Raphaël Nisand. La violence politique est de retour

On voit jour après jour des manifestations se dérouler  de manière très violente en France, en Israël et dans bien d’autres pays.

Des groupes importants, parfois avec l’accord d’une partie du public, s’autorisent la violence pour faire entendre leurs voix ou pour faire prévaloir leurs idées.

Ces irruptions de violence contre les biens et les personnes sont dues à une perte de substance des démocraties occidentales. 
Pour accepter la loi, il faut la considérer comme légitime , respecter le législateur et se dire que la volonté de la majorité doit naturellement l’emporter. Mais les gens votent de moins de moins de telle sorte que les élus représentent de moins en moins de monde et de nombreux idéalistes remettent en cause la légitimité même du pouvoir (même démocratique) et des forces de l’ordre.

Chacun a de bonnes raisons . Les activistes  écologistes croient qu’eux seuls peuvent sauver l’humanité et ils sont donc prêts à tout puisqu’ils détiennent la vérité et que par définition ceux qui ne pensent pas comme eux ont tort . Les black blocs et les anarchistes de l’ultra gauche sont contre les institutions représentatives et contre toute délégation de pouvoir.

Encouragés par une partie de l’opinion ils pensent pouvoir faire reculer par la violence le pouvoir exécutif sur la réforme des retraites.

La légitimité de la police qui est aux ordres de la République est bien sûr également contestée.

La légitimité du politique est tellement entamée que le gouvernement lui-même pense bien faire en déférant la réforme des retraites aussitôt adoptée par la grâce du 49-3 au conseil constitutionnel. Comme si des juges qui ne sont pas des juges et qui ne sont plus élus pouvaient à eux seuls dire le droit et apaiser la violence de rue. 

Le problème c’est que ça ne marchera pas et que l’irruption de la violence dans le débat politique est le symptôme d’un mal profond.
Le vote pour changer les choses, plus personne n’y croit. C’est que le pouvoir s’est dilué depuis plusieurs décennies et ne réside plus dans la souveraineté populaire.

Participent au pouvoir presque autant que l’exécutif le pouvoir médiatique , les réseaux sociaux, le pouvoir économique et même le complotisme. 

Il en va de même en Israël où de nombreux israéliens sont persuadés d’être les ultimes remparts contre la tyrannie et que du sort des juges dépend celui de la démocratie. 

Or cela ne résiste pas à l’examen puisque ce qu’a fait une knesset , la même knesset ou la suivante peut le défaire avec une simple majorité.

Le constat est terrible, le vote ne vaut plus rien même dans des démocraties avancées et des fractions non négligeables de la population sont tellement persuadées d’être dans la bonne voie qu’elles appellent à allumer des feux, bloquer le pays, s’enfuir à l’étranger ou refuser de servir dans l’armée.

Or la démocratie c’est comme les banques ça ne peut s’établir que sur la confiance. J’accepte de déléguer mon pouvoir de citoyen pour une durée limitée à quelqu’un qui va me représenter loyalement.
Sauf que là plus personne n’y croit et il s’agit d’un problème existentiel.

Attention parce que la violence a toujours fait partie de la politique et les appels au meurtre que l’on peut entendre ici ou là peuvent être suivis d’effet. On l’avait vu avec Rabin et cela avait impacté toute la nation.

En France la violence extrême déployée dans le paisible département des Deux Sèvres autour des bassines de Sainte Soline n’augure rien de bon.

Il n’y a que deux solutions convergentes pour sauver les démocraties, rechercher les voies de la concorde d’une part et d’autre part empêcher de façon rigoureuse les violents de s’emparer des rues. 

La Russie , la Chine , l’Iran ou encore l’Arabie Saoudite ne connaissent pas ce genre de problèmes mais c’est peut-être pour ça que les démocraties valent qu’on les défende.

© Raphaël NISAND 

Chroniqueur sur Radio Judaïca 

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7 Comments

  1. Les Français ont refusé, très nettement, la constitution européenne, par un référendum de 2005. Le texte de cette constitution a été adoptée par le congrès peu après.
    Un référendum approuvant la construction de l’ aéroport de Notre Dame des Landes ( 44 ) n’ a pas été respecté : l’ aéroport n’ a pas été construit.

    La classe politique française est responsable des dérives dénoncées par l’ article.

  2. Certains dont l’auteur de cet article denoncent toujours, trémolos démocratiques dans la voix, la violence. Il y a trois violences. L’institutionnelle, la populaire, la policière – qui remet tout dans l’ordre, c’est à dire permet à l’injuste de perdurer. Mr Nisand ne semble déplorer que la deuxième en bon chien de garde de l’ordre bourgeois.

    Et la premiere ? N’en prenons qu’un exemple, le référendum de 2005 cité par Mr Kinski. Cher Mr Nisand, comment appelez-vous un tel procédé : nier la volonté populaire exprimée – vous devriez en être heureux par un vote
    sacré ? C’est un acte d’une violence inouïe. Non ? Aucune vitrine brisée, nulle chemise de drh déchirée, pas de voiture incendiée mais la voix de la majorité bafouée, des décennies de politique inique au service d’un petit nombre d’élus – sans vote – des millions de vies précarisées en toute connaissance de cause. Casser du verre, brûler du pneu, est-ce là votre seule définition de la violence ? Un peu court aurait dit Cyrano. Le pouvoir en 2005 gifle violemment son peuple, rien à redire. Le peuple aujourd’hui ose lever une main rageuse à son tour, on le somme d’arrêter la violence, et s’il n’obéit pas, la troisième, au service de la première est déployée, la policière, de plus en plus brutale au fur et à mesure que croissent la conscience et la révolte de ceux dont la vie, la santé, l’éducation, le bien-être sont depuis longtemps secondaires.

    Imaginez que l’on vous tape sur la tête avec un petit marteau, pas un grand coup à descendre un boeuf mais une série de légers propres à vous tuer à petits feux. Imaginez qu’au bout d’un moment – variable selon les personnes, le marteau et d’autres paramètres – vous décidiez de lever la voix voire le bras pour protester. Que vous alliez même, comble de l’ignoble, jusqu’à détourner en le frappant celui de votre partenaire non choisi. Si celui-ci drapé dans sa légitimité dénonce alors de votre part une violence inadmissible, vous envoie pour vous assagir et vous contraindre à continuer d’accepter le marteau, deux ou trois sbires bas de plafond insigne de shérif au poitrail, selon votre raisonnement vous devriez vous condamner pour sédition grave, acte de vandalisme caractérisé et vous rasseoir gentiment à la place que l’on vous assigne, le crâne enfin docile.

    Les groupuscules, black blocs et autres, sont-ils tolérés par le pouvoir ? Davantage que les manifestants pacifistes auxquels on crève les yeux ? Pendant la crise des filets jaunes, notamment. La question se pose.

    Quant au vote et à la représentation qui en découle, pour aller vite, ils seront respectés quand l’alternative sera crédible, ce qui n’est pas, dans nos démocraties libérales du tout le cas. Une seule politique possible entre les mains de dirigeants qui se suivent et se ressemblent sur l’essentiel. La défense coûte que coûte des intérêts supérieurs « des gens de bien » comme les appelait Guillemin.

  3. @Joseph1 Non seulement il n’existe depuis longtemps plus aucune démocratie en Union Européenne dont la France n’est qu’une province, mais la rhétorique même des macronistes est fondamentalement anti démocratique. Le fait de chercher à opposer volonté populaire et « choix des urnes » prouve que les Européeistes/ Macronistes ne savent même pas ce que signifie le concept de démocratie. L’idéologie du « Monde Libre » est un unanimisme ne pouvant tolerer aucune contradiction : ainsi lorsque dans un pays du « Monde libre » se déroule un simulacre d’élection, on retrouve exactement la même propagande délirante (au mot près !) en faveur du même parti dans les médias de Washington, Londres, Paris ou Berlin. En temps de guerre cet unanimisme résonne naturellement au bruit des bottes.

    Sur France Bleu un auditeur macroniste a qualifié les manifestants de « sous-hommes », révélant ainsi le véritable fond idéologique des élus et électeurs Macronistes. De même que le macronisme et l’européisme sont anti démocratiques et illiberaux, il sont fondamentalement anti humanistes et opposés à l’héritage des Lumières. Pour le macroniste, les personnes « ne sont rien » et les crimes ou injustices ne sont qu’un « sentiment ».

    Le mépris envers les faibles et la vie humaine, ainsi que le rejet de la culture et du savoir (que l’on observe en Macronie comme dans tout le « Monde Libre ») sont des caractéristiques essentielles du fascisme.

    Fiat Justicia, pereat Macronia.

  4. @Jérôme Onyx
    C’est exact ! Les articles des médias américains, anglais et francophones par exemple sont souvent du copié collé. Comme s’ils avaient été rédigés par des ordinateurs AI (*) programmés pour utiliser les mêmes mots, les mêmes formules…et évidemment les mêmes mensonges : plus ils sont gros, plus ils passent ! L’élection de Macron en est un très bon exemple. Mais les électeurs de Macron qui ont vraiment cru « faire barrage à l’extrême droite et à la haine » (!!!) sont-ils majoritairement des haineux ou des imbéciles ? Voilà la question ! Sans doute les deux. Dans tous les cas, cette similitude de la désinformation et des fake news d’un pays à l’autre dans Toute la sphère d’influence des États-Unis et de Bruxelles prouve qu’il s’agit bien d’un Empire de la désinformation _ sans égal et sans précédent.

    On pourrait très bien imaginer des Le Monde ou The New York Times sans employés humains, avec seulement des algorithmes et des programmes informatiques prenant en charge la désinformation des masses !…

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