Marre de la police des moeurs et de la garde des corps.
Je n’aime pas du tout les strass de la croisette, de quoi vomir le cinéma et le rouge du tapis.
Mahlagha Jaberi, iranienne, se montre ainsi à Cannes pour dénoncer les pendaisons et les arrestations de femmes qui ont le courage de se dévoiler.
Et que pleuvent les insultes. Misère, pauvres de nous.
Je pense au poème de Nizar Qabbani, « Ne vous en déplaise » :
« Ne vous en déplaise,
J’entends éduquer mes enfants à ma manière; sans égard pour vos lubies ou vos états d’âme…
Ne vous en déplaise
J’apprendrai à mes enfants que la religion appartient à Dieu et non aux théologiens, aux Cheikhs ou aux êtres humains.
Ne vous en déplaise
J’apprendrai à ma petite que la religion c’est l’éthique, l’éducation et le respect d’autrui, la courtoisie, la responsabilité et la sincérité, avant de lui dire de quel pied rentrer aux toilettes ou avec quelle main manger.
Sauf votre respect,
J’apprendrai à ma fille que Dieu est amour, qu’elle peut s’adresser à lui sans intermédiaire, le questionner à satiété, lui demander ce qu’elle souhaite, loin de toute directive ou contrainte.
Sauf votre respect,
Je ne parlerai pas du châtiment de la tombe à mes enfants qui ne savent pas encore ce qu’est la mort.
Sauf votre respect,
J’enseignerai à ma fille les fondements de la religion, sa morale, son éthique et ses règles de bonne conduite avant de lui imposer un quelconque voile. »
Je pense à ces mots d’Amin Maalouf :
« La religion c’est important, mais pas plus que la famille, pas plus que l’amitié, et pas plus que la loyauté. Il y a de plus en plus de gens pour qui la religion remplace la morale. Ils te parlent du licite et de l’illicite, du pur et de l’impur. Moi, j’aimerais que l’on se préoccupe plutôt de ce qui est honnête, et de ce qui est décent. Parce qu’ils ont une religion, ils se croient dispensés d’avoir une morale. »
***
Cette jeune femme me touche infiniment.
Je n’ai pas de fille. Que lui aurais je transmis ?
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque . A te regarder, ils s’habitueront. ” René Char
C’est en quelque sorte nue qu’elle va vers son risque.
Que lui aurais-je dis encore ?
« Va nue, seins nus, ma fille ».
Oui.
Je dois dire que la méconnaissance de leur histoire par les zélateurs de morale me questionne, les champs aveugles me questionnent.
A retrouver urgemment, absolument, pour nos enfants, l’histoire des femmes du désert qui allaient seins nus au combat. Oui, messieurs, mesdames, elles allaient seins nus au combat, porteuses de bannières, chair à lance.
Avec cette jeune et noble femme. Sans conditions. Mon soutien est sans appel. Lapidaire à sa manière.
Des références ? Un effort, encore à effort, pour vous.
Lasse, ce matin, très lasse, je ne les fournirai pas.
© Elham Buissière
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