Une énième tribune est parue le 9 mars 2023 dans « Le Monde » (where else ?) pour stigmatiser Israël avec l’aide d’idiots utiles piochés, cette fois-ci, dans le vivier des Juifs et des Israéliens plus royalistes que le roi Salomon.
On devrait être habitués, mais non. Chaque fois qu’une de ces accusations paraît, ce n’est pas Mozart qu’on assassine, c’est Asil (22 ans) , c’est Hallel (21 ans), c’est Yagel (19 ans) .
Israélophobie aiguë. C’est grave, Docteur ?
Comment se fait-il que l’élection israélienne fasse craindre à nos compatriotes « l’avènement sournois d’un régime autocratique illibéral », alors qu’ils n’éprouvent nulle inquiétude face aux homosexuels tués en prison et aux enfants envoyés au martyre par un président palestinien qui entame la 19ème année de son mandat de 4 ans ?
Les inquiets « ne remettent pas en question les résultats des élections démocratiques de novembre 2022 », mais ils « redoutent » que le résultat desdites élections « ne mette en danger la démocratie ». Quelle est la différence entre remettre en question et « soutenir sans faille tous ceux qui mènent un combat incessant contre cette offensive réactionnaire » ?
Nombre des signataires font partie de ceux qui, en France, dédaignent la réflexion au profit du réflexe conditionné : préférer la dictature avec Mélenchon plutôt que la démocratie avec les 89 élus RN. Les NUPES en short chahutent et appellent à « bloquer les lycées et les universités », mais c’est contre les costards cravates républicains et démocrates que se rassemble le front républicain.
Le même réflexe les fait lutter sans relâche contre la démocratie israélienne qui, cette fois-ci, a voté à droite, rendant l’opprobre encore plus légitime, car nos intellectuels ont toujours une petite tendresse pour Staline, mais jamais la moindre indulgence pour Netanyahou.
Les réactionnaires ne sont-ils pas ceux qui refusent les réformes ?
Netanyahou avec 64 sièges sur 120 promeut la défense de l’État nation du peuple juif : à part les chiffres, toutes les lettres de cette phrase sont des chiffons rouges pour les Mondophiles. État, beurck. Nation double beurck. Du peuple Juif ? Insupportable. Israël doit être l’État de tous les citoyens, comme la France est l’État de tous les Slovènes et la Norvège celui de tous les Portugais.
C’est la nation que cette coalition de signataires ne supporte pas, d’où la violence de ses procès d’intention contre les élus israéliens.
« Cette coalition mène actuellement des « réformes » visant à mettre un terme à la séparation des pouvoirs en affaiblissant tout contre-pouvoir (notamment l’indépendance de la Cour suprême) ».
Que savent-ils d’une Cour Suprême suprêmement dictatoriale, qui s’autorise à abolir les lois quand elle les juge « déraisonnables » ? La réforme judiciaire vise à rétablir les contre-pouvoirs supprimés par un système judiciaire qui s’est arrogé tous les pouvoirs, hors du champ de sa compétence. Statutairement, le procureur général de la Cour suprême n’est pas un super-premier ministre, mais un conseiller de celui-ci. La réforme le rappelle.
Séparer les pouvoirs, pas « prendre le pouvoir » !
La réforme veut garantir aux citoyens que la Cour suprême ne pourra plus invalider les lois fondamentales (qui sont quasi-constitutionnelles dans un pays où il n’existe pas de Constitution), comme c’est le cas aujourd’hui, où il suffit de trois juges nommés par le Président de la Cour suprême pour annuler n’importe quelle loi, fût-elle une loi fondamentale.
Imagine-t-on notre syndicat de la magistrature hexagonal s’arrogeant le pouvoir de revenir sur la séparation de l’Église et de l’État ? Certains pétitionnaires en rêvent.
À l’inverse, cette réforme judiciaire israélienne sans guillemets a pour but de revenir à la séparation des pouvoirs que réclament les ignorants, en lieu et place de la suprématie actuelle du judiciaire sur le législatif et l’exécutif.
En Israël, comme en France, les minoritaires sont beaucoup plus bruyants que les majoritaires. À écouter les journalistes répéter avec gourmandise le nombre des manifestants contre la réforme (100 000, puis 200 000), on oublie que 2,4 millions d’électeurs ont voté pour.
Les signataires de la pétition ne veulent pas en tenir compte : le réel les dérange.
Ils ont beau aboyer, la caravane de Netanyahou passe…
© Liliane Messika
Écrivain, Essayiste, conférencière, traductrice, Liliane Messika est auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient. Liliane Messika est membre du comité de rédaction de Menora.info.
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