Odette Varon-Vassard aime Paris et son printemps.
Elle aime transmettre et j’ai aimé l’écouter autour d’un thé, à la terrasse d’un bistrot parisien.
Elle est historienne, a écrit sur la déportation et l’extermination des Juifs grecs à Auschwitz-Birkenau et à Treblinka en 1943 et 1944.
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Les Juifs grecs étaient en grande majorité des sépharades, qui s’étaient installés à Salonique après leur expulsion d’Espagne en 1492.
Ils parlaient judéo-espagnol et priaient en ladino.
« Parfois je pense qu’être sépharade aujourd’hui, même si on ne parle plus vraiment la langue, même si on la comprend seulement un peu, c’est aussi partager la nostalgie de cette langue et être chaque fois ému en l’entendant.
D’ailleurs la nostalgie n’a t-elle pas constitué depuis toujours un élément structurel de l’identité sépharade, depuis l’expulsion ? »
Moi aussi, j’éprouvais cette nostalgie de l’exil, lorsque j’entendais le judéo-arabe de mon grand-père, même si je le comprenais à peine.
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Lorsque les premiers Juifs d’Espagne arrivent à Salonique à la fin du XVème siècle, il existe déjà une petite communauté juive de 2000-3000 personnes. Ces juifs « romaniotes » sont hellénophones et présents depuis l’Antiquité, certains depuis la visite de Paul de Tarse.
Ils vont vite se fondre avec les sépharades et apprendre le judéo-espagnol.
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Odette Varon-Vassard a également traduit en grec les romans d’Albert Cohen « Solal » et « Mangeclous ».
Je lui demande si Albert Cohen parlait judéo-espagnol.
Elle me répond qu’Albert Cohen, bien que natif de Corfou, parlait le judéo-vénitien. Sa mère était de Venise.
A t-il apprécié que ses œuvres sont traduites en grec ?
Je ne ne sais pas. Il est mort quelque temps avant la parution de mes traductions.
Mon grand-père en Tunisie était une sorte de Mangeclous, un va-nu-pieds magnifique, qui ne buvait pas de thé mais de la boukha ( eau de vie de figues ).
Si il avait été là, il aurait sorti de sa large poche de la boutargue et nous en aurait découpé quelques tranches.
Je suis sûr qu’Odette aurait aimé son personnage.
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Merci Odette, pour cette après-midi, pour ce livre que vous m’avez offert, pour cette transmission de mémoire grecque et sépharade.
© Daniel Sarfati
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