Un tramway à Bobigny tel que celui qui a renversé Jérémie Cohen en 2022
THOMAS COEX / AFPUn tramway à Bobigny tel que celui qui a renversé Jérémie Cohen en 2022
Souvenez-vous: il y a un an, le 16 février 2022, la mort à Bobigny de Jérémie Cohen, jeune homme de confession juive percuté par un tramway après avoir été frappé, avait suscité l’émoi, allant jusqu’à s’inviter dans la campagne présidentielle: le jeune homme portait-il ou non la kippa, qui l’aurait fait reconnaître comme juif, et le motif antisémite de l’agression qui causa indirectement sa mort devait-il être retenu.
On entendit tout alors: une kippa blanche, fut-il dit, avait été retrouvée à terre. Était-ce exact? Était-ce celle en ce cas de Jérémie?
Tout fut compliqué: le père, au coeur du drame, n’avait-il pas commis l’impardonnable aux yeux de beaucoup, s’en remettre à un Éric Zemmour contacté via son QG de campagne, un Zemmour qui avait interrogé: « Est-il mort parce que juif ? Est-il mort pour fuir les racailles ? »
La famille demanda dans un deuxième temps le respect de sa vie privée.
Chacun resta sur sa ligne de course, attendant que la justice tranche.
« Jérémie Cohen a été victime d’une barbarie décomplexée », avait déclaré Georges Bensoussan, évoquant un processus de « décivilisation ».
L’enquête, orientée prestement sur un « homicide involontaire par conducteur », fut classée sans suite jusqu’à ce que la famille lançât un appel à témoins et apportât des éléments qui conduisirent le procureur à rectifier le tir en désignant deux juges d’instruction chargés cette fois d’une nouvelle enquête pour « violences commises en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis ».
Si deux hommes âgés de 28 et 24 ans se présentèrent au commissariat et furent mis en examen, l’un pour violences volontaires en réunion, l’autre pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et si le second est en détention provisoire depuis un an, on apprend aujourd’hui, depuis Israël et i24News, que l’enquête s’écarte de la piste d’un meurtre antisémite et dessine un drame aux contours plus complexes: si les prévenus ont admis l’agression, ils récusent son caractère antisémite.
L’instruction est toujours en cours. Les juges devront désormais déterminer la qualification des faits.
S’ils retiennent un délit, les deux suspects seront jugés en correctionnelle.
En cas de crime, ils seront renvoyés devant les assises.
TJ avec AFP et i24News
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