Jacques Tarnero a raison d’écrire que c’est dans les media israéliens que les auteurs et signataires de ladite Tribune auraient dû publier leur “texte”, histoire d’ouvrir le débat.
Si bien évidemment le débat est toujours espéré, Offrir aujourd’hui au “Monde” la schlechte freude de vilipender Israël est indigne.
“La démocratie est en danger en Israël en raison de l’avènement sournois d’un régime autocratique illibéral”
Tribune
Collectif
Un large collectif d’intellectuels et d’artistes formé à l’initiative des philosophes Raphael Zagury-Orly et Jacob Rogozinski exprime, dans une tribune au “Monde”, son refus de voir son attachement à Israël servir de caution à un régime autocratique et nationaliste.
“Nous craignons que l’irréparable n’arrive actuellement en Israël. Nous ne remettons pas en question les résultats des élections démocratiques de novembre 2022 qui ont amené au pouvoir une nouvelle coalition. Nous redoutons cependant que l’alliance entre le Likoud de Benyamin Nétanyahou, les partis religieux et l’extrême droite nationaliste-religieuse ne mette en danger la démocratie. Cette coalition mène actuellement des « réformes » visant à mettre un terme à la séparation des pouvoirs en affaiblissant tout contre-pouvoir (notamment l’indépendance de la Cour suprême) et tout esprit critique. Nous assistons en ce moment même à l’avènement sournois d’un régime autocratique illibéral, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Nous souhaitons affirmer notre soutien sans faille à tous ceux qui, en Israël et ailleurs, mènent un combat incessant contre cette offensive réactionnaire. Des citoyens israéliens manifestent chaque jour de manière massive pour exprimer leur désaccord. Ils savent qu’il ne s’agit pas tant de « réformes » que d’un véritable changement de régime politique. Nous sommes à leurs côtés et souhaitons les assurer de notre soutien et de notre reconnaissance.
Comme eux, nous appelons le gouvernement israélien à adopter une position responsable, non seulement à l’égard des Israéliens eux-mêmes, Juifs et Arabes, mais aussi des Palestiniens des territoires occupés. Nous ne voulons pas que notre attachement à l’existence d’Israël serve désormais de caution à un régime autocratique et nationaliste. Nous ne voulons pas qu’Israël soit indéfendable.
Depuis un mois, de nombreuses personnalités issues du monde scientifique, politique, économique et intellectuel, mais aussi de la police et de l’armée israéliennes, appellent le gouvernement à la raison. Ainsi, l’ancien chef d’état-major de l’armée et ancien ministre de la défense Moshe Yaalon dénonce “un coup d’Etat qui met non seulement en péril l’économie et nos droits civiques, mais constitue également un danger existentiel pour la sécurité d’Israël”. Mais la coalition au pouvoir refuse d’écouter ces mises en garde.
Même si l’offensive antidémocratique du gouvernement de Benyamin Nétanyahou semble irrésistible, le réveil de la société civile israélienne nous donne des raisons d’espérer. Nous n’avons jamais cru Israël infaillible, ni préservé de toute dérive autoritaire ou théocratique. Nous tenons compte de sa situation particulière dans un contexte de guerre permanent.
Nous devons agir ensemble, en France comme en Israël, pour que cet Etat à l’histoire si singulière reste une démocratie. En ces temps où les démocraties apparaissent vulnérables, il faut que les démocrates du monde entier se soutiennent.
Signataires
Olivier Abel, professeur de philosophie à la faculté de théologie protestante de Montpellier ; Isabelle Alfandary, autrice et professeure à l’université Sorbonne-Nouvelle ; Frédérick Aubourg, psychothérapeute ; Nurith Aviv, cinéaste ; Gérard Bensussan, philosophe, professeur émérite à l’université de Strasbourg ; Anne Berest, écrivaine ; Anne-Emmanuelle Berger, professeure émérite de littérature française et d’études de genre, université Paris-VIII ; Pierre Birnbaum, historien et sociologue, professeur émérite à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Fabienne Brugère,professeure de philosophie à l’université Paris-VIII ; Pierre Brunet, juriste, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Monique Canto-Sperber, philosophe, directrice de recherche émérite au CNRS ; Barbara Cassin,philosophe et philologue, membre de l’Académie française ; Catherine Chalier, philosophe, professeure émérite à l’université de Paris-Nanterre ; Hélène Cixous, écrivaine ; Danielle Cohen-Levinas, philosophe et musicologue, professeure à l’université Paris-Sorbonne ; Boris Cyrulnik, neuropsychiatre ; Alain Ehrenberg, sociologue, directeur de recherches émérite au CNRS ; Rachel Ertel, essayiste et traductrice, professeure émérite des universités ; Franck Fischbach, professeur de philosophie, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Stéphane Freiss, cinéaste, acteur ; Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe, professeur à la faculté des sciences de Sorbonne Université ; Pierre Guenancia, philosophe, professeur émérite à l’université de Bourgogne ; Stéphane Habib, psychanalyste et philosophe ; Delphine Horvilleur, écrivaine et rabbin ; Agnès Jaoui, cinéaste et actrice ; Bruno Karsenti, philosophe, professeur à l’EHESS ; Laurie Laufer, psychanalyste et professeure à l’université Paris Cité ; Sandra Laugier, professeure de philosophie, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Marc de Launay, philosophe, CNRS-Archives Husserl, ENS ; Michaël Levinas, compositeur et pianiste ; Charles Malamoud, historien des religions, indianiste ; Guillaume Le Blanc, professeur de philosophie à l’université Paris Cité ; Eric Marty, romancier et essayiste, professeur à l’université Paris Cité ; Jean Mariani, professeur de médecine à Sorbonne Université ; Jean-Philippe Milet, professeur de philosophie en classes préparatoires, lycée Henri-IV ; Jean-Claude Monod, philosophe, chercheur au CNRS ; Géraldine Muhlmann, philosophe, politiste, journaliste ; Pierre Nora, historien, éditeur, membre de l’Académie française ; Alexis Nuselovici, professeur de littérature comparée, université d’Aix-Marseille ; Albert Ogien, sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS ; Marc-Alain Ouaknin, philosophe, rabbin et auteur, professeur à l’université de Bar-Ilan, Tel-Aviv ; Alain Policar, politiste, Sciences Po Paris, Cevipof ; Myriam Revault d’Allonnes, philosophe, professeure émérite des universités, EPHE ; Judith Revel, philosophe, professeure à l’université de Paris-Nanterre ; Jacob Rogozinski, philosophe, professeur émérite à l’université de Strasbourg ; François-David Sebbah, philosophe, professeur à l’université de Paris-Nanterre ; Anne Sinclair, écrivaine et journaliste ; Céline Spector, philosophe, professeure à l’université Paris-Sorbonne ; Antoine Spire, journaliste ; Guy Stroumsa, professeur émérite de religion comparée à l’université hébraïque de Jérusalem et à l’université d’Oxford ; Camille de Toledo, écrivain et artiste ; Danny Trom, sociologue, chargé de recherches au CNRS ; Michel Troper, juriste, professeur émérite à l’université Paris-Nanterre ; Sophie Wahnich, historienne, directrice de recherche au CNRS ; Gérard Wajcman, écrivain, psychanalyste, maître de conférences à l’université Paris-VIII ; Michel Wieviorka, sociologue, directeur d’études émérite à l’EHESS ; Francis Wolff, philosophe, professeur émérite à l’ENS ; Raphael Zagury-Orly, philosophe, professeur invité à l’Institut catholique de Paris ; Joëlle Zask, philosophe, professeure à l’université d’Aix-Marseille.
Collectif
https://www.tribunejuive.info/wp-content/uploads/2022/12/BAT_TJ_MAG_DOSSIER_SPECIAL_2022_WEB.pdf
je suis choqué par vos commentaires
“indigne”, “brigand”…
mon attachement à israël est indéfectible, et rien ne le mettra jamais en question, même pas ce que vous écrivez
ahavat israel m’a fait donner ma signature à ce texte dont je n’approuve pas tous les termes – mais c’est secondaire.
très triste…