Communiqué des Editions Gallimard
“Les Éditions Gallimard ont la grande tristesse de faire part du décès de Philippe Sollers, né Philippe Joyaux, survenu le 5 mai 2023. L’homme épris de liberté et des beautés de ce monde, l’amoureux des beaux-arts, de la musique et des lettres célébrant le sacré d’ici-bas, l’infatigable animateur de la vie intellectuelle et littéraire qui créa et anima avec ses amis les revues ‘Tel quel’ (1960) et ‘L’infini’ (1983), l’auteur d’une œuvre romanesque novatrice et anticonformiste et d’essais critiques à la sensibilité universelle, l’ami furtif et attentif qui n’a jamais renoncé à dire que ‘le bonheur est possible’, a rejoint ‘la vérité du grand merveilleux silence'”.
Je suis venu, j’ai vécu, j’ai rêvé”, ajoute l’éditeur, citant l’un des derniers ouvrages de l’auteur, “Agent Secret” (2021).
Figure de la scène littéraire française et du Tout-Paris depuis plus d’un demi-siècle, Philippe Sollers avait troqué son patronyme de Joyaux pour celui de Sollers, du latin “sollus” et “ars” (“tout entier art”) pour publier à 22 ans son premier roman, “Une curieuse solitude”.
Romancier, critique, essayiste, l’auteur de “Paradis”, “Femmes”, “La Guerre du goût”, d’un Dictionnaire amoureux de Venise et fondateur des revues “Tel Quel” et “L’Infini” nous laisse plus de 80 romans, essais et monographies.
Il atteint la notoriété avec “Femmes” en 1983, et répond aux critiques qui dénoncent la “pornographie” du texte qu’il s’agit là de son meilleur livre.
Marié à la psychanalyste Julia Kristeva, il voua un “amour fou” à l’écrivain belge Dominique Rolin: leur correspondance sur un demi-siècle fut publiée en 2017 et 2018.
Nos lecteurs liront “La France moisie”, article que Sollers publia en 1999 dans Le Monde en 1999 et où l’observateur brillant et un brin caustique s’en prend à cette France qui “a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes”.
Si pour ses détracteurs, il était “futile”, “mondain” et orgueilleux, Sollers auquel on demandait ce qu’il resterait de lui à sa mort avait répondu: “On se demandera comment on a pu se laisser prendre à l’image d’un Sollers aussi médiatique et désinvolte alors que c’est un travailleur acharné.”
Hommages
“Il était le plus vénitien des écrivains français, tout en dédales, masques et labyrinthes”, a réagi sur Twitter Michel Field: “Jamais scolaire, plutôt solaire. Il a marqué de son empreinte et de son ironie plusieurs décennies de vie intellectuelle et littéraire. En plus, il était drôle et amical”.
Notre amie Esti l’avait pour sa part interrogé à la librairie “Les Cahiers de Colette” dans le cadre de sa série sur “le bonheur”; elle se souvient qu’il était accompagné par Josyane Savigneau pour parler de “Trésor d’amour”:
“Contrairement aux apparences, je suis plutôt un homme sauvage, fleurs, papillons, arbres, îles. Ma vie est dans les marais, les vignes, les vagues. Qu’importe ici qui dit je. Écrire à la main, nager dans l’encre bleue, voir le liquide s’écouler sont des expériences fondamentales. Je vis à la limite d’une réserve d’oiseaux, mouettes rieuses, goélands, faucons, sternes, bécasseaux, canards colverts, hérons. Ah être un oiseau ! Dans la maison, tous les matins, je laisse Richter jouer Haydn, on pourrait l’écouter sans cesse, ré mineur, concert public de Mantoue, notes vives et détachées. […] Le bonheur est possible. Je répète. Le bonheur est possible”.
TJ
C’est très beau comme nécrologie mais c’est oublier qu’il a été un ancien soutien incompréhensible de la Chine de Mao et de ses crimes. Sollers avait fait publier le livre honteux de Mme Maria-Antonietta Macciochi, « De la Chine » aux éditions du Seuil.
Un paragraphe du livre de F.O.G., «Histoire intime de la Ve République. La belle époque», s’intitule et c’est tout dire, «Sollers, l’homme qui rit dans les charniers de l’Histoire».
Le «filc» des Maos, son surnom de l’époque, n’aurait jamais renié ses propos du passé.
“Si pour ses detracteurs il était futile mondain orgueilleux”…Oui, il était tout cela et bien pire. Un parfait symbole, de cette nullité intellectuelle et de cette bassesse d’âme caractérisant les milieux universitaires, médiatiques et bobo. Avez vous lu des “ouvrages” de Sollers ? Comment des Sollers ou BHL puis Arnaux ont-ils pu percer dans ce milieu en dépit de la nullité intellectuelle et stylistique de leur prose ? Grace au parisianisme et à l’entre soi, l’un des grands maux supplémentaires de la “France”.
Requiem pour un con.
Sur l’état de putréfaction intellectuelle et morale du monde éditorial francophone, voir mes anciens posts.
Philippe Sollers était précisément un parfait représentant de cette France moisie, toxique et malodorante qu’est la macrobobosphere…
Ne priez pas pour lui !