« Papa, habille-toi vite, l’enterrement va bientôt commencer ! »
– Quel enterrement ? Ta mère est morte il y a des années…
« Celui de Aviv, ton fils, allez Papa prépare toi, ils sont déjà tous sur place… »
– Ah bon, qu’est-il arrivé à Aviv ? Il doit rentrer et m’aider avec les vis, appelle-le.
« Il est a été tué Papa, ce matin ! Tu te souviens ? Deux soldates sont venues pour nous l’annoncer. »
– Celles qui ont été vexées par ma faute et sont parties ?
« C’est toi qui les a renvoyées ! »
– Ben oui, elles se trompées d’adresse. Lorsque tu seras père toi-même tu comprendras ce que c’est de recevoir une annonce tragique comme celle-ci sur un enfant qui n’est pas le tien, ça fait mal pour les parents qui vont l’apprendre.
« Papa elles parlaient de Aviv, notre Aviv ! »
– Dis-moi, Monsieur-je-sais-tout, regarde ici, sur mon téléphone, que lis-tu ?
« C’est… »
– Pourquoi pleures-tu ? Dis-moi ce que tu vois.
« Papa, s’il-te-plait, ça suffit, viens on y va, ils sont déjà tous là-bas »
– Réponds à ton père ! Qu’est-ce que tu vois ?
« C’est Aviv »
– Où est-il ?
« Sur un tank. »
– Et quand nous a-t-il envoyé cette photo ?
« Hier soir. »
– Alors comment pourrait-il être mort aujourd’hui ? Tu crois tout ce qu’on veut te faire croire ?
« Papa il y a eu une confrontation et Aviv a été tué, viens on va l’accompagner, je t’en supplie. »
– Il m’aime Aviv, c’est vrai ?
« Il t’aimait, c’est vrai. »
– Regarde, même sa position assise sur le tank est restée la même, j’ai une photo exactement pareille.
« Tu as raison, je la connais. »
– C’est un héros mon Aviv, c’est vrai ?
« Il était un héros Papa, c’est vrai. »
– Et il va revenir Aviv ton frère, c’est vrai ?
« Non Papa, il ne va pas revenir »
– Alors pourquoi je devrais aller à l’enterrement ? Amener mon fils à un endroit sans billet retour ?
« Papa… »
– Ça te semble logique ?
« Non mais c’est la situation. »
– Je ne vais pas à cette mascarade, je reste ici et vais trier les vis tout seul
« Je vais rester ici avec toi. »
– Oui mon fils, viens m’aider, celles en bois à droite et celles en fer à gauche.
« Comme ça ? »
– Exactement comme ça. Mais trie lentement.
« Pourquoi ? »
– Pour que si ton frère rentrait soudain, il ne soit pas en colère qu’on ait terminé sans lui.
« Papa il ne viendra pas… »
– Trie mon fils, trie, et arrête de pleurer, sois un héros, comme ton frère.
« Je vais l’être. »
– Ton frère est un héros, c’est vrai ?
« C’est vrai Papa, mon frère est un héros. »
Silence.
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Une nouvelle écrite par Marsel Moseri, jeune écrivain israélienne. Traduite par Michael Grynszpan à l’occasion de Yom Hazikaron.
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