L’ancien ministre de Lionel Jospin, a posté un texte de quatre pages sur les réseaux sociaux dans lequel il exprime son avis sur la réforme des retraites. DSK pointe les quatre erreurs, de timing, de méthode, de stratégie et d’exercice du pouvoir de la macronie avant de suggérer au président de la République de renouer le dialogue social pour éviter une cinquième erreur, fatale.
« La France est dans un triste état » selon Dominique Strauss-Kahn qui a posté, en ce mardi 11 avril, un texte politique sur la réforme des retraites. Intitulé « la cinquième erreur », le texte de l’ancien Ministre de l’économie et des finances pointe effectivement les erreurs qui ont conduit au « blocage de la société française. »
Pour DSK, la première erreur concerne « le choix du moment » car si la réforme des retraites est « importante », elle n’est pas à ce point « urgente » selon l’ancien ministre de Lionel Jospin. D’autant que d’autres « détresses assaillent les français », à commencer par la question du pouvoir d’achat, de l’anxiété post-covid, du dérèglement climatique, de l’avenir de la planète alors que la « guerre est à notre porte. »
L’ancien Ministre rappelle aussi que le fonds de réserve pour les retraites créé par Lionel Jospin et qui aurait dû alléger la contrainte budgétaire du système devait atteindre les 100 milliards d’euros de réserve en 2030, ce qui aurait largement permis de ne pas juger la réforme actuelle comme impérative. Mais DSK ajoute que le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, a siphonné ce fonds à fin de l’année 2010 pour alléger sa contrainte budgétaire.
La fin de l’âge couperet
Sur le fond du projet, DSK estime que la « vision globale fait défaut » et que ce n’est « pas l’âge de la retraite qu’il faut changer mais la conception même du système »: « C’est cette réforme systémique qu’en 2017 un candidat à la présidence de la République disait, à juste raison, vouloir entreprendre. Mais il a ensuite subrepticement abandonné cette voie. Pourtant, nous devons sortir d’un système qui repose sur l’âge de départ à la retraite pour construire un système fondé sur la durée de cotisation. »
Pour l’ancien ministre, l’âge couperet doit ainsi disparaître et la durée de cotisation doit s’adapter lentement mais régulièrement et en fonction des besoins de financement, ce qui, selon lui, permettrait aussi de moduler la durée de cotisation nécessaire en fonction de la durée du travail. Mais la « réforme paramétrique qui a été choisie » par le président Macron rend tout ceci « plus compliqué, voire infaisable de façon pratique » selon l’ancien locataire de Bercy, reconverti dans le conseil et la finance.
Après l’erreur de timing et de méthode, DSK pointe l’erreur stratégique car « la France n’est pas un pays dans lequel on peut mener une réforme sociale d’envergure en se référant uniquement à un rapport de force politique et en négligeant le rapport de force social » assure DSK qui pointe la priorité du gouvernement de chercher à constituer une majorité pour voter le texte plutôt que de construire avec les syndicats un projet acceptable.
Renouer le dialogue social
S’il ne le cite pas directement, DSK met directement la méthode Macron d’exercice du pouvoir et son absence de confiance dans les corps intermédiaires. Il pointe également son manque de courage car, selon lui, l’audace politique aurait voulu que le pouvoir accepte d’aller au vote quitte à perdre. « Ce n’aurait, certes, pas été glorieux mais la tension serait retombée et l’espoir de reprendre le sujet dans des circonstances apaisées aurait subsisté » selon DSK.
C’est, de fait, désormais au Conseil Constitutionnel de dire si Emmanuel Macron a également « malmené la constitution. » Faute de savoir ce qu’il en sera DSK suggère de repousser la publication de cette loi si elle est entérinée: « Faute de quoi le péril est grand de voir le pays s’embraser à nouveau, demain sur le sujet des retraites, après demain sur un autre, avec comme perspective historique un avenir politique de plus en plus brun » redoute-t-il.
En conclusion, Dominique Strauss-Kahn affirme que c’est désormais au « Président de la République qu’il appartient de prendre les initiatives permettant de renouer les fils d’un dialogue social trop brutalement interrompu. A défaut, une cinquième erreur viendrait s’ajouter aux précédentes. » Une cinquième erreur à ne pas commettre…
Source : Challenges.fr
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