FRANÇAIS. C’est peut-être l’orthographie la plus polémique de la langue française : écrit-on « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ? On décrypte pour vous cet imbroglio
Orthographe : « Au temps pour moi » ou « autant pour moi », quelles différences ?
« Au temps pour moi » sert à reconnaître une erreur.
Selon l’Académie française, c’est la seule orthographe admise.
Certains défendent toutefois la graphie « autant pour moi ».
Vous aviez admis votre erreur dans un message et on vous a grondé de plus belle… Qu’est-ce que c’est que cette orthographe barbare ? Quelle idée d’écrire « au temps » plutôt qu’ »autant » ? Piqué au vif, vous vous êtes jeté sur votre dictionnaire et vous l’avez bel et bien trouvée, l’expression « au temps pour moi ». Alors, pourquoi tant de haine ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Déjà – et peu importe l’orthographe –, qu’est-ce que ça signifie, « autant/au temps pour moi » ? Cette phrase adverbiale a un usage simple : reconnaître qu’on avait tort une fois qu’on nous l’a démontré. En guise d’exemple, ce dialogue un peu méta :
– « Tu ne me croyais pas, mais je t’avais bien dit qu’il allait neiger.
– C’est vrai. Au temps pour moi.
– Et apprends à écrire : c’est « autant pour moi ».
– Non, regarde, l’Académie française est sans appel : c’est « au temps pour moi ».
– Ah, tu as raison. Au temps pour moi.
Et en effet, si on s’en réfère aux Immortels, on écrit « au temps pour moi » et pas autrement.
Mais… pourquoi ?
Personne n’en est certain, mais l’hypothèse la plus crédible est celle d’une origine militaire : les soldats devant marcher en rythme, on les aurait jadis admonestés en criant « au temps » lorsqu’ils se trompaient. Ils devaient, alors, se reprendre au premier temps de la mesure suivante. De la critique à l’autocritique, cet ordre aurait engendré « au temps pour moi ».
En est-on bien sûr ?
C’est là que la question se corse. Plusieurs linguistes ont contesté cette orthographe et son origine militaire. Même l’éminent grammairien Maurice Grevisse, qui est à la langue française ce que Philippe Manœuvre est au rock, en a douté. Il s’agirait plutôt d’admettre qu’on a commis « autant » d’erreurs que les autres. Certains soupçonnent aussi une parenté avec l’expression anglaise « so much for (X) », qui se traduit par « autant pour (X) » et exprime l’échec de (X).
Que disent les chiffres ?
D’après l’outil d’analyse Google Ngram (qui scanne tous les livres numérisés par le géant du Web), « autant pour moi » est plus fréquent en littérature qu’ »au temps pour moi ». Ces chiffres sont toutefois trompeurs, puisque Ngram recense aussi des phrases comme « Tu en ferais autant pour moi » ou « Arrête de te tracasser autant pour moi », qui n’ont rien à voir avec notre locution. D’ailleurs, si on se fie aux occurrences en ligne, « au temps pour moi » domine légèrement.
Alors, que faire ?
Dans le doute, soyez un bon petit soldat et écrivez « au temps pour moi ». Si on vous le reproche, vous pourrez toujours invoquer l’avis tranché de l’Académie française.
Comme dit l’article, c’est simplement une tournure de langage commune à l’Anglais et au Français.
« So much for John » clôt un commentaire (positif ou négatif) concernant John. Cela veut dire « rien d’autre concernant John » ; équivalent à « je persiste et signe ».
Naturellement traduit en Français cela donne « autant pour John ».
D’où « autant pour moi » qui consiste à acquiescer au commentaire me concernant.
MAIS là, mon correcteur d’orthographe me corrige. Fidèle à l’académie, il aurait préféré que j’écrive « au temps »…
Stupide machine.