Le 3 avril, 43 ans après les faits, s’était ouvert le procès de l’attentat de la rue Copernic, où quatre personnes trouvèrent la mort dans l’explosion d’une bombe le 3 octobre 1980 à Paris.
Pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la communauté juive de France était la cible d’une attaque meurtrière. Jamais revendiqué, l’attentat avait été attribué au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP, et la cible la synagogue de la rue Copernic, dans le 16e arrondissement de Paris.
Très vite, les enquêteurs avaient identifié le propriétaire de la moto d’où la bombe avait explosé. Mais celui-ci avait laissé un faux passeport et aucune empreinte dans l’hôtel où il résidait. Les policiers étaient parvenus à réaliser un portrait-robot et un nom était ressorti : celui de Hassan Diab.
Pendant 18 ans, l’enquête avait piétiné. Ce n’est qu’en 1999 qu’Hassan Diab fut localisé au Canada. Le suspect présumé nia en bloc. Il fut incarcéré en France puis remis en liberté. Il retourna au Canada avant que la justice française décide de l’envoyer devant Les Assises. Hassan Diab, toujours au Canada, avait fait savoir qu’il ne serait pas présent dans le box des accusés le 3 avril.
Une fois les débats déclarés ouverts, alors que la Cour d’Assises spéciale de Paris, compétente en matière de terrorisme, aurait pu techniquement décider de décerner un mandat d’arrêt à l’encontre de l’accusé, ce qui aurait ouvert la voie à une nouvelle procédure d’extradition et aurait reporté de facto le procès, le Parquet national antiterroriste, les parties civiles et la défense ont soutenu la tenue d’un procès par défaut, la première demande d’extradition de Hassan Diab n’ayant abouti qu’après six ans.
Les parties civiles, représentées par Me Bernard Cahen, avaient notamment jugé “essentiel” que l’audience ait lieu après quatre décennies d’attente et des revirements judiciaires: “C’est une bonne chose que même 43 ans après on montre que la justice est toujours présente”, avait assuré l’avocat, lui-même impliqué dans le dossier depuis ses débuts. Pour les victimes, “c’est la fin d’un très long calvaire”, avait-il ajouté.
Concernant la pièce centrale de l’accusation, soit la saisie en 1981 à Rome d’un passeport au nom de Hassan Diab, avec des tampons d’entrée et de sortie d’Espagne, pays d’où serait parti le commando, à des dates concordantes avec l’attentat, un des avocats de l’accusé, Me William Bourdon n’eut de cesse de répéter que son client “était au Liban au moment des faits, en train de passer ses examens à l’université de Beyrouth, et que la chose serait “établie”.
Des renseignements avaient désigné en 1999 Hassan Diab comme celui qui avait confectionné l’engin explosif et chargé sur la moto les dix kilos de pentrite qui avaient explosé devant l’édifice religieux.
Outre ces renseignements, l’accusation a mis en avant la ressemblance de l’ancien étudiant de Beyrouth avec des portraits-robots réalisés à l’époque, le témoignage d’un couple affirmant qu’il appartenait aux groupes palestiniens au début des années 1980, ainsi que les comparaisons entre l’écriture de Hassan Diab et celle d’une fiche d’hôtel remplie par l’homme qui avait acheté la moto, expertises graphologiques déjà âprement débattues au cours de l’instruction et qui le furent à nouveau aux Assises.
“Nous entendons que du côté des parties civiles, il y ait une revendication d’avoir à tout prix un coupable, nourrie par l’autorité judiciaire qui leur a laissé entendre, à tort, que (…) c’était le seul ‘coupable’ qu’on pouvait leur offrir”, avait estimé Me William Bourdon, qui cria longtemps au “manque de charges suffisamment probantes” pour renvoyer Hassan Diab devant une Cour d’assises, qui le jugea donc par défaut puisque “absent sans excuse valable”.
Aujourd’hui, les représentants du Parquet national antiterroriste ont démarré leur réquisitoire à deux voix en disant leur “intime conviction” de la culpabilité de Hassan Diab et ont requis cinq heures plus tard “la peine la plus lourde” prévue en France, assortie d’un mandat d’arrêt: la réclusion criminelle à perpétuité a été requise aujourd’hui à l’encontre du Libano-Canadien jugé pour “assassinats, tentatives d’assassinats et destructions aggravées en relation avec une entreprise terroriste”.
La défense est en train de plaider l’acquittement. Le verdict est attendu demain vendredi 21 avril en fin de journée.
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