chevalerie française, vient à se réincarner.
Qui est Henri ? Un ange, – peut-être. La France toujours recommencée -sans aucun doute. Un chevalier que saint Louis eût pris avec lui, – assurément.
© Robert Redeker
Henri, un jeune Français catholique, plutôt traditionaliste, scout d’ Europe je crois. Il a agi aussi justement car il a été élevé, éduqué, formé pour réagir de cette façon. Sauver son prochain, avoir le sens du sacré et du sacrifice, savoir qu’il y a des choses plus grandes que soi, être conscients de la grandeur de ceux qui nous ont précédés, être conscients que nous sommes les héritiers d’une nation et que, de temps en temps, ça nous oblige.
@Joseph1 Ce que vous venez de décrire (avec justesse) représente précisément l’antithèse du macronisme. (ou macro melanchonisme). Cette noblesse d’âme et cette manière civilisée d’etre un humain, cet altruisme et cette éthique représentent tout ce que détestent les macro melanchonistes, tout ce qu’ils cherchent à détruire par tous les moyens. Et ils y parviennent, lentement mais sûrement.
Quel beau et emouvant portrait de ce jeune Henri est dressé là !
Comme il est heureux dans cette France ou la jeunesse desespere trompant son désœuvrement entre le rap, l alcool et la drogue, de voir que des jeunes animés par de nobles sentiments n’hésitent pas à s exposer au danger pour voler aux secours des plus fragiles.
Bravo Henri, votre exemple nous inspiré et nous oblige