Selon l’avocat, la réforme de la justice doit se limiter à des lois votées à la majorité qualifiée et à certains types de loiseulement.
TRIBUNE – Le projet israëlien de réforme de la justice, quand bien même nous nel’approuvons pas en l’état, ne méritait pas ces réactions indignées qui ne peuvent être expliquées, à l’intérieur, que par l’apparence ingrate de son gouvernement, et à l’extérieur que par une détestation médiatique de cet État.
Écrivons-le tout d’abord sans ambages: le nouveau gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou, quitte à réformer les institutions, eût été mieux inspiré, pour son pays comme pour lui-même, de modifier le mode de recrutement du personnel politique parlementaire.
Il y a peut-être encore plus dangereux pour Israël que la République islamique d’Iran: son mode de recrutement des députés à la Knesset au scrutin proportionnel intégral ; la seule qualité personnelle requise étant le savoir-faire du candidat à se hisser en position éligible de son parti sur ses listes électorales.
Il en résulte deux funestes conséquences: une parfaite médiocrité intellectuelle et morale du personnel politique élu. Pire encore: une dissémination de petits partis aux exigences démagogiques qui obligent le futur chef de celui arrivé en tête à composer avec ceux-ci pour tenter de pouvoir gouverner.
C’est exactement la mésaventure qui est arrivée au premier ministre actuel, personnalité intelligente et bien plus pondérée qu’on ne le dit, contraint de gouverner désormais avec un petit parti extrémiste de droite et un parti religieux orthodoxe aux exigences mesquines ou irréalistes.
C’est donc dans ce cadre esthétiquement ingrat à l’intérieur comme à l’extérieur qui l’affaiblit dès le départ que Benyamin Netanyahou a présenté le projet de réforme judiciaire qui figurait à son programme: limitation du pouvoir de la Cour suprême et du mode de recrutement des juges.
Le désir de la majorité parlementaire israélienne de vouloir limiter légalement les pouvoirs d’une Cour suprême assez marquée idéologiquement n’est pas en soi liberticide. Gilles-William Goldnadel
Disons-le d’emblée: ce projet, quand bien même nous ne l’approuvons pas en l’état, ne méritait pas ces réactions indignées qui prétendent que le caractère démocratique de l’État est en danger et qui ne peuvent être expliquées, à l’intérieur, que par l’apparence ingrate de son gouvernement, et à l’extérieur que par une détestation médiatique de cet État, irrationnelle, qui bat tous les tristes records déjà enregistrés.
On peut parfaitement se rebeller démocratiquement contre un excessif gouvernement des juges contraire à la volonté populaire telle qu’exprimée légalement ou judiciairement.
Ainsi, en France, nous mentirions si nous prétendions que nous avons applaudi à cette décision du Conseil constitutionnel qui inventa un principe d’humanité imaginaire pour annuler la condamnation de ce militant qui allait illégalement chercher des migrants sans papiers de l’autre côté de la montagne.
Nous n’avons pas vu que ceux qui se sont indignés de la décision de la Cour suprême américaine de ne plus protéger le droit à l’avortement étaient tenus pour des ennemis farouches de la démocratie.
Le désir de la majorité parlementaire israélienne de vouloir limiter légalement les pouvoirs d’une Cour suprême assez marquée idéologiquement n’est pas en soi liberticide.
Nous rejoignons cependant la sage proposition de compromis du président de l’État, Isaac Herzog, de limiter cette possibilité à des lois votées à la majorité qualifiée, et à certains types de loi seulement.
Après que le projet gouvernemental a été approuvé en première lecture, le 21 février dernier, il n’est pas impossible de pouvoir espérer ce compromis apaisant. Reste sans doute l’essentiel à nos yeux: l’impossibilité de traiter rationnellement tout ce qui touche à Israël ou tout ce qu’Israël touche.
On peut évidemment regarder ce pays d’un regard critique.
Mais les observateurs au regard acéré seraient autrement plus crédibles s’ils ne regardaient ses adversaires avec des lunettes opaques.
Il semble en effet acquis au débat médiatique que ce serait le refus israélien d’un État pour les Arabes de Palestine qui expliquerait leur rage désespérée. Gilles-William Goldnadel
Tandis qu’ils usent du vocable «suprémaciste» pour qualifier un ministre israélien (il n’existerait au demeurant que des suprémacistes blancs…), ils n’ont jamais évoqué le fait que le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, était l’auteur d’une thèse négationniste sur la Shoah et collectionnait depuis les déclarations antisémites.
Quant au Hamas, judéophobe jusque dans sa Charte, il n’est, bien que classé officiellement terroriste, jamais médiatiquement appelé ainsi. Lesdits observateurs, très économes du mot, préférant le qualifier plus aimablement de «mouvement islamiste». Ce vocabulaire prudent et indulgent n’a évidemmentrien d’innocent.
Reste le cœur du conflit. Il expliquerait, sinon justifierait, le recours à ce terrorisme considéré finalement comme inévitable alors qu’il fait partie de la culture historique du radicalisme islamo-palestinien qui se transmet de parents à enfants.
Il semble en effet acquis au débat médiatique que ce serait le refus israélien d’un État pour les Arabes de Palestine qui expliquerait leur rage désespérée.
Il fut un temps où 90 % des Israéliens étaient favorables à un compromis territorial douloureux mais conditionné à une paix définitive. Gilles-William Goldnadel
Or, il s’agit d’un mensonge patenté. Nous affirmons bien à l’inverse qu’il existerait depuis vingt ans un État pour ces Arabes palestiniens qui n’ont cessé de gâcher l’excellent dossier qu’ils sont en droit de faire valoir, si l’appareil politique qui les représente avait accepté les propositions de Yitzhak Rabin et Shimon Pérès, refusées par Arafat après qu’une préstructure étatique leur a été accordée.
Bill Clinton en a attesté. Depuis, Ehoud Barak et Ehoud Olmert ont renouvelé des propositions toujours rejetées par un nationalisme palestinien irrédentiste, divisé, travaillé par le terrorisme islamiste et finalement n’ayant jamais renoncé à voir un jour prochain ou lointain une Palestine arabe et musulmane de la mer jusqu’au Jourdain.
Il fut un temps où 90 % des Israéliens étaient favorables à un compromis territorial douloureux mais conditionné à une paix définitive. Nous n’en sommes hélas plus là. Et la médiocrité du personnel politique israélien comme le développement des implantations n’arrangent rien.
Il n’en demeure pas moins que ce regard médiatique strabique sur la question d’Israël rend impossible tout examen rationnel, qu’il s’agisse d’une question constitutionnelle comme d’une question existentielle.
© Gilles-William Goldnadel
Dernier ouvrage paru: «Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche. Les fachos ont changé de côté», Les Nouvelles Éditions de Passy, 2021.
On ne peut pas espérer de la rationalité de la part des wokisés décérébrés, électoralement majoritaires et majoritaires tout court :
“Une des sources les plus fréquentes d’erreur est de prétendre expliquer avec la raison des actes dictés par des influences affectives ou mystiques”.
Gustave Le bon.
Tres bonne remarque !