En mémoire d’Oyneg Shabbos au cimetière juif de Varsovie
Ce monument à la fois transparent et opaque se trouve dans le cimetière juif de Varsovie.
Il a été installé là il y a deux ans, à l’occasion du 78e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie, à l’initiative d’un centre culturel local.
Il évoque l’organisation clandestine « Oyneg Shabbos » (« Les joies du Shabbath » en Yiddish car ses membres se réunissaient le samedi) qui pendant trois ans, sous la conduite de l’historien Emanuel Ringleblum, a collecté tous les documents (affiches, décrets officiels, publications clandestines,…) et les témoignages (compte-rendus, études, journaux intimes, reportages…) de la destruction des Juifs de Pologne par les Allemands.
Quand, le 24 juillet 1942, débute l’Aktion au cours de laquelle 300 000 habitants du ghetto vont être envoyés à Treblinka pour y être exterminés, une équipe d’ « Oyneg Shabbos » enterre dans des boîtes une partie de ces archives.
Le jeune David Graber, 18 ans, qui participe à l’opération y inclut son testament où il écrit : « Ce que nous n’avons pu crier à la face du monde, nous l’avons enterré ». Il ne survivra pas.
En janvier 1943, au moment où les Allemands tentent une première fois de liquider le ghetto de Varsovie et que la résistance armée se met en place, une autre équipe d‘ »Oyneg Shabbos » enterre le reste de ces 35 000 documents dans des bidons de lait.
On peut voir aujourd’hui l’un de ces bidons dans l’exposition permanente du « Żydowski Instytut Historyczny » / « Jewish Historical Institute de Varsovie » où une émouvante installation permanente relate l’histoire des membres du groupe « Oyneg Shabbos ».
Le papillon jaune que je porte au revers est actuellement distribué à Varsovie par les organisateurs des hommages à l’insurrection du ghetto. Il évoque bien sûr l’étoile jaune mais aussi les jonquilles qu’on voit fleurir dans les installations florales des avenues de la capitale polonaise parce qu’elles symbolisent l’arrivée du printemps.
Le cimetière juif de la rue Okopowa / Cmentarz żydowski w Warszawie est géré par la communauté. Il contient plus de 125 000 tombes et c’est l’un des plus grands au monde.
On y trouve bien sûr les tombes de nombreuses personnalités de la société juive d’avant et d’après la Shoah et, notamment celle de Marek Edelman, l’un des seuls survivants des groupes de combat qui menèrent l’insurrection désespérée du 19 avril au 16 mai 1943.
Il y a aussi des tombes de gens bien moins connus mais tout aussi importants comme celle de mon arrière-grand-mère Ester Minska, morte en 1927, et sur laquelle j’ai posé un caillou de mon jardin, en gage de fidélité.
Muzeum Historii Żydów Polskich POLIN
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© Pierre Rival
Pierre Rival est écrivain
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