
« Pour les Algériens, les positions d’Enrico Macias sont trop radicales et trop pro israéliennes »
« Avec la visite de Patrick Bruel, l’Algérie a prouvé qu’elle n’était pas antisémite et qu’elle était tolérante », a affirmé Abdou Semmar, journaliste algérien indépendant dans l’émission Mag’hreb sur i24NEWS.
Le chanteur à succès Patrick Bruel a été invité par les autorités algériennes, après une interview accordé à un média français dans lequel il avait émis le souhait de retrouver sa terre natale Tlemcen. Une visite très médiatisée partagée par l’interprète de « Alors regarde »sur Instagram avec fierté.
« Depuis la visite avortée du grand rabbin de France en Algérie en août 2022 avec le président Macron, l’Algérie cherche à se rapprocher de la communauté juive pour prouver qu’elle n’est pas antisémite mais qu’elle est juste antisioniste, qu’elle a des différends politiques avec Israël et le Maroc mais pas de différend majeur avec la communauté juive », explique Abdou Semmar, qui précise que Patrick Bruel a été « en général » favorablement accueilli.

Mais, malgré une visite « réussie » du chanteur de 63 ans, l’autre chanteur célèbre né en Algérie, Enrico Macias, reste persona non grata dans le pays même s’il a clairement expliqué que son souhait ultime était de venir chanter devant le public algérien.
« Il y a ici beaucoup de rancœurs, de malentendus et d’incompréhension. Pour de nombreux Algériens, Enrico Macias est assimilé à un partisan invétéré d’Israël, du sionisme et de l’occupation de la Palestine par l’armée israélienne. Pour les Algériens, les positions de Macias sont trop radicales, et trop pro israéliennes. Ils lui reprochent aussi de ne pas être un homme de paix et d’être défavorable à la création d’un État palestinien », a expliqué M. Semmar en précisant pourtant que l’interprète de « J’ai quitté mon pays » a prononcé aussi de nombreuses déclarations en faveur de la paix entre les deux peuples.
M. Semmar a également mis en exergue une « campagne de dénigrement, de manipulation et de désinformation qui date de plusieurs décennies dans laquelle on assimile les Juifs de Constantine à des partisans du colonialisme français ». « Les grands complexes, les tabous de l’histoire de l’Algérie et le conflit israélo-palestinien empêchent Enrico Macias, âgé de 84 ans, de bénéficier du privilège qui a été accordé à Patrick Bruel. Peut-être que l’Algérie poursuivra son processus de remise en cause, et permettra enfin au chanteur de retrouver sa Constantine natale », a-t-il conclu.