À Tel-Aviv, la rue Dizengoff, du nom de son premier maire, Meïr Dizengoff, est une des artères principales de la ville et parmi les plus réputées. Déjà dans les années 1930, elle était connue pour ses nombreux cafés, dont certains légendaires, car lieux de rencontre des grands noms de la culture israélienne, de la « bohème ». C’est ici que la galerie Katz, la première de la ville, a vu le jour. Après une vingtaine d’années de déclin, Dizengoff, la mythique, a retrouvé sa place de choix autour de 2015. Avec ses nombreux bars et cafés, elle est aujourd’hui le cœur de la scène nocturne de Tel-Aviv, la « pomme du Moyen-Orient » qui, comme New York, ne dort jamais.
Dans cette ville connue pour sa vigueur et sa diversité, pour ses plages et son ciel bleu vif aux beaux jours, la rue Dizengoff, avec ses innombrables terrasses de cafés et de bars, s’anime à la nuit tombée des rires et des conversations des Israéliens et touristes venus passer un bon moment en compagnie d’amis, d’amours. Dizengoff bouillonne de joie, de vie.
Une joie, une vie qui en dérangent certains. Les provoquent.
Ainsi, cette rue a-t-elle été souvent ciblée par les maîtres d’œuvre de la haine. Théâtre d’attentats des plus meurtriers, Dizengoff résiste et festoie, ne cédant pas à la terreur que veulent semer les assassins.
Cela ne l’empêche pas de pleurer.
Le 9 mars dernier encore un terroriste palestinien a ouvert le feu sur des personnes attablées à une terrasse de bar, en blessant trois dont l’un grièvement. Trois hommes qui prenaient un verre avant d’aller ensemble au mariage d’un ami. Transporté à l’hôpital dans un état jugé critique, « désespéré » en hébreu, Or Eshkar, DJ de trente-trois ans, Ironman – triathlète de niveau international – a lutté bravement pendant onze jours avec la mort, suscitant l’admiration de l’équipe médicale. Sa compagne a supplié le peuple d’Israël de prier avec elle pour son rétablissement. Et le peuple a prié. Mais le destin a tranché. Brutal, comme il sait l’être. Or, lumière en hébreu, est décédé le 20 mars des suites de ses blessures.
Pourtant, il n’a pas perdu son combat contre le mort.
Le 21 mars, les journaux israéliens célébraient les vies que le cœur d’Or – en français comme en hébreu, qu’il portait bien son nom ! –, ses poumons, ses reins, son foie ont sauvées. Grâce à lui, des êtres, des familles respirent à nouveau. Les terroristes ont échoué à éteindre sa lumière. Et la vie, la vie d’Or, continue.
© Judith Bat-Or
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