Cette année Pourim tombe presque en même temps que le 8 mars, journée internationale de lutte pour le droit des femmes.
Oui mais alors quel lien faire entre Esther qui a sauvé les Juifs d’une extermination projetée par Aman et Sarah Netanyahou ?
Le moins qu’on puisse dire c’est que la reine Esther est une femme admirée pour son action de reine, pour sa piété et sa détermination après réflexion à sauver les siens. Mais tout ça, elle l’a fait en tant que femme.
Sarah Netanyahou n’a pas d’action politique à proprement parler.
On sait que c’est la femme de … , c’est une mère , c’est une israélienne et on lui prête des goûts dispendieux et un caractère compliqué.
Mais l’incident terrible qui s’est produit à Tel Aviv cette semaine rappelle de façon caricaturale que Sarah paie chèrement le fait d’être une femme.
C’est chez un coiffeur pour femmes de Tel Aviv qu’elle s’est fait malencontreusement reconnaître par quelqu’un qui a aussitôt dénoncé sa présence sur les réseaux sociaux avec appel à manifester devant ce salon de coiffure.
Dans les minutes qui ont suivi, des milliers de personnes se sont rassemblées devant ce salon de coiffure.
Imagine-t-on ce qui se serait passé si elle était sortie comme elle y était entrée, c’est-à-dire une femme libre de ses mouvements ?
Les manifestants n’étaient pas là pour lui offrir des bonbons.
Beaucoup étaient là pour la lyncher et il a fallu déployer des forces de police considérables pour la sauver.
Sarah Netanyahou n’a pas de rôle politique et c’est bien la femme, l’épouse de son mari qui est visée dans une activité paisible de femme : se rendre chez son coiffeur. Quoi de plus naturel ….
Les manifestants du salon de coiffure ne voient même pas le problème.
Leur camp, au lieu de s’interroger sur les motivations obscures de cet odieux rassemblement, en a rajouté dans le complotisme bas de gamme.
Il est reproché à Sarah Netanyahou d’être allée à Tel Aviv, ville hostile à ses idées supposées. Là aussi c’est un comble.
Il est également reproché par des éditorialistes devenus fous de haine que c’est elle-même qui serait derrière cette affaire car elle aurait tardé à sortir de ce salon de coiffure assiégé et qu’elle aurait refusé de prendre l’issue de secours que lui avait proposée le coiffeur .
Elle aurait donc dû sortir comme une voleuse et renoncer à sa dignité de femme pour échapper à ses poursuivants.
La gauche israélienne perd ses nerfs et ne voit même plus quand elle devient misogyne et anti-démocrate mais la droite israélienne n’est pas en reste avec les déclarations incendiaires de Betsalel Smotrich qui en tant que ministre appelle à anéantir un village arabe.
Le pays est fracturé en deux et il n’y a plus d’arbitre , la légitimité démocratique ne fonctionnant plus
Le problème c’est qu’à l’heure actuelle en Israël le pays est fracturé en deux et qu’il n’y a plus d’arbitre , la légitimité démocratique ne fonctionnant plus.
Pas d’autorité gouvernementale et encore moins d’autorité judiciaire, les juges de la Cour Suprême ayant manifestement choisi un camp.
Il reste à espérer qu’un arbitre parvienne à faire émerger un consensus pour une sortie de crise sans dommage.
Le shabbat matin avant Pourim et la lecture de la Meguila d’Esther , les Juifs réunis à la synagogues écoutent Zakhor , un texte qui leur enjoint de se souvenir d’Amalek, l’ennemi absolu du peuple juif, qui peut revenir de génération en génération.
Il reste à espérer que la force de ce texte lu chaque année depuis des siècles dans toutes les synagogues du monde entier rappelle à chacun la nécessité vitale de l’Unité contre Amalek, le seul véritable ennemi du peuple juif.
© Raphaël NISAND
Chroniqueur sur Radio Judaïca
J’attends l’article suivant qui pourrait s’intituler : « de Moise à Benjamin Netanyahu » ou l’esprit de la Loi. Heureusement que le ridicule ne tue pas!