« La famille de Pantin » de Michèle Fitoussi : souvenirs, souvenirs

Rue Ancelle à Neuilly le centre communautaire flanque la synagogue.

Hier, dimanche 19 mars 2023, un bel après midi culturel a eu un succès surprenant : beaucoup de visiteurs qui se frayaient un passage, de grandes tables avec des piles de livres sous le regard vigilant des employés de la librairie Lamartine, des bureaux le long des murs et, assis sagement, les auteurs, les autrices accueillant les chalands pour la dédicace espérée et les quelques phrases qui seront échangées.

Un franc succès : Paris avec émeutes tournantes, poubelles stagnantes, « Paris outragé », la ville de Neuilly toute proprette était la bonne destination pour cet après midi.

Les gens : les dames des bataillons de lectrices, des jeunes, étonnés et surprenants et des messieurs intéressés plutôt que désabusés.

Je venais en voisin, en curieux et tout de suite j’ai aperçu un carton avec un nom, celui d’une autrice ( auteure se dit aussi ?) : Michèle Fitoussi. J’ai lu sur le « Elle » de ma femme beaucoup de ses chroniques et j’en admirais le style. J’ai dû lire un ou deux de ses romans. Elle était là et présentait ses derniers ouvrages dont un au titre étonnant « Ma famille de Pantin », sans doute le souvenir de ceux qui gisent à quelques kms de la porte du même nom.

J’ai acheté le livre et j’ai demandé à l’écrivain ( le mot au féminin existe -t-il ?) une dédicace pour ma fille, première lectrice.

La couverture du livre est une photo d’un immeuble avec au premier étage un drapeau tunisien.
Bien sûr, je crois que je connais … cet immeuble … mais oui … puis ma mémoire a tout déballé : c’est un immeuble très beau sis au 18 rue de Rome à Tunis et j’ai vécu avec ma famille au second étage jusqu’à mes 18 ans et mon départ pour les Facultés parisiennes.

L’immeuble appartenait à une compagnie d’assurances italienne, Trieste et Venise. En mai 1943 les anglais avaient libéré Tunis, l’armée allemande chassée la 2eme DB de Leclerc arriva et les italiens furent dépossédés de leurs biens.

Rue de Rome, angle rue des Tanneurs, place de Rome où tous les trams brinquebalants avaient un arrêt puis un départ annoncés à grands coups de trompes, l’église russe qui sonnait même les quarts ( dont le terrifiant 6 heures 45, heure obligatoire du réveil familial ), le marchand de nougat qui vantait sa marchandise sans reprendre son souffle et les charrettes de fruits et de légumes roulant vers le marché central, les marchands de beignets tapant toute la nuit sur leur pâte… je n’ai jamais trouvé un endroit plus bruyant. Mais je n’en étais même pas conscient.

C’était ma maison, à deux cents mètres du Lycée Carnot, de La Rotonde, du Paris Bar, du Café de Paris et de toutes les salles de cinéma et des avenues où l’on se croisait tous : les copains, les filles.

Un été 43, un printemps 56, un pays de cocagne, une jeunesse de rêve !

Merci Michèle Fitoussi de m’avoir enchanté. Je lirai votre livre et j’en parlerai.

André Simon Mamou

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