Aurélien Mark. La douteuse exemplarité de la Grande Mosquée de Paris 


Interrogé sur l’antisémitisme de certaines de ses ouailles, Chems-Eddine Hafiz dénonce une méconnaissance de l’islam.


Interrogé par Mohamed Bouhafsi sur RTL dans « Focus Dimanche », le recteur de la Grande Mosquée de Paris a été amené à aborder, entre autres, le sujet des relations entre musulmans et juifs, et a alors déclaré : « La Grande Mosquée de Paris a toujours donné l’exemple ».  Le lecteur en jugera, en se référant à des textes qui, il y a quelques années, se trouvaient sur le site internet de la Grande Mosquée de Paris (cf. la fin de cet article).

Deux remarques préalables sur ce que dit Chems-Eddine Hafiz à propos de Moïse. Il affirme que si un musulman dit « sale juif » à un juif, il s’insulte lui-même puisque l’islam reconnaît Moïse comme un prophète, et donc que « si vous vous attaquez aux personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs, vous êtes en train de commettre un acte anti-musulman, contre vous-même, c’est ça qu’il faut expliquer ».  Et il impute les comportements répréhensibles de certains musulmans au fait que « les musulmans ne connaissent pas leur religion ».

Première remarque : si c’est réellement ce dont le recteur veut convaincre ses fidèles, alors sa tentative de désamorcer l’anti-judaïsme de l’islam est peut-être bien intentionnée mais totalement contraire aux enseignements de l’islam depuis des siècles, et de ce fait bien fragile. En effet, pour l’islam, Moïse était musulman, et non pas juif, le judaïsme étant une falsification ultérieure des enseignements de Moïse, falsification que l’islam est venu rectifier pour rétablir le véritable message des prophètes successifs du dieu unique, d’Abraham à Jésus en passant par Moïse. Le christianisme, d’ailleurs, n’est qu’une autre de ces falsifications, également rectifiée par l’islam. Dès lors, l’argument du recteur pourrait éventuellement « protéger » les Juifs au sens « racial » du terme, mais malheureusement pas les juifs au sens de « ceux qui croient à la religion juive », ce qu’il semble pourtant avoir en tête en évoquant les « personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs ». 

Deuxième remarque : Chems-Eddine Hafiz accuse les musulmans pour tenter d’innocenter l’islam (d’ailleurs, ne se livre-t-il pas très exactement à une généralisation du genre de celles qu’il reprochait à Houellebecq ?). Une fois de plus, il veut éviter à sa religion les très sévères critiques qu’elle mérite, et qui doivent impérativement lui être faites, faute de quoi les « germes du mal » qui « sont dans les textes », pour citer Abdelwahab Meddeb, ne cesseront jamais de donner de nouvelles pousses empoisonnées.

Je ne spéculerai pas sur les raisons de cette esquive systématique que pratique le recteur. Notons simplement qu’il est douteux qu’il parvienne à convaincre ses ouailles que les auteurs du Coran ne connaissaient pas leur religion… à moins qu’il soit prêt à remettre en cause le dogme du Coran éternel et incréé, parole d’Allah dictée verbatim par Jibril/Gabriel et rapportée puis transmise avec une parfaite exactitude par le prophète de l’islam et ses disciples ?

Ce serait salutaire, mais qu’il le dise clairement ! Faute de quoi, son silence ressemblera désagréablement à du « cépaçalislam », une volonté de convaincre les non-musulmans de baisser la garde pour pouvoir continuer impunément à proclamer parole divine un livre dans lequel il est écrit, par exemple (sourate 9, verset 30) : « Les Juifs disent ‘Uzayr est fils d’Allah’ et les Chrétiens disent ‘Le Christ est fils d’Allah’. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ? »

Sans parler bien sûr de certains hadiths suintant la haine des juifs, traditionnellement considérés comme authentiques, qui font donc partie intégrante de ce que l’islam sunnite des quatre madhhabs orthodoxes présente à ses fidèles comme références pour guider leurs vies.

Quant au fait que la Grande Mosquée de Paris aurait « toujours donné l’exemple », remontons simplement à ce que je constatais et exposais en 2017. Les citations que je rapportais alors dans un article parlent d’elles-mêmes. Elles ont depuis, et heureusement, été retirées du site internet de la Grande Mosquée de Paris, mais jettent un éclairage parlant sur l’exemplarité passée de cette institution…

 https://www.causeur.fr/mosquee-paris-dalil-boubakeur-religions-145197

© Aurélien Mark

https://www.causeur.fr/la-douteuse-exemplarite-de-la-grande-mosquee-de-paris-254527

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