Hamid Enayat. Oppression et dépouillement sans répit des travailleuses et travailleurs sous le régime des mollahs

  • Le salaire minimum répond à 30% des besoins vitaux. 
  • Un pouvoir d’achat de 25 à 45% inférieur à l’année dernière
  • Selon les chiffres officiels, le panier de subsistance de la ménagère est de 17,8 millions et le salaire minimum des travailleurs est de 5,3 millions
  • L’inflation supérieure à 53 %, l’augmentation des prix supérieure à 71 % et l’augmentation des salaires des travailleurs de 27 %

 

L’oppression brutale et le dépouillement des ouvriers et travailleurs par le régime clérical s’intensifient de jour en jour. Leur pouvoir d’achat diminue à vue d’œil, leurs tables se vident et ils sont toujours plus nombreux à grossir le cortège des chômeurs. Tandis que le budget officiel et officieux de la machine répressive, belliciste et terroriste de ce régime, en particulier des pasdarans, ne cesse d’augmenter. Malgré la propagande mensongère et abjecte du président du régime Ebrahim Raïssi sur le soutien aux travailleurs, leur oppression n’a jamais été aussi cruelle qu’aujourd’hui.

Selon Seyyed Solat Mortezavi, le ministre du travail du régime, le salaire minimum en 1402 (20 mars 2022-20 mars 2023), après de nombreuses négociations, n’augmentera que de 27% et « passera de 4 179 000 tomans à 5 308 330 tomans » (agence IRNA, 20 mars 2023).

Or le centre iranien de statistiques a annoncé une inflation de « plus de 50% » et « en février 2022, l’inflation point par point des ménages était de 53,4% » (journal Arman Daily, 1 mars 2022). Le même centre a annoncé dans son dernier rapport que « l’inflation du logement en janvier de cette année a augmenté de 66% par rapport à la même période l’an dernier ». (Mardom Salari, 1 mars 2023). Lors de la réunion du conseil municipal de Téhéran, « une augmentation de 40% du prix des billets de bus a été approuvée à l’unanimité » (Agence SNN, 14 mars 2023).

Selon les médias officiels : 

• « Les prix de tous les produits ont augmenté au moins de 70 à 100 % » (Ebtekar, 1 mars 2023).

• « Aucune période historique n’a connu cette hyperinflation alimentaire, pas même pendant l’occupation du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Or, le taux d’inflation alimentaire a dépassé 71 % en février » (Mardom Salari, 1 mars 2023).

• « L’analyse des prix de 11 produits sélectionnés montre qu’ils ont été multipliés par 12 en moyenne de 2018 à mars de cette année. Alors que le salaire minimum n’a augmenté que d’environ six fois depuis 2018. » (Ressalat du 6 mars 2023).

• « De 2018 à septembre 2022, les prix des logements à Téhéran ont augmenté de 750 %. » (Journal Eskanas, 1 mars 2023).

• « Un ouvrier doit payer en moyenne plus de huit millions et 883 mille tomans par mois pour louer un appartement de 70 m2 à Téhéran » (Journal Sharq, 2 mars 2023).

• « Le coût du panier des moyens de subsistance des travailleurs est maintenant passé à plus de 17.840.000 tomans. » (Journal Javan, 16 mars 2023).

Ainsi, selon les chiffres officiels, l’augmentation de salaire des travailleurs s’ils ont un emploi est de 25 à 45 % inférieure au taux d’inflation. En même temps, selon les paragraphes 1 et 2 de l’article 41 de la loi sur le travail du régime lui-même, le salaire minimum doit être « aligné sur le taux d’inflation » et « suffisant pour subvenir aux besoins d’une famille dont le nombre moyen est annoncé par les autorités officielles ».

Bien sûr, ce maigre salaire n’est pas versé aux travailleurs. « Des milliers de travailleurs dans tous les coins du pays attendent de recevoir des arriérés de salaire de 3 mois, 7 mois et 15 mois. De plus, des milliers de travailleurs, sous l’ombre de contrats temporaires, précaires et sans protection, accomplissent leur travail le matin avec la crainte du chômage le lendemain, et les accidents du travail continuent de faire des victimes en raison de la l’insécurité de l’environnement de travail » (journal Etemad, 1 mai 2022).

Du fait que les dirigeants du régime et en particulier les commandants des pasdarans ont pris en main les principales institutions de production et économiques, ils ont anéanti les organisations syndicales, répriment les travailleurs qui osent protester et éliminent les droits des travailleurs avec cruauté et brutalité.   

Tous les acquis de l’Organisation internationale du travail et les normes des droits minimaux des travailleurs ont été réduits à néant par ce régime, notamment :

• Les travailleurs iraniens n’ont pas de sécurité d’emploi, ils sont entre les deux tranchants d’une paire de ciseaux, dont un côté est un salaire de misère et de l’autre le licenciement.

• Aucune loi ne protège les travailleurs et dans tous les conflits juridiques, tout va à leur encontre et en faveur de l’employeur. 

• Les travailleurs et leurs familles ne bénéficient pas de l’assurance maladie ni de la retraite.

• Dans la pratique, les travailleurs n’ont pas le droit de former de syndicat indépendant et enregistré ou d’avoir leur propre représentant élu. Seuls les conseils ouvriers islamiques, formés par le régime, ont le droit d’exister.

• Le non-paiement des salaires des travailleurs est devenu la norme, et les travailleurs attendent parfois jusqu’à 15 mois pour recevoir leurs maigres salaires.

• Les unités de travail ne jouissent pas de sécurité et selon Ali Hossein Ra’iti, le vice-ministre du Travail, « environ 800 travailleurs meurent chaque année des suites d’accidents de travail dans le pays » (agence ISNA, 7 mai 2022). Bien sûr, plusieurs milliers de travailleurs deviennent également handicapés. 

Au cours des 44 années de fascisme religieux, les travailleurs sont devenus chaque année plus pauvre et tombent davantage au chômage que l’année précédente. La seule façon de mettre fin à cette oppression brutale et croissante est de renverser ce régime. C’est la campagne pour laquelle divers groupes, y compris des travailleurs, ont protesté dans les rues d’Iran lors du soulèvement national de 2022/2023 avec les slogans « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ».

© Hamid Enayat

Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.

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9 Comments

  1. En quoi cela nous concerne-t-il ? Doit-on prendre sur nous tous les problèmes du monde ad æternam ?
    Pratiquement rien sur ce qu’il se passe actuellement en France sur Tribune juive. Pourquoi ?

    • il y a eu des articles pour parler des retraites mais Tribune juive n’est pas qualifiée pour les conflits sociaux et les violences publiques ! Reportez vous à vos quotidiens et aux chaînes d’information ! Sinon vous n’êtes pas obligé de lire Tribunr juive !

        • Je retourne votre proposition : ce qui se passe en France nous concerne tous (surtout dans un média de langue française).
          « Si vous ne l’avez pas compris, nous ne pouvons rien vous. » Cette phrase sent trop la moraline intellectuelle de la gauche tiers-mondiste des années 60 dominant le vulgum pecus et ses étroites préoccupations hexagonales. Je vous laisse entre beaux esprits et retourne m’abrutir devant Bfm Tv.
          PS : j’attends avec impatience le prochain coup de gueule de Michel Dray traitant ses contemporains indifférents à ses indignations d’ignorants et de crétins et les réponses de T. Amouyal abondant dans son sens.
          Désolé d’avoir piétiné votre joli parterre. Vous ne m’y reprendrez plus.

          • Votre argument aurait été recevable, cher Gasquet, mais… patratras: BFM?
            TJ est heureux de ne pas plaire à tout le monde
            Nul ne somme quiconque de choisir
            Mais
            Aller se réfugier chez BFM me conforte.
            En effet l’Iran, Dray et Amouyal ne sauraient concurrencer.
            Ni ne voudraient.

  2. Etonnantes remarques de Mr ou Mme Dasquet 🤔

    Je ne pensai pas etre le perroquet de Mr Dray , mais apres tout , il y a pire situation …….peut etre , comme ecouter tv macron , la voix du patron .

    J ai pourtant l impression de commenter souvent la terrible ( et previsible) situation de la France , mais il est vrai que ce naufrage etait tellement evident pour tout observateur un peu attentif que franchement , je n ai plus trop’de mots .
    Quand a l. Iran , je crois que nous sommes tous tres concernés , car ce pays va finir par expulser les fascistes , c est certain, mais pas seulement , j ai la conviction que les iraniens , grace a leur position geographique , leur sociologie , leur niveau global et , malheureusement , leur triste experience du fascisme islamique , vont enfin relever le defi du renouveau de l islam et contribuer au retour de cette civilisation dans l histoire moderne de l humanité ; il s agit la d un pivot fondamental pour la region au sens large , pour lsrael , ou j habite desormais , mais aussi probablement pour le maghreb et pour la France qui est , a mon sens , un pays du cercle islamique .

    • @T Amouyal »La France qui est à mon sens un pays du cercle islamique ». Oui mais la Belgique est encore pire. Et l’Angleterre est encore pire que la France et la Belgique réunies.
      La « France » ou ce qu’il en reste ressemble à l’Algérie. L’Angleterre ou ce qu’il en reste ressemble au Pakistan voire dans certains endroits à Kaboul.

      • Cher Jerome , j avoue que je ne me questionne plus pour savoir a quel autre naufrage , la degringolade française me fait penser 😩
        Boualem Sansal semble reconnaitre ici les premices du drame algerien , il a sans doute raison , a coté de cela la Belgique qui se questionnait sur son avenir linguistique , wallon ou flamand a resolu brillament ce dilemne : ce sera l arabe assorti d une charia , et peut etre encore de frites , si les imams sont d accord 😂🤡

  3. @Gasquet Sur le fond, je suis d’accord avec vous. Mais par contre je ne regarderai jamais BFMTV ! Ni aucune autre chaîne de TV. Tout ce que montrent la Télévision, la Radio et la presse est mensonger ou biaisé.

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