De la même manière que Michel Houellebecq tourne des films pornos à l’insu de son plein gré, il donne des entretiens à « Front Populaire » à l’insu de son plein gré. Cet homme qui a raconté jadis qu’il ne donnerait plus d’entretien, promis, juré, craché, en donne toujours en quantité, probablement aussi à l’insu de son plein gré. C’est fou ce que cet homme fait à l’insu de son plein gré !
Ces temps-ci, après ses délires, et à la faveur d’un opuscule d’auto-défense qu’il publie pour se défendre, mais dans lequel il aggrave son cas, la presse lui donne la parole complaisamment et il répond en enchaînant et en accumulant les mensonges comme s’il avait été le seul à vivre ce qu’il raconte alors que d’autres peuvent témoigner qu’il affabule dans les grandes largeurs – quantité de mails, pour l’heure privés, en attestent.
Nous avons enregistré six heures d’entretien dans les locaux de TéléParis, à Levallois, pour le numéro spécial de la revue « Front Populaire » en présence de Stéphane Simon. Nous avons fait une pause déjeuner sur place, toujours avec Stéphane Simon. C’est au même Stéphane Simon qu’il envoie un mail quelque temps plus tard en lui disant ignorer qui il est… Nous pouvons attester, au moins pour ce jour-là, que sa consommation d’alcool ne peut lui servir de prétexte pour expliquer qu’il ne se souvient de rien. Pour une fois, il a bu raisonnablement.
Dans cet ordre d’idées, on peut comprendre qu’au lit avec une femme vaguement vénale ayant l’âge d’être sa fille, les photographies témoignent de son corps de sexagénaire abimé enlacé avec cette chair fraîche, il a aussi copulé à l’insu de son plein gré avec l’accord de sa femme, un accord donné lui aussi, évidemment, à l’insu de son plein gré. Les caméras, le preneur de vue, les éclairages, le dispositif cinématographique, rien de tout cela ne l’aura convaincu que ses ébats étaient filmés. Le plein gré vous dis-je !
Bien sûr, premier de la liste, le « Journal du dimanche » déroule le tapis rouge à Houellebecq sans se soucier d’un témoignage contradictoire : il me salit, mais personne ne me demande ma version. Idem à « France Culture », idem chez Trapenard, idem partout ailleurs. J’ai l’habitude du procédé. Il est vrai qu’il y a des ventes et de l’audience à faire, ce qui ne se refuse pas quand on évolue dans ce milieu, la morale pourra bien attendre, la vérité aussi.
Je vais donc donner ma version.
Houellebecq ment éhontément en affirmant qu’il n’a pas relu son entretien avec assez d’attention vu son « passif avec l’islam » : il l’a tellement relu avec attention qu’il l’a corrigé en outrant son propos malgré ce fameux passif : il a ajouté ces mots que les associations musulmanes lui reprochent et qui ne se trouvaient pas dans la version orale.
Il va de soi que j’ai relu et corrigé ma partie, pas la sienne qu’il m’aurait fallu comparer à ce qu’il avait dit mot à mot pendant six heures pour s’apercevoir qu’il l’avait modifiée, et ce dans l’intention de frapper plus fort contre l’islam.
J’ai sollicité « Le Figaro » et « Le Point », ce que je ne fais jamais, afin d’écrire des textes de soutien alors que l’orage s’abattait sur lui. J’aurais pu ne rien dire, rester tranquille, faire le dos rond et ne prendre aucun risque personnel, rien ne m’y obligeait, sinon une certaine conception romaine de la dignité. Dans « Le Figaro », j’ai appelé à une rencontre et à un débat public avec le recteur de la mosquée de Paris plutôt qu’à des procès. Houellebecq a rencontré en catimini le recteur avec le Rabbin Haïm Korsia. J’ai découvert ce rendez-vous par la presse, comme tout le monde. Houellebecq ne m’a rien dit puisqu’il s’est mis aux abonnés absents depuis cette époque-là.
J’ai appris, toujours par la presse, qu’il a annoncé au Recteur, qui ne m’a jamais contacté après ma lettre ouverte à lui destinée, que nous étions convenus de publier le texte de cet entretien sous la forme d’un livre et qu’à cette occasion il retirerait les propos incriminés – propos rajoutés lors de sa relecture, je le précise à nouveau. Le Recteur aurait dit qu’il ne voulait pas attendre le délai qu’exigerait la parution d’un pareil livre.
Nouveau mensonge : Houellebecq et moi étions convenus très exactement de l’inverse, cinq amis présents chez moi ont entendu ce jour-là la conversation téléphonique entre lui et moi concernant ce sujet et pourraient en attester. J’ai souhaité ne pas faire de cet oral retranscrit par écrit un livre, mais je lui ai proposé un tout autre ouvrage à partir de questions thématiques qui nous auraient permis de composer ce livre, de le structurer. Il a donné son accord à ce projet. Je le redis : il a donné son accord à ce projet qui n’était pas réédition de l’entretien. Nonobstant, toujours à l’insu de son plein gré, il engage des tractations avec le recteur de la mosquée de Paris sur une autre base, mensongère elle aussi donc. Cet homme ment à tout le monde, le pire étant qu’il se ment aussi à lui-même.
Il ne s’est manifesté que pour demander la sortie des kiosques du numéro de « Front Populaire ». Je n’ai pas répondu, sciemment, c’est Stéphane Simon qui lui a écrit qu’il n’y aurait pas de retirage, c’était notre geste d’apaisement, mais pas pour autant de descente dans les points presse, avec camions spécialement diligentés pour conduire les volumes incriminés à l’autodafé, il en restait d’ailleurs peu. C’est à la réception du mail de Stéphane Simon qu’il a demandé… qui était Stéphane Simon avec qui il avait passé la journée de l’entretien !
Insultant, il invoque dans son opuscule notre « âpreté au gain » qui expliquerait notre refus de retirer le reliquat d’exemplaires encore en place dans les points de vente. Si nous avions été animés par le gain, nous aurions procédé à un retirage et à une remise en place : nous avons refusé ce qui aurait pu être pris cette fois-ci pour une provocation par les autorités musulmanes qui avaient fait savoir leur courroux. Nous avons également refusé de retirer une version amendée comme il le souhaitait.
Nous disposons du mail qui atteste que Houellebecq a refusé les droits d’auteur que nous lui proposions. Comment peut-il arguer d’un manque à gagner de 225 000 euros puisque cet entretien s’est fait sans contrat d’auteur, son agent et son éditeur ne le savent que trop, pour lui comme pour moi ? Il disait alors souhaiter intellectuellement ce débat, en dehors de tout dispositif contractuel financier.
J’ai gardé par devers moi toutes ces informations qui ne sont vraiment pas à son avantage. Mais Houellebecq se répand partout et m’expose publiquement, dans un livre et sur tous les plateaux de télévision, devant tous les micros que les journalistes lui tendent, assoiffés de sang, et rien ne m’oblige à sacrifier mon honneur pour cet homme qui ignore le mot tout autant que la chose, car il est sans autre foi et sans autre loi que de lui-même. Le mensonge, le travestissement, la veulerie, la couardise sont de son côté ; pas du mien.
Pourquoi tant de mensonges ? Tant de bêtise à croire qu’on le laissera ainsi délirer, affabuler, mystifier, abuser, berner publiquement tout le monde, alors que nous disposons de tous les échanges de courriels qui certifient ma version – et qui sont à la disposition de la justice bien sûr ?
Faut-il croire que le Nobel lui ayant récemment passé sous le nez, raflé par Annie Ernaux, il souhaiterait ainsi reconquérir le jury du prix suédois avec ce bref texte composé d’affabulations, de mensonges, de tromperies ? Doit-on imaginer pareille veulerie mentale, pareil cynisme intellectuel, pareil avachissement moral ? Pareille petitesse chez le prétendu Grand Écrivain ?
J’ai jadis écrit un livre pour dire tout le bien que je pensais de « Soumission », ce roman de la collaboration, de toute collaboration. J’ignorais que, si ce texte tapait juste, c’est qu’il s’agissait d’un autoportrait. Je n’avais pas vu qu’il était un héros de son roman – le héros de son roman. Je pensais qu’il n’était que le miroir du nihilisme, il est en fait sa photographie en haute résolution.
© Michel Onfray
https://frontpopulaire.fr/societe/contents/houellebecq-heros-de-soumission_tco_22057833
Quelle petitesse ! Les remarques sur la vie privée et l’épouse de Houellebecq (« ayant l’age d’etre sa fille ») sont indignes d’un « philosophe ». J’aimais bien Onfray mais décidément rares sont les personnes que j’estimais ayant gardé mon respect. Misère de la littérature (Houellebecq) et misère de la philosophie (Onfray que pourtant J’appréciais).
Ah, ah, ah! J’avoue que j’ai été très étonnée par le revirement de Houellebecq cadrant mal avec l’image que je m’étais faite de lui. Quand on dit d’une manière lapidaire et brutale « l’islam est la religion la plus con » (cela veut dire que les autres le sont aussi mais que le grelot c’est pour l’islam) donc quand on ose dire cette phrase, je pensais bêtement que cet homme n’avait peur de rien et ne craignait rien. Puis, il a suffit que la Mosquée se fâche pour qu’il devienne craintif et peureux comme une femmelette.
Sur le fond MO a raison, mais les attaques relatives à la vie privée et l’épouse de Houellebecq (au quatrième paragraphe) sont indignes de lui : cela vole très bas.