Monsieur le Président du Sénat, M. Gérard Larcher, Monsieur le Président de la commission des lois, M. François-Noël Buffet,
Comme quiconque, je n’étais pas préparée à subir la violence d’un attentat terroriste, ni, de surcroît, à entendre le hurlement de ma mère m’annonçant que mon frère avait été décapité. Il y eut cet état de peine et de tristesse innommables – comment pourrais-je les nommer, n’ayant jamais ressenti une telle douleur auparavant ? Il y eut cet état de choc post-traumatique altérant toute capacité de penser et d’agir. La sidération passée, il ne reste plus que la douleur et des questions ; ces questions, pourtant légitimes, ont obtenu jusqu’à présent pour seule réponse : « Il ne faut pas se tromper d’ennemi. »
Cette phrase, on n’a eu de cesse de me l’adresser, sans conviction ni vertu, pour m’astreindre à regarder l’ennemi commun en tant que mal unique. Combattre ceux qui commettent de tels crimes est une évidence ; néanmoins, le partage de responsabilité invoqué judiciairement m’empêcherait-il de souligner que l’inaction des hommes dits « de bien » pourrait être mise en cause ? Les « méchants » qui endossent le rôle de méchants, cela reste cohérent. Mais les « gentils » qui oublient d’endosser celui de gentils, comment les nomme-t-on ? Mon frère, Samuel Paty, n’a-t-il pas rempli sa part du contrat social pour que l’État ne lui ait pas assuré sa protection ?
La défense de certains prévenus mis en examen se base sur l’absence de réaction des services de protection. Cela est censé démontrer qu’ils ne sont en rien coupables : « Si, avant les faits, je n’ai pas été défini comme une menace, pourquoi le serais-je après ? » Dans le cas de l’assassinat de mon frère, l’absurdité de cette situation est illustrée par la volonté, en amont, de « ne pas faire de vagues », générant une minoration des menaces qui pesaient contre mon frère et une absence de protection ; en aval, c’est cette même volonté de « ne pas faire de vagues » qui finit par donner des arguments de défense à ceux que l’on nomme « ennemis ».
Ceux qui ont fait campagne contre mon frère avant son assassinat seront jugés pour « association de malfaiteurs terroristes criminelle ». Le PNAT (parquet national antiterroriste) a choisi cette qualification en la justifiant ainsi : « L’enquête n’a pas permis d’établir qu’ils avaient précisément entendu favoriser l’assassinat de Samuel Paty, ce crime n’étant que l’une des conséquences possibles et prévisibles de leurs agissements au même titre que d’autres crimes d’atteinte à l’intégrité physique ou à la vie ». Alors, s’il était « possible » et « prévisible » qu’il soit a minima agressé physiquement, pourquoi mon frère n’a-t-il pas été mis sous protection ? C’est en vertu de ce «pourquoi » que, le 6 avril 2022, ma famille a déposé plainte pour non- empêchement de crime et non-assistance à personne en péril. Cette demande d’enquête vise effectivement des personnes occupant des postes de « responsables ». Avec des responsables aux comportements irresponsables qui ne reconnaissent aucune responsabilité, comment voulez-vous établir des mesures correctives, qui ne relèvent plus du choix, mais de l’obligation ?
C’est la raison pour laquelle je souhaite solliciter auprès de votre Chambre la possibilité de demander des comptes aux personnes responsables de la mauvaise gestion, du traitement erronée de la menace pesant sur mon frère et du défaut de prévoyance qui en a découlé, facteurs qui sont à l’origine de sa mort. Ce comportement attentiste, qui consiste à agir lorsque le crime a eu lieu afin d’éviter toute stigmatisation et amalgame, illustre l’argumentation visant à éviter les confrontations avec la violence islamiste. Nous sommes arrivés au point tragique où l’on tolère le crime pour répondre au besoin émotionnel du criminel d’en commettre un. Le même scénario politico-médiatique se met en place après chaque attentat, lorsqu’on fait passer un tel événement pour une fatalité que nul ne pouvait prévoir, et que, dès lors, on considère que nul n’a failli. C’est bien sur ce point que le bât blesse. L’attentat contre mon frère ne ressemble pas aux autres attentats, il ne s’agit pas d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. À défaut de connaitre l’agresseur, le lieu ou le moment où il agirait, il me semble évident qu’il fallait protéger la cible désignée publiquement, sur le fondement d’informations connues de tous le 9 octobre 2020. La descente aux enfers de Samuel aura duré 11 jours, et nul ne pouvait l’ignorer.
Les responsables ne pouvaient se méprendre sur la gravité et la constance du péril, ni sur l’imminence de son agression. Bien qu’avertis, ils se sont pourtant abstenus d’agir, ou ont agi d’une manière totalement inefficace, eu égard à leurs connaissances, moyens et capacités.
Il faudra bien un jour établir toute la vérité sur cette histoire pour éviter effectivement toute récidive. L’État ne peut pas bafouer la valeur sociale ou morale de la loi, qui est censée s’appliquer à tous. L’État ne peut s’affranchir du principe de responsabilité, qui est la base du droit civil, en se créant une immunité de fait.
C’est pourquoi, Messieurs les Présidents, je viens ici vous demander l’ouverture d’une enquête parlementaire, afin d’établir les failles de ce drame et de tenter d’en colmater les brèches. Messieurs les Présidents ainsi que l’ensemble des Sénateurs, vous qui avez condamné à l’unanimité l’assassinat de Samuel Paty, délaissant votre traditionnel clivage, j’espère que vous agirez aujourd’hui dans le même esprit d’unité.
Comme j’ai eu l’occasion de le dire à la Sorbonne, le 15 octobre dernier : « On ne met pas un “oui, mais” après le mot “décapitation”, en France, on met un point. »
Mickaëlle Paty
Le pére de Abdullah Anzorov l’assassin de Samuel Paty, ayant été débouté, en première instance, du droit d’asile son récit de réfugié politique n’étant pas convaincant; il est quand même resté en France et c’est pour cela que Samuel Paty est mort.
Commentaire résumé : ce qui s’est passé là est tout simplement honteux et ceux qui ont laissé ce crime se commettre (pas la moindre protection) doivent rendre des comptes. L’avenir nous prouvera que nos gouvernants nous ont engagés dans une voie dangereuse pour notre pays. Pauvre France !
bonjour
ne jamais se taire.
ne jamais oublier
toujours défendre le vivre ensemble en respectant sans autre adjectif notre devise républicaine.
Courage
le président de l’association « les amis de Samuel Paty 85 »
Quand il s’agit d’un commentaire constructif apportant des précisions ou un jugement intelligent , il n’y a pas d’obstacle à sa publication même s’il est différent dans ses conclusions .
Mais on ne va pas publier un texte perfide et méchant destiné à soulager son auteur de sa dose d’agressivité .
De plus il faut se souvenir que Tribune juive est gratuit et ceux qui lui permettent de continuer d’exister ne sont pas disposés à recevoir insultes et méchancetés de lecteurs irascibles incapables du moindre geste de donateur.
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Chère Madame
Je ne peux que saluer votre courage à faire progresser les choses, en sachant combien ce combat est difficile. Votre frère reste, dans mon esprit, “Monsieur Samuel Paty“ comme on dit (ou devrait toujours dire) “Monsieur le Professeur“ ! Depuis l’attentat de Nice (où ma fille se trouvait) je tente de faire mon possible pour mettre en place “Nice Liberty Bell“ censée symboliser la lutte contre le terrorisme (mais ce serait trop long à expliquer ici). Il n’y a guère eu de soutien ni de Matignon ni de la Place Beauvau, ni de la rue de Grenelle. Nous avons bien sûr et par contre été sidérés par celui de Mme Marlène SCHIAPPA au sujet de votre frère. Cette cloche sur le profil de la Liberty Bell de Philadelphie est accompagnée d’une sentence qui fut d’abord piquée à mon ami BEN, “Pas de Paix sans Liberté“ et devenue depuis septembre en entendant M Gérald DARMANIN s’inquiéter d’un risque d’Al Qaïda et en relançant la Ville de Nice : “Pas de Paix sans Liberté, Egalité, Fraternité“ plus adaptée à un travail d’instruction civique (mon père, IDEN, a commis quelques ouvrages scolaires dans le passé sur le sujet) et pouvant, à la manière de BEN, être reproduite avec le concours de l’EN (j’envoie un LRAR en ce sens à notre cher Gabriel ATTAL) sur des fournitures scolaires voire des objets plus “tendance“ auprès des jeunes (des casquettes, des coques à mobiles…) histoire de mieux comprendre la laïcité de notre République et la séparation de la Religion et de l’Etat. Si bien sûr l’assassinat de M Dominique BERNARD à Arras m’a bien sûr profondément choqué (tout comme celui de Mme Stéphanie MONFERMÉ à Rambouillet comme d’autres encore…), j’ai été également interpellé par l’attaque à Bruxelles étant lié familialement à la Suède (comme à la Belgique). Je vais donc me tourner vers la Suède afin d’engager un fundraising pour Nice Liberty Bell (dont l’exploitation servira pour les victimes d’attentats en sachant combien c’est une goutte d’eau dans l’océan des besoins…) qui va de pair avec une réplique sonore du très vieux bourdon Emmanuel de Notre-Dame de Paris, réplique dénommée “Esméralda“ cela va de soi. Je suis par ailleurs l’artiste plasticien de Normandy Liberty Bell (actuellement au Musée de la Seconde Guerre Mondiale de la Nouvelle-Orléans USA en étant passée par la Maison Blanche en lien avec l’équipage de l’USS Cole victime en octobre 2000 d’un attentat terroriste dans le port d’Aden et avec le soutien de la PSSR) associé à la sentence (reproduite sur la Normandy Liberty Banner offerte à la PSSR) : “Accomplir des miracles rend encore plus libres“ qui reflète tant la prise de Omaha Beach au soir du 6 juin 1944 (le haut commandement américain qui n’y croyait plus a qualifié cela de miracle, et le matin du 6 juin à Philadelphie, le maire de la ville, alors M Bernard SAMUEL, avait toqué la Liberty Bell de sept coups pour LIBERTY et de douze pour INDEPENDENCE, sans doute pour conjurer le sort en croisant fortement les doigts) que la réponse à “arbeit macht frei“ belle phrase (qui eût pu être du Goethe de par sa fulgurance) que le cynisme nazi a rendu bien sinistre. “Accomplir des miracles“ serait désormais un message pour le Proche Orient, aux gens de bonne volonté comme on dit, mais bon ont-ils les manches retroussées ? Pour ma part je poursuis humblement et comme le rappelait Marcel PROUST (pour envoyer paître un éditeur qui souhaitait le détourner de sa Recherche) reprenant un illustre prophète : “non possum descendere, magnum opus facio“. CHV