Tribune Juive

Le Figaro sur l’arrêt Sarkozy :« la justice dérivante »

Sarkozy innocent, c’est la justice coupable d’acharnement

Que reste-t-il aux politiques ? On s’inquiète de l’étendue de leur autorité sans voir qu’elle s’atrophie inéxorablement. Ce qui devrait inquiéter les Français, ce n’est pas la puissance de ceux qui nous gouvernent mais leur faiblesse. Les contre-pouvoirs dévorent tout le pouvoir. Surveillance médiatique jour et nuit, principautés administratives en embuscade, justice en renfort : Big Brother is watching you !

Un ancien président de la République est donc condamné à trois ans de prison (dont deux avec sursis) pour avoir conversé au téléphone, sous une fausse identité, avec son avocat. La conversation est floue, la conséquence nulle, mais ils se sont parlé. Pire encore, Nicolas Sarkozy aurait songé à user de son influence pour une nomination qu’il n’a pas sollicitée pour quelqu’un qu’il ne connaissait pas, avec l’espérance d’avoir en retour des informations sur un dossier pour lequel il a été depuis blanchi. Coupable d’intention non réalisée et non caractérisée : même la théologie morale la plus exigeante ne s’est pas aventurée jusque-là ! Pourtant, cela prive un ancien président de la République de sa liberté et du droit de vote.

Pour parvenir à ce « délit d’intention », on a relevé les fichiers téléphoniques tous azimuts. On a employé les grands moyens, comme si l’on était sur la piste d’un grand criminel. On a bafoué les principes de notre démocratie, aussi, en enregistrant secrètement les conversations entre un avocat et son client. Que reste-t-il aux droits de la défense si elle est mise sur écoute ? On a accepté beaucoup trop facilement cette pratique appelée dérivante mais finalement arbitraire des écoutes téléphoniques. Benoît Hamon, alors ministre, l’avait justifié en ses termes: « Si on n’a rien à cacher, on n’a pas de problèmes à être écouté. » C’était La Vie des autres, version française. Ces écoutes d’avocat, c’est pourtant le moment où vacille l’État de droit.

Source : Le Figaro
Vincent Trémolet de Villers

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