Le pèlerinage de la Ghriba, une fête pour tous les tunisiens

Aujourd’hui, débute le pèlerinage de la Ghriba

Je ne sais pas combien de pèlerins viendront lui rendre hommage.

J’aurai aimé y être, partager, faire la fête avec mes amis car aucun peuple au monde ne sait le faire comme nos juifs tunisiens. Dans le dialecte de mon pays, on aime répéter: «el khir wel éze mché m3a lihoud hachekom».

(Je passerai outre cette fois pour le hachekom. Il me tire un sourire tellement mon peuple est élevé dans la contradiction et le paradoxe.).

J’aurai aimé danser à tomber sous l’ivresse de la passion et le charme des jours heureux sous le rythme de « Yama lasmar douni »ou encore de «Tahte el yasmina fi lille» ou encore de «Jari ya hamouda» ou encore pleurer de béatitude, de langueur et ma foi de bonheur et d’extase sous les paroles de la diva Om Khalthoum dans «Fakarouni» ou «Lissa faker»

J’aurai aimé épouser toutes les formes de piété et de foi sans rien exagérer.

J’aurai aimé revoir nos amis, nos voisins d’antan et partager de nouveau pain et sel.

J’aurai aimé revoir les tables dressées avec les nappes blanches à ne plus en finir avec mille et une senteur à nourrir le monde entier dans le rire et l’opulence.

J’aurai aimé écouter de nouveau le shofar et épouser par respect des minutes de silence. Le temps des prières et des louanges au seigneur.

J’aurai surtout aimé allumé une bougie ou même plus pour écouler des tonnes de prières pour mes enfants, pour ma famille, pour ceux qui sont loin et une bien spéciale pour mon pays. Ce petit pays qui va si mal, tangue mais qui résistera aux tempêtes politiques, aux intempéries populaires et surtout au marasme raciste et impopulaire de ses dirigeants.

J’aurai aimé repousser les frontières meurtrières pour nous rapprocher, nous refrotter les uns aux autres sans discrimination ni intolérance comme autrefois, comme nous racontaient nos parents et comme nous pourrons raconter à nos enfants et nos petits enfants.

Nous laisserons les doux souvenirs nous envahir sans signe de distinction pour dire que nous ne sommes ni pour le sang ni la vindicte. Ni pour les propos racistes ni le clivage mais pour le rapprochement et le brassage.

La ziara de la Ghriba, c’est par rien pour l’île certes, vu la dynamique économique et les dinars qui vont tomber. Mais c’est pas le plus important car cela ne suffira pas à redresser ce pays en faillite mais le plus important c’est dans la dynamique culturelle. Seule la culture et l’entretien de la mémoire collective seront capables à eux seuls de secouer les montagnes de violence, d’aberration, d’égarement à sa perte, de radicalisation, de racisme et de bêtises jusqu’à l’ignorance.

La sauvegarde de la Ghriba et toutes nos autres richesses culturelles pacifiques arriveront à nous sauver de nos pires démons. A nous sauver de nous mêmes.

Djerba la douce.

Son pèlerinage est comme une transfusion magique, une potion magique qui diluera nos douleurs, nos acidités et surtout nos désillusions permanentes.

Djerba est ce qui reste au peuple tunisien pour renouer avec son histoire millénaire et hurler au monde entier que nous sommes un peuple à part qui s’est un peu perdu mais ses marqueurs génétiques et ancestraux le ramèneront à bon port.

Djerba restera à jamais sa boussole, son havre de paix et de tolérance, son giron.

Djerba pour les tunisiens, tous les tunisiens toutes confessions confondues.

Dr Lilia Bouguira

Source : https://www.leaders.com.

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