Yom HaShoah. Zakhor

Valérie Bar

Chaque année, en Israël et partout dans le monde, un hommage est rendu lors de Yom HaShoah aux 6 millions de Juifs morts durant la Seconde Guerre mondiale, victimes des nazis et de leurs collaborateurs et aux résistants également.En France, 76 000 Juifs – dont 11 400 enfants – ont été déportés vers les camps de la mort. Seuls 2 600 d’entre eux survécurent.Ce soir en Israël les drapeaux seront mis en berne et demain matin le pays sera à l’arrêt. Les Israéliens observeront 2 mn de silence.

Yom ashoah. Pour nous juifs d’Algérie, une immense tristesse et une immense solidarité pour nos frères et sœurs qui peuplaient l’Europe et la France métropolitaine ; le sentiment d’avoir échappé de très peu, quelques mois au plus, à la sollicitude de Pétain, ce sauveur des juifs. Et puis, comme un serrement de cœur en pensant aux quelques parents qui avaient choisi de s’installer en métropole avant-guerre et qui subirent le sort commun, arrestation, camps de transit, déportation, gazage.

Simon Sakoun, garçon de café au Fouquet’s, déporté à Mittelbau-Dora, mort avec 900 autres déportés contraints aux marches de la mort, dans le bûcher terrible de la grange de Gardelegen, en avril 45, où ils furent enfermés par les SS qui y mirent le feu.

Julie Sakoun, pharmacienne à Marseille, déportée par le convoi n. 58 après la grande rafle de Marseille des 22, 23 et 24 janvier 1943. Gazée à sa descente du train.

Et puis celui-là, ce Maurice Sakoun, rentré miraculeusement en 45 à Tlemcen, à 20 ans, qui traîna sa douleur et sa solitude dans un environnement encore moins capable de comprendre ce qui lui était arrivé qu’à Paris ou Marseille et qui se suicida au début des années 50.

Ni oubli, ni pardon. Antisémites de toutes haines, « antisionistes » qui n’avez même pas le courage de vos haines, vous ne gagnerez plus jamais.

Jean-Pierre Sakoun


YOM HASHOAH. 6 millions de juifs exterminés. Jour du souvenir.

Je n’ai pas de photos, comme mes amis, pour honorer ma famille partie en fumée pendant la Shoah.
Toute une grande partie de ma famille maternelle en Pologne,
Toute une grande partie de ma famille Paternelle en Austro-Hongrie.
Je vais citer la famille Gérink, arrière grand-père et grand-mère, grands oncles, grandes tantes, et tous leurs enfants.
La famille Reich, Ethel Reich, ma grand-mère, Gaby Reich déporté survivant, une grande partie de la famille Bauer.
Une grande partie de la famille de mon beau-père Max Schlomowitz qui m’a élevé. Et Max survivant des camps.

Mais notre famille continue de vivre et de s’agrandir.
Ils n’ont pas gagné.

Ethel Kathy Reich Obadia


Le jeune homme souriant, au centre sur la photo, s’appelait Jack Halfon. Né en 1922 a Rhodes, il avait monté avec ses amis un groupe de musique intitulé « La compania disperata ». Malgré un futur qui paraissait incertain, ils trouvaient la force de rire et de chanter.
Il avait une soeur, appelée Rica.
Le 23 juillet 1943, les juifs de Rhodes sont embarqués dans 3 navires et arrivent à Auschwitz le 16 aout.
Jack et Rica ne reviendront pas.
C’étaient l’oncle et la tante de mon beau-père.
Que leur mémoire soit bénie.

Valérie Halfon


Ce soir, commence Yom HaShoah.

C’est une journée particulière où on pense encore plus aux 6 millions de femmes, d’hommes, d’enfants sacrifiés pendant la Shoah.

6 millions ! Un chiffre froid mais qui donne le vertige. Imaginez une file de 6 millions de personnes … Cela ferait 3 millions de mètres. Une file ininterrompue de 3000 km…

Derrière ce nombre, ces statistiques, ces ombres, se cachent des noms, des visages, des histoires de vie drôles, simples, banales.

Des enfants joyeux, des couples amoureux, des vœux désirant juste se réaliser, des vieux souhaitant vivre paisiblement.

Se cachent aussi hélas, des cris, des pleurs, des larmes, du désespoir.
L’image de l’enfer.

Alors, par pitié, n’oubliez jamais.

N’oubliez pas Joszef mon grand-père.
N’oubliez pas Bertha ma grande tante
N’oubliez pas Gizela, encore une tante
N’oubliez pas leurs enfants.
N’oubliez pas Rosza, mon arrière grand mère, qui avait un visage tellement bienveillant.

N’oubliez pas leur visage.

N’oubliez jamais et ils ne seront pas morts pour n’être qu’une ligne d’oubli dans un livre d’histoire oublié.

Jean-Jacques Erbstein


Mon arrière-grand-mère Bluma Guta Frydman, assassinée à Pinsk en 1941

Marc Rozenbaum


Demain aura lieu, en Israël et partout dans le monde, la commémoration de la shoah, yom hashoah, le jour de la shoah en hébreux. Il ne s’agit pas ici de s’incliner pour conquérir des voix dans une perspective de séduction électorale mais de penser aux souffrances des victimes et également aux faiblesses humaines qui on permis l’avènement d’un système politique qui a pu décider et mettre en oeuvre un tel génocide.

« Plus jamais çà » n’est qu’une formule qui se traduit rarement par les mesures appropriées pour qu’effectivement cela ne se reproduise plus. Les Hommes restent des hommes, les démagogues des démagogues et les dérives de sociétés le fruit du manque de vigilance.

Comme l’avaient compris les combattants de l’insurrection du ghetto de Varsovie : face à l’hydre, seuls la force et le courage permettent de la faire reculer. N’oublions pas qu’elle a plusieurs têtes qui ne cessent de se renouveler.

Demain seront lus les noms inscrits sur les murs du mémorial de la Shoah. En France, 76 000 Juifs – dont 11 400 enfants – ont été déportés vers les camps de la mort. Seuls 2 600 d’entre eux ont survécu.

Daniel Louis Hervouet


27 avril – Yom Hashoah Absent de Paris, je ne puis assister à la lecture des noms au Mémorial. Je sais que l’on entendra ce soir la liste des juifs entassés dans le convoi n° 40, parti de Drancy, le 4 novembre 1942. Presque tous furent gazés à leur arrivée à Auschwitz.

Parmi eux Lucie Hoffnung, née Geller, ma grand-mère. Clara Zajdenwerger, née Hoffnung, ma tante. Mottl Zajdenwerger, mon oncle. Leurs enfants, David, 5 ans, Solange, 3 ans.

Comme chaque année, je marque ce jour en rappelant leurs noms. Je n’ai connu d’eux que des photos que ma mère cachait dans une boîte de bois. Leurs ombres m’accompagnent depuis l’enfance, et je comprends maintenant la tristesse de mon grand-père, qui ne se pardonnait pas de leur avoir survécu.

Les conditions de leur arrestation attestent de la nature criminelle du régime de Pétain. Les juifs qui vivaient en Moselle avant-guerre, avaient été repliés à Angoulême, au début de l’offensive allemande de mai 1940. Ils étaient placés sous la protection de la France.

Voyant la rapidité de l’avance de la Wehrmacht, mon grand-père, avait rejoint ma mère, qui vivait à Marseille, pour trouver un logement et accueillir toute la famille. La ligne de démarcation les sépara. Rentré du front après plusieurs semaines de marche, mon père, tôt engagé dans la Résistance, obtint le contact d’un passeur, mais celui-ci fut dénoncé et arrêté.

Le piège refermé, le gouvernement de Vichy ordonna l’arrestation de tous les juifs réfugiés à Angoulême. La tâche était simplifiée, puisque la préfecture disposait d’une liste établie en 1940. De camp en camp, ils passèrent par Lalonde-les-Poitiers, Beaune-la-Rolande et Drancy, d’où ils partirent le 4 novembre 1942, pour Auschwitz.

Il ne nous reste que le devoir de rappeler leur mémoire, en ce jour de Yom Hashoah.Ni oubli, ni pardon.

Guy Konopnicki


Fanny Manzon Cohen

Yom Hashoah. Ne pas oublier le passé.Ne pas oublier ce qu à été la Shoah.Ne pas oublier que derrière ce terrible nombre de 6.000.000 il y a des visages, des noms, des drames, des séparations, des atrocités. 6.000.000 de vies volées.6.000.000 d âmes arrachées à leur destin. 6.000.000 de descendances anéanties.

Alors n oublions jamais.

Ce soir nous penserons à ces 6.000.000 d âmes qui volent au dessus de nos têtes et qui de la haut veillent sur nous. Veillent à ce que plus jamais une nouvelle Shoah existe.

A ceux qui ont la mémoire courte je dis : » retournez vous et regardez derrière vous! C était il y a 80 ans. C était hier. »

Ce soir, les 6.000.000 d âmes attendent de nous un devoir de mémoire, indispensable.

NEVER FORGET, NEVER AGAIN.

Fabrice Hlfon


Raymonde Naegelen

A partir de ce soir, nous commémorons YOM HASHOAH, en mémoire des 6 millions de victimes innocentes d’une folie meurtrière d’extermination, victimes coupables uniquement d’avoir été juives .

Ceux qui malheureusement, ne sont plus à nos côtés pour témoigner des atrocités qu’ils ont subies, nous ont confié la lourde tâche de transmettre un devoir de mémoire pour combattre, sous quelque forme qu’ils apparaissent, l’antisémitisme haineux et sa nouvelle version politiquement correcte, l’antisionisme , l’hostilité, sous toutes ses formes, à Israël, notre État . N’oublions jamais que c’est un laxisme inacceptable et complice qui a été la principale cause de l’holocauste.

Faisons en sorte que  » Plus jamais ça  » ne soit pas uniquement que de vains mots que nous prononçons, pour nous donner bonne conscience .

Ce qui a changé par rapport à l’époque tragique de la Shoah, c’est que désormais, nous avons un pays, Israël , qui sera toujours une Terre d’accueil, pour, HM nous en préserve, accueillir tous les juifs qui viendraient à être pourchassés où qu’ils soient .Bien amicales pensées attristées depuis JÉRUSALEM .

Abraham Jean-Claude Hene


Fille de Meriem NAMAN et de Saul JOURNEAU, Elisa et son mari Albert TIMSIT ont quitte Alger pour s’installer en métropole à Marseille, de l’autre côté de la Méditerranée, sur le sol de la mère patrie. Ils ont été pris dans la rafle de Marseille. Emprisonnés à Drancy avec leurs deux enfants, Arlette et Emile, âgés respectivement de 21 et 19 ans, ils ont été déportés à Sobibor (Transport LII, 23 Mars 1943 depuis Drancy)

Yossef Naman


Le plus grand cimetière du monde. La pire atrocité jamais réalisée, même inimaginable pour son ampleur et sa bestialité. 55,000 juifs vivaient à Salonique, Grèce, avant la seconde guerre mondiale.

Parmi eux, mes arrières grands parents et grands oncles et tantes. Eux, comme le 90% de cette admirable communauté juive, n’ont pas eu la bénédiction qu’a eu mon grand-père, de pouvoir être évacué de Grèce, et ainsi de ne pas être présent sur la place centrale de la ville, la semaine du grand regroupement pour monter dans les trains en chemin vers leur destination finale : l’enfer (dit aussi treblinka).

Mon nom de famille « Pitchon » (Prononciation ladino de Pichon) est cité dans la Thorah. Livre Bereshit. Le Pichon est le plus grand fleuve du Gan Eden.

Malgré que de ce monde c’est l’enfer qu’ils ont vécu en dernier, j’espère que dans l’au-delà, c’est bien au Gan Eden où ils se trouvent, eux ainsi que tous ces 6,000,000 de Bnei Israel et que de là-bas, puissent-ils nous envoyer leur bénédiction pour savoir garder et renforcer, le seul lieu au monde qui aurait pu les sauver, le seul lieu qui peut aujourd’hui nous protéger.

Que leur mémoire soit bénite a jamais, et leur présence en nous pour l’éternité.

Nili Pitchon


Photo réalisée par le grand photographe israelo américain Nir Hod, d’après une célèbre photo du petit garçon d’Auschwitz, en hommage à toutes les mères et toutes les victimes des atrocités nazies et collaborationnistes.

Didier Blum


Ne jamais pardonner ! Ne jamais oublier !

Uri Gobey


Cette robe a été trouvée dans les affaires de ma grand-mère après son décès. Quand grand-mère Yoli a été libérée de Dachau, elle n’avait pas de vêtements, un ami lui a cousu cette robe avec des vêtements de table qu’ils ont trouvés dans les quartiers nazis. En tant que femme libre, elle voulait être présentable et belle. Chaque année, le jour de sa libération, grand-mère Yoli sortait cette robe et se souvenait de la valeur d’être libre. Puissions-nous toujours nous souvenir de la promesse de « Plus jamais ».

Source : Jordana Cohen. Merci à Sophie Gonera et Humans of judaism

Yom Hashoah commence ce soir au coucher du soleil


A l’occasion de Yom Ha Shoah je voudrais rappeler la mémoire de ma grande tante Lucie Mélanie Marthe Weil née à Wissembourg Alsace en 1885, déportée de Toulon à Drancy le 28 octobre 1943 et assassinée à Auschwitz le 3 novembre 1943 à l’âge de 58 ans.

Son Frère Alfred Weil journaliste né à Westhouse Alsace en 1881 a également été déporté avec elle et a été assassiné à Auschwitz le 3 novembre 1943 à l’âge de 62 ans. Ma grande tante avait épousé en 1922 Mimoun Ghaly Guenoun le frère de mon grand-père Baruch Guenoun.

Sur cette photo de 1930 ma grande tante Lucie se situe en haut à gauche et son frère Alfred en haut à droite. Figurent également sur cette photo de gauche à droite Mimoun Ghaly Guenoun (1871-1945) son mari, Henriette Brunshwig épouse de Sadia Guenoun, Sadia Guenoun mon grand-oncle (1863-1940) et son neveu. Cette précieuse photo m’a été offerte par mon père avant son décès en 1996.

Les noms de Lucie Guenoun Née Weil et son frère Alfred Weil figurent dans le mur du mémorial de la Shoah…

Albert Guenoun


YOM HASHOAH : NI OUBLI, NI PARDON, JAMAIS

Dans quelques heures, nous commémorerons Yom HaShoah.Il y a près de 80 ans, dans l’indifférence générale et dans le silence assourdissant des nations, a eu lieu le plus grand massacre de l’histoire de l’Humanité, la Shoah.Six millions d’êtres humains dont deux millions d’enfants ont été parqués, massacrés systématiquement, tués, gazés, brûlés dans les camps de la mort, ou tués par balles comme les 33771 martyrs de la plus grande fosse commune du monde à Babi Yar en Ukraine, uniquement parce qu’ils étaient Juifs. Des vieillards, des femmes, des hommes, des enfants.6 millions de vies fauchées.80 ans après, la plaie est toujours ouverte.Nous n’oublierons jamais leur souvenir.Ces 6 millions d’âmes auraient dû vivre, grandir, avoir une destinée et une descendance.Les survivants nous ont transmis leur mémoire, et c’est à nous de la faire vivre, pour que plus jamais une telle atrocité n’advienne. Jamais plus, nulle part, pour aucun peuple.Aujourd’hui, hélas, l’antisémitisme est toujours vivant et a pris un nouveau visage avec l’antisionisme. Il continue à sévir et à tuer y compris chez nous en France. Mais aussi de façon structurée au niveau étatique en Iran où le régime des Mollahs assume ouvertement de vouloir faire une deuxième Shoah et de rayer Israël de la carte. Ce même Iran, régime sanguinaire avec qui le monde libre cherche à tout prix à signer un mauvais accord.L’Etat d’Israël, c’est cette lumière après l’obscurité. Un État juif, démocratique, une puissance militaire, économique, scientifique, académique et surtout morale qui perpétue les traditions millénaires du Judaïsme, de sa Torah, de sa Terre et de son peuple.Non, comme certains le prétendent, l’Etat d’Israël n’est pas une compensation à la Shoah. Le sionisme est une idéologie vieille de près de 2000 ans.Ma conviction, je le répète inlassablement, est que si l’Etat d’Israël avait existé en 1939, jamais la Shoah n’aurait eu lieu car il est justement le certificat unique d’assurance-vie du peuple juif.Regardez ces visages !Ce sont ceux de :Zuzana Freundova, 9 ansPetr Haïm, 15 ansAlberto Segre, 30 ansGuy Altauz, 1 an Anna Glaserova, 19 ans Klàra Böhmovà, 57 ansPaulette Bloch, parisienne de 19 ansMicheline Caen de Montmorency, 12 ansLes jumelles Annette et Paulette Szklarz de Metz, 6 ansGeza Steingiszer, 14 ansAvraham Nahmias, 55 ans. Juste douze noms parmi les six millions, oui les six millions de visages fauchés par la barbarie nazie. Les sirènes résonneront demain en Israël, qui porte le deuil pendant 24h à partir de ce soir en la mémoire des 6 millions de martyrs.A titre personnel, je me rendrai dans quelques minutes au Mémorial de la Shoah où seront récités pendant 24 heures les noms des 76 000 juifs déportés de France. Les noms de « ceux dont il ne reste que le nom » (Simone Veil).הי ‏ינקום את דמם! ‏יהיה זכרם ברוך!Zakhor

Meyer Habib


YOM HA SHOAH LES MOTS FONT DÉFAUT POUR EN PARLER

Jacques Neuburger


Yom Hashoha : mes frères assassinés en Pologne avec mes quatre grands parents et leurs familles.

Yom Hashoah : la seule photo qui me reste de mes quatre grands parents assassinés en Pologne : le père de ma mère, mon grand-père maternel assassiné en Pologne en 1942 avec ses parents, sa femme, ses frères et soeurs, ses enfants (sauf ma mère immigrée en France en 1938). Du côté de mon père (seul survivant parce qu’immigré en France) en 1938 : ses grands-parents, ses parents, ses frères et soeurs , ses enfants-mes 4 frères- assassinés également en 1942.

Cet homme, Alter Rojzman, mon père , est né en Pologne dans une famille juive très pauvre. Ayant travaillé comme tailleur dès l’âge de 12 ans, il n’a jamais appris à lire et à écrire. Immigré en France en 1938, il avait laissé derrière lui ses parents, ses grands-parents, ses 4 fils, ses frères et soeurs. Tous ont été assassinés en 1942. En France, il s’est engagé dans la Légion Etrangère. Démobilisé à la défaite, il s’est caché sous une fausse d’identité avec sa femme et son dernier fils. . Ma mère ayant échappé par miracle à une rafle, sauvé par un gendarme français, ils sont partis plus loin, cachés par des paysans du Dauphiné chez qui ils m’ont laissé à la fin de la guerre. Bon tailleur de profession, mon père a durement travaillé en compagnie de ma mère, jour et nuit. J’ai été pratiquement élévé en partie par ma famille d’adoption, des paysans catholiques d’une générosité infinie dans un village de justes qui avait caché d’autres familles juives pendant la durée de la guerre. Mon père ne m’a jamais parlé de ses parents et de mes quatre frères. IL est resté silencieux toute sa vie comme ma mère qui avait aussi perdu ses parents, ses grands-parents, la presque totalité de ses frères et soeurs. C’est beaucoup plus tard, en Pologne, que j’ai retrouvé quelques traces de ma famille disparue. Mon père était un bon vivant, un amoureux de la vie, de sa femme , des femmes, des bonnes tables et il avait toujours le sourire aux lèvres et la plaisanterie facile, parfois grossière parce qu’il était un homme simple qui se moquait à la fois des gens de la haute et des ouvriers communistes qui devenaient disait-il les pires des patrons lorsqu’ils sortaient de leur condition. Il m’a appris ainsi à me méfier des idéologues et des gens qui ont la haine et la jalousie au coeur. Nous ne nous sommes pas bien reconnus de son vivant: trop de douleurs cachées et tues nous ont séparés mais aujourd’hui, jour du souvenir, je veux lui rendre hommage à lui et à ma mère qui ont su , bon an mal an, faire de nos vies, à ma petite soeur et à moi même une réussite au service de l’amour et de l’humain. 

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5 Comments

    • Dire que moi, il y a peu de temps encore je croyais que la Shoah était une fable, comme certains conspirationnistes le pointaient du doigt.
      Je m’en veux de les avoir crus, sans toutefois être sûr de rien.
      Merci pour tous ces témoignages qui respirent la vérité.

  1. Bonjour, je suis vraiment émue de lire votre page, ce message s’adresse à Albert Guenoun, j’habite la maison dans laquelle ont habité Lucie et Alfred Weil à Toulon, et je ne pensais pas un jour pouvoir voir leur photo, moi qui avait tant cherché à en savoir plus sur leur histoire. Avez vous connu Moïse Mitrani un de leurs neveux qui avait hérité de cette maison? N’hésitez pas à m’écrire. Merci. Émilie

  2. Bonjour
    Comment pouvons nous lire, écouter, regarder toutes les atrocités commises !…
    Je n’ai pas à proprement parler de famille disparue dans ces lieux d’épouvante mais mon Père et ma mère avait un grand ami M.BERNT francisé BERNET illustrateur de livres d’enfant dont je conserve des exemplaires dont la mère et la sœur ont transité par Sobibor et disparues bien sûr
    Je m’associe à tous ceux dont les familles ont à jamais été rayées du monde des vivants

  3. Chaque année, j´assiste à l´émouvant hommage en Israel à la mémoire de nos parents assassinés à Auschwitz-Birkenau et dans les Iles anglonormandes. Leur refuge est Yad-Vashem. Le mémorial des « Noms » à Paris aussi. J´ai écrit un livre en français et español sur leurs vies et la nôtre. Je les sens vivre de nouveau. « Ne pas oublier ».

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