Un philosophe engagé
Emmanuel Levinas écrivait à propos de Maïmonide :
« A côté des recherches savantes qui situent un grand penseur au carrefour des influences qu’il a subies et de celles qu’il a exercées, il y a une place pour une question modeste mais grave : qu’est-il pour nous?
La valeur d’une vraie philosophie ne se place pas dans une éternité impersonnelle. Sa face lumineuse est tournée vers les êtres temporels que nous sommes. Sa sollicitude pour nos angoisses fait partie de sa divine essence. L’aspect véritablement philosophique d’une philosophie se mesure à son actualité.
Le plus pur hommage qu’on puisse lui rendre consiste à la mêler aux préoccupations de l’heure. Celles de notre époque sont particulièrement poignantes. Elles concernent l’essence même de notre civilisation en tant que juifs et en tant qu’hommes. »
Quelle est l’actualité de Jankélévitch ? L’émission d’aujourd’hui abordera l’homme et sa philosophie, son engagement politique et morale, en évoquant aussi la question de son rapport au judaïsme et à Israël.
L’invitée
Françoise Schwab est historienne, philosophe et spécialiste de l’œuvre de Vladimir Jankélévitch. Proche amie du philosophe et de sa famille elle se consacre depuis de nombreuses années à l’édition des œuvres et écrits posthumes de Vladimir Jankélévitch.
Elle a notamment établi l’édition du premier tome des œuvres complètes chez Flammarion, La philosophie morale, qui regroupe : « La Mauvaise Conscience, Du mensonge, Le Mal, L’Austérité et la vie morale, Le Pur et l’impur, L’Aventure, L’Ennui, Le Sérieux, Le Pardon ».
Elle est également l’auteur de nombreux articles sur Jankélévitch et a participé à l’élaboration du catalogue de la Bibliothèque nationale de France consacré à Vladimir Jankélévitch.
L’archive sonore
Le livre de l’invitée
Le livre de Françoise Schwab vient combler un vide. Il s’agit de la première biographie du philosophe et musicographe Vladimir Jankélévitch (1903-1985) – dont l’importance, non seulement en France, mais aussi à l’étranger, en particulier en Italie et en Allemagne, où ses prises de position contre le nazisme sont toujours au coeur des débats, ne cesse de grandir.
Françoise Schwab, qui fut une de ses proches, a publié les ouvrages posthumes de Vladimir Jankélévitch et organisé de nombreux colloques consacrés à l’actualité et à l’originalité de son œuvre. Son essai se propose de croiser les dimensions biographiques et intellectuelles de ce penseur majeur. On découvre l’itinéraire d’un homme extraordinaire qui fut pris dans les combats de son temps, depuis l’École normale supérieure, où il fut admis avec Raymond Aron et Jean Cavaillès, à sa filiation avec Henri Bergson, mais aussi avec les penseurs russes de l’exil, comme Nicolas Berdiaev, sans oublier son combat décisif pour la Résistance pendant la guerre.
Au service de l’universalité d’une pensée vive, ravivée au creuset de son identité juive, Vladimir Jankélévitch a questionné la Grèce, le legs romain et celui de toute l’Europe. Il a été un homme dans son temps, un Socrate au milieu de la cité, que ce fût à Prague, à Lyon ou lors des événements de Mai 68, voire lors des états généraux de la philosophie à la Sorbonne en 1979.
Nouvelles parutions de Vladimir Jankélévitch sous la direction de Françoise Schwab
LA CONSCIENCE JUIVE
L’Herne L’Herne © Radio France – DR
Les textes de ce recueil proviennent des colloques des Intellectuels juifs de langue française, auxquels Vladimir Jankélévitch participa assidûment à partir de 1957.
Ces colloques se proposent de mettre à distance un certain pessimisme d’après-guerre et de (re)donner un sens à un judaïsme rescapé de l’anéantissement au travers de nouvelles réflexions et interrogations. Ainsi prennent place les conférences de Vladimir Jankélévitch tout en témoignant de son attachement à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Remontant le fil de sa propre histoire, il donne à lire dans ces textes sa vision du judaïsme.
LES CAHIERS DE L’HERNE
Nul besoin de caution pour s’intéresser à l’œuvre monumentale de Vladimir Jankélévitch (1903-1985) qui traverse de bout en bout le XXe siècle. Philosophe, écrivain, pianiste, musicologue, résistant, témoin et victime d’une guerre qui a « coupé sa vie en deux », infatigable marcheur de la gauche, professeur en Sorbonne…
C’est tout cela que fut Vladimir Jankélévitch. Les visages de l’homme sont multiples et ce Cahier, à partir de conférences et d’articles de Jankélévitch désormais introuvables (sur la musique, la religion et son judaïsme), de documents historiques (un CV corrigé de la main de Jankélévitch, une attestation de Résistance), d’engagements publics (sur l’enseignement de la philosophie, sur l’Université française, sur la Shoah, sur l’Allemagne d’après-guerre), mais aussi, d’articles critiques et de témoignages de ses collègues, disciples et fidèles amis, permet d’en dessiner tous les contours.
Toutes les pages de ce Cahier démontreront sans peine l’actualité d’une pensée qui lie tous les champs du savoir classique à l’exigence quasiment existentielle de la morale.
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