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Marjane Satrapi: pour les Iraniens, « rien n’est pire que l’indifférence »

Peu importe sous quelle forme, « le peuple iranien » a besoin « du soutien du reste du monde », plaide Marjane Satrapi. 

« Il n’y a rien de pire que de ne rien faire ! J’ai vu plein de trucs critiquant les actrices qui se coupaient une mèche en soutien au mouvement en Iran, relève la créatrice de « Persepolis » ou « Poulet aux Prunes ». « En soi, on peut critiquer tout. Mais au moins, on fait quelque chose. Il n’y a rien de pire au monde que l’indifférence ».

Pourtant, comment s’engager pour son pays natal quand on n’a pas pu y mettre les pieds depuis deux décennies? Comment soutenir des adolescents qui manifestent au péril de leur vie, quand on a passé la cinquantaine, et qu’on vit à Paris? 

Marjane Satrapi a fédéré plusieurs bonnes volontés pour tourner une version de la chanson « Baraye », l’un des symboles du mouvement: A l’écran, sur un arrangement de Benjamin Biolay, les interprètes s’appellent Camille Cottin, Chiara Mastroianni, Yael Naim ou encore Hugo Becker et Harry Roselmack, et chantent dans un persan phonétique.

« Je me suis dit, il faut que les Français chantent en persan, parce que c’est un message qu’on envoie aux Iraniens. Il n’y a rien de plus touchant que quelqu’un qui essaie de te parler dans ta langue ».

Marjane Satrapi a tenu à ce que le casting soit mixte: « Il y a plein de garçons là-bas qui se font tuer! Ce truc de nous, entre femmes, on va sauver le monde, ça ne marche pas! », s’exclame-t-elle, soulignant que « toute la beauté du mouvement iranien » est « d’avoir été initié par les femmes et rejoint par les hommes ».

Le clip utilise aussi quelques images de « Persepolis », son oeuvre autobiographique, rappel amer que la répression est toujours sanglante en Iran, « 40 ans après ». 

Depuis le début des manifestations, Marjane Satrapi, l’un des visages de l’Iran en France, a eu une parole assez rare. « Je ne suis pas retournée en Iran depuis 22 ans maintenant, qu’est ce que je vais aller parler pour eux, je ne suis pas représentante de la jeunesse iranienne ! Aller faire partout mon intéressante pour parler au nom du peuple iranien, socialement, ça aurait été super, genre Marjane Satrapi la passionaria iranienne… Mais totalement indécent », ironise-t-elle.

Elle reste cependant convaincue que les marques de soutien sont cruciales.

TJ
Bédéiste et réalisatrice, l’auteure de « Persepolis » excelle aussi dans le domaine de la peinture 

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