Aujourd’hui, on lève les yeux vers le plafond de la salle du Palais Garnier à Paris orné d’un décor spectaculaire et bouillonnant de couleurs, exécuté par Marc Chagall en 1964.
C’est sans doute l’un des projets monumentaux les plus spectaculaires et les plus aboutis de Marc Chagall (1887-1985). Pendant près d’un an, l’artiste a multiplié les dessins, les croquis, les esquisses au crayon, à l’encre, au feutre ou à la gouache pour donner naissance au somptueux décor qui orne aujourd’hui encore le plafond de la salle de spectacle du Palais Garnier, à Paris. Chagall a 77 ans lorsqu’il réalise, douze après Braque au musée du Louvre, ce plafond éblouissant dans lequel il exprime pleinement son ambition de spectacle total où cadre et action sont intimement liés.
Un panthéon des musiciens
Composé de douze panneaux latéraux et d’une œuvre circulaire (qui évoque Carmen de Bizet, La Traviata de Verdi, Fidelio de Beethoven et Orphée et Eurydice de Gluck) et déployé sur deux cent vingt mètres carrés, ce décor commandé à Chagall par André Malraux en 1963 recouvre celui de Jules-Eugène Lenepveu, qui avait été réalisé au XIXe siècle à la demande de Charles Garnier.
Marc Chagall, Le plafond de l’Opéra Garnier, inauguré en 1964, huile sur toile, 220 m2, Opéra national de Paris, Palais Garnier. © Jean-Pierre Delagarde / Opéra national de Paris / Palais Garnier © Adagp, Paris, 2023
Inauguré le 23 septembre 1964, le plafond imaginé par le peintre est un véritable panthéon des musiciens, qui célèbre, dans le mouvement et la couleur, quatorze grands compositeurs à travers l’évocation de leurs plus grands chefs-d’œuvre. Apparaissent alors, entre autres, des scènes et des personnages empruntés au Lac des cygnesde Tchaïkovski, à Roméo et Juliette de Berlioz, au Pelléas et Mélisande de Debussy, à Giselle d’Adam ou au Tristan et Isolde de Wagner, sans oublier les opéras et ballets pour lesquels Chagall a signé les costumes et les décors, Daphnis et Chloé de Ravel, L’Oiseau de feu de Stravinsky ou La Flûte enchantée de Mozart.
© Guillaume Morel
Il n’y a pas de mots pour décrire la beauté de ce chef-d’œuvre de Marc Chagall. C’est comme si sur ce plafond il avait dessiné et peint la musique qui règne en ce lieu, comme s’il avait transformé la musique en peinture. Tout n’est qu’harmonie entre ces deux arts dont l’Opéra est le Palais . De tels artistes sont incontestablement touchés par la grâce divine.