Biden a deux amours : son ego et Obama. Corollairement, il a trois croquemitaines : Trump, Netanyahou et Israël. Cela tombe bien, il partage exactement les « valeurs » (à la hausse comme à la baisse) de son mentor et du « New York Times ».
Que se passe-t-il quand le NYT tombe sur une information juteuse contre Israël, mais qui discrédite Biden au passage ?
Étude de cas
Le quotidien de référence newyorkais a publié, le 2 avril 2023, une enquête sur le contrat que les États-Unis auraient signé, le 8 novembre 2021, avec NSO, la société israélienne qui a mis au point Pegasus, le logiciel espion le plus puissant sur le marché à ce jour… que l’administration Biden avait officiellement blacklistée cinq jours auparavant.
Pour éviter d’embarrasser la maison-mère, qui doit rester Blanche aux yeux du public, l’accord a été signé entre une société écran côté américain et la filiale américaine d’une société de hacking côté israélien.
Les citoyens adultes savent que leur sécurité est une fonction régalienne, qui est assurée par tous les gouvernements de la planète au moyen d’une armée (visible) et de services de renseignements (aussi discrets que possible). Les armes de la première sont exhibées lors des parades militaires (une fois par an en France, une fois par mois en Russie, une fois par semaine en Corée du nord).
Combattre des armées ennemies avec des nounours et des prières. Ou bien ?
La CIA, comme la DGSE, utilisent des systèmes d’espionnage qui ne sont efficaces que tant qu’ils sont invisibles.
Une partie du travail des dirigeants est d’endormir leurs citoyens, d’une part en leur disant « Dormez bien bonnes gens, le Guet veille ! » et d’autre part en leur racontant des contes de fées sur leur morale imperméable au réel. Les ennemis sont méchants et dangereux, mais nous ne nous abaisserons pas à leur niveau. Nous, nous sommes les gentils, nous n’utilisons que des armes gentilles.
Ainsi Macron vend des armes, mais raconte à Pimprenelle et à Nicolas que les acheteurs lui donneront la liste de leurs ennemis à valider, avant de les utiliser contre eux.
Biden, lui, ayant tapé tout l’été sur son Netanyahou émissaire préféré, se trouva fort dépourvu quand le chef de la CIA fut venu lui dire que s’il ne voulait pas que ses espions aillent danser maintenant, il fallait leur fournir de quoi faire leur boulot. Il voulait ce qui se faisait de mieux sur le marché, à savoir, le Pegasus de NSO. Nounours, au secours !
Pom popopom popopom pom pom…
Mathusalem avait un problème. La solution était à Jérusalem, du coup il avait un dilemme.
Mais pas son état-major. C’est l’état-major qui a acheté le joujou.
Biden dit souvent n’importe quoi, mais tout valait mieux que Trump, aussi cet octogénaire gâteux lui a-t-il succédé avec le brio que l’on constate quotidiennement. Chaque fois qu’il confond la Maison Blanche avec le Sénat ou sa femme avec sa sœur, le public sourit avec indulgence et met ses « gaffes » sur le compte d’une charmante étourderie. Toutefois, signer le bon de commande des Pegasus cinq jours après avoir juré craché par terre que jamais son administration ne s’approcherait de cet outil forgé par Belzébuth, c’est pire que de l’inattention.
Heureusement, il y a une formule magique pour les présidents américains
Tout acheteur de douze Pegasus a droit à un bonus : une formule magique intitulée « plausible deniability », le déni plausible. « Ne me dites rien », a certainement dit le président à son général, « Je ne veux rien savoir ». Et paf ! dès la formule magique prononcée, l’acte répréhensible a disparu.
Le déni plausible, c’est la capacité, pour un responsable hiérarchique, de nier toute implication dans des activités illégales ou sans éthique commises par des moins gradés, du fait de l’absence de preuve. Et ce y compris, voire surtout, quand le chef a été personnellement impliqué. Si en plus, il a volontairement ignoré ces actions, on parle de « willful blindness », d’aveuglement volontaire, ce qui ajoute la préméditation au délit lui-même[1].
Le public n’y croit pas plus qu’il n’a avalé les dénégations de Bill Clinton affirmant n’avoir « pas eu de relations sexuelles avec cette femme, Ms Lewinsky ». Mais les apparences sont sauves et c’est ce qui compte pour nos dirigeants. Les conséquences dans le monde réel, c’est pour les citoyens.
SOS Amitié : Touche pas au pote du NYT
Dans cette histoire abracadantesque, on hésite entre la culpabilité présumée d’Al Zheimer, un proche conseiller du président, ou celle d’un présumé déni plausible. Ce qui est sûr, c’est que le New York Times est impliqué dans le sauvetage des meubles de la Maison-Blanche.
Voici comment il a rendu compte du cafouillage.
Titre : Une société écran et une fausse identité.
Sous-titre : Comment les États-Unis en sont venus à utiliser des logiciels espions qu’ils essayaient de tuer.
Intertitre : L’administration Biden a tenté d’empêcher l’utilisation d’outils de piratage fabriqués par la société israélienne NSO. Il s’avère que tous les secteurs du gouvernement n’avaient pas compris le message.
Et dans le corps du texte, quand la question a été posée de cette commande amorale: « Nous ne sommes pas au courant de ce contrat, et toute utilisation de ce produit serait très préoccupante », a déclaré un haut fonctionnaire de l’administration, sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité nationale[2]
Le déni plausible, avalé et digéré, a été réutilisé (progressisme écologique oblige) et amplifié. Le pov’ Biden, il a « tenté d’empêcher » l’utilisation de cet outil démoniaque. Mais vous savez comment c’est, dans une grande baraque comme la Maison-Blanche, on ne voit pas tout et surtout pas les poussières que les sous-fifres planquent sous les tapis !
© Liliane Messika
Notes
[1] https://politicaldictionary.com/words/plausible-deniability/#
[2] www.nytimes.com/2023/04/02/us/politics/nso-contract-us-spy.html
Écrivain, Essayiste, conférencière, traductrice, Liliane Messika est auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient. Liliane Messika est membre du comité de rédaction de Menora.info.
À lire: Liliane Messika, Lettre ouverte aux antisionistes de droite, de gauche et des autres galaxies, éditions de l’Histoire, 2023.
Les USA et donc l’Europe représentent bel et bien l’empire de la désinformation. Ce qui est effarant c’est de constater que les Français continuent de nier cette évidence (alors que la France est la cible des attaques haineuses et fake news incessantes de la part des médias américains) de même que de nombreux Israéliens ou Juifs français. Soit dit en passant la désinformation médiatique vis à vis de la Russie et de l’Ukraine est d’une ampleur tout à fait comparable à celle contre Israël et pro palestinienne. Non pas qu’Israel et la Russie soient similaires et que les conflits à Gaza et en Ukraine soient de même nature mais en terme de mensonges, de diabolisation et de révisionnisme historique cela se vaut tout à fait.
Comment est-il encore possible aujourd’hui d’ignorer la véritable nature des médias américains, des crânes ra(ci)sés de BLM, des universités américaines, du parti « démocrate » et de la situation réelle (notamment en matière de racisme et de discriminations) des États Desunis d’Amérique ?
« En devenant collective l’erreur acquiert la force d’une vérité »
« La leçon des faits n’instruit pas l’homme prisonnier d’une croyance ou d’une formule. »
Gustave Le Bon
« Je ne mets au-dessus d’un grand politique que celui qui néglige de le devenir, et qui se persuade de plus en plus que le monde ne mérite point qu’on s’en occupe. »
La Bruyère