Sacré pays qui a la chance d’avoir un écrivain de la trempe de Boualem Sansal, écrivain de grande stature, poursuivi par le régime moyenâgeux qui suce le sang de son peuple comme un vampire rétrograde, limogé comme un malpropre de son poste de directeur général de l’administration centrale du ministère de l’Industrie et faisant l’objet de haines et de jalousies tenaces parce que se plaçant au-dessus de la mêlée.
Pire pour l’Algérie, Boualem Sansal est un esprit libre. Et ce pays n’aime pas ceux qui se détachent du troupeau bêlant. Que chacun reste à sa place et se prosterne front contre poussière et si possible tourné tout entier vers l’est et tout ira dans le meilleur des mondes mis à la disposition du cheptel obéissant.
Dans ce pays, pouvoir et administrés interdisent à tout individu de parler de laïcité, de la place de la femme dans la société, de la modernité intrinsèque qui veut que tout homme doit décider suivant ses propres valeurs et non celles de la société dans laquelle il a grandi. On glorifie Kateb Yacine, athée notoire, parce que Yacine est mort et enterré. On ne retient de Tahar Djaout que le fait qu’il ait été tué violemment alors que Tahar était un esprit d’une liberté hors normes qui remettait en question dogme et fables. Et voila que Boualem Sansal, intellectuel de haut vol, homme totalement affranchi, devient, haine recuite aidant, homme licencieux et surtout un intellectuel harki parce qu’ayant accepté d’aller rencontrer l’autre, le frère mal aimé, de discuter avec l’autre face de nous-même, son jumeau, son frère sémite, le Juif honni et abhorré.
Que d’insultes, que d’invectives, que de grossièretés à l’endroit de mon ami Boualem dans des articles en forme de torchon. Et que de vérités approximatives : il est dit que « les mains des occidentaux sont tachées du sang des peuples arabes » alors que ce même sang n’a jamais autant coulé que depuis que les arabes s’entretuent : 200 000 en Algérie, 150 000 en Syrie, je ne parle pas de l’Irak, de la Lybie, de ce qui se passe actuellement sous d’autres contrées et j’en passe… Le pire est que Sansal se soit rendu dans « la ville arabo-musulmane » d’El Qods. Naïvement, je pensais que Jérusalem était autant musulmane que chrétienne et juive mais voilà que le radicalisme bat son plein dans les esprits échauffés qui veulent réécrire l’histoire. Comme toujours il n’y a qu’une seule religion qui veut s’accaparer ce qui constitue le centre névralgique des trois religions monothéistes et le partage des valeurs, et ça ne m’étonne pas.
(Lire la lettre ouverte du torchon AlgérieNetwork à ce sujet et l’interview percutante qu’il a donnée à F.-O. Giesbert dans « La Revue des Deux Mondes »)
En 2023, au pire en 2024, si tout va bien, je serai de ceux qui sillonneront les rues de la glorieuse Jérusalem, admirant tout autant le mur des Lamentations que le chemin de Croix conduisant au Saint Sépulcre que le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa.
© Kamel Bencheikh
https://algerienetwork.com/algerie/lettre-ouverte-a-boualem-sansal-2/
Boualem Sansal
Est une lumière dans la nuit des fascistes et des laches qui
Les laissent passer
Merci et bravo pour cet éloge tant mérité de Boualem Sansal, cher Kamel Bencheikh.
Boualem Sansal est un homme courageux et libre, un écrivain à la langue française ciselée comme un bijou, un homme de convictions et de dialogue qui cherche à faire comprendre le monde et l’Autre. Crime impardonnable pour les totalitaristes de toutes obédiences et de tous les camps.Et, comme « nul n’est prophète en son pays, c’est bien sûr en Algérie d’abord qu’il est honni et menacé.
Mais tous ceux qui sont épris de liberté l’admirent et lui sont reconnaissants.
Je guette la sortie de son prochain livre, elle se fait attendre !
Et, puisque vous évoquez de faire à votre tour le « voyage de Paris à Jérusalem « , je vous souhaite de trouver la fraternité et la paix dans cette ville dont l’histoire pluri-millénaire est chargée de tant de symboles et de tant de promesses pour les hommes de bonne volonté et grandeur d’âme.