Jacques Neuburger. Éboueurs nos frères

Hier matin, vers les 5h30, un doux bruit de machine, des poubelles remuées, et des cris et propos de travail à voix très haute en dialectes congolais, jamais, jamais aussi heureux d’être réveillé par des bruits brutaux et dans mes prières du matin j’ai ajouté:

D bénisse le Congo , les Congolais, béni soit l’Eternel qui a créé le continent d’où nous viennent les hommes forts qui se dévouent pour un salaire de misère, vivant à l’écart dans des quartiers presque réservés, bien peu honorés, bien mal pris en compte, bien laissés pour compte sur le bord de la route par notre honorable société, on se détourne volontiers sur leur passage: “Seigneur mais il cocotte la poubelle le mec, et puis quoi, il est pas d’ici, c’est le grand remplacement, il vient voler le travail du bon français de souche”!

Oui, ces gens qui lorsqu’ils ont fait souche, ont une femme, des enfants qui vivent de la sueur honorable et peu honorée de leur père, n’osent pas se présenter aux réunions de parents d’élèves à l’école de leurs mômes – et qui nous sauvent de la peste et du choléra en acceptant d’accomplir les plus ingrates tâches que de fainéants descendants de nos ancêtres les gaulois (avec un clin d’oeil à notre regretté Goscinny) ne veulent pas se salir leurs blanches mimines à faire.

Qu’on me pardonne cette lyrique envolée moitié réac et moitié engagée, mais c’est que j’ai de la mémoire, je ne suis pas absolument un descendant de gaulois pure souche, je suis plutôt des cousins de Goscinny qui nous a tant fait rire et à bien aidé à vivre notre sensibilité de fils et filles de parents dont l’accent bien souvent disait l’étrangère origine et je sais combien de nos ancêtres hommes ou femmes, dont les descendants ont réussi, industriels, chirurgiens, avocats, petits commerçants ou schnorrers à la bonne réputation, faut de tout pour faire une société, ont bien souvent au débarqué en notre jolie terre de doulce France dû accomplir de tâches ingrates, mal payées, mettant presque au ban de la société pour pouvoir survivre les premières années.

© Jacques Neuburger

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