Raphaël Nisand. Qu’est-ce qu’un colon juif à Jérusalem?

On a pu lire ou entendre dans la quasi-totalité des médias français que des “colons juifs” avaient été tués et blessés à Jérusalem lors des derniers attentats.

Pour la presse française, quelqu’un qui commettrait une telle agression sur des civils ailleurs qu’en Israël serait immanquablement qualifié de terroriste et l’acte serait barbare.

Mais là non, le terroriste est requalifié d’assaillant un peu comme si son assaut était légitime et ses victimes sont déshumanisées au rang de “colons juifs”.

On ne rappellera jamais assez que la Palestine n’a juridiquement jamais existé avant qu’un mandat de la SDN, ancêtre de l’ONU, soit confié après la première guerre mondiale à la Grande Bretagne. La Grande Bretagne devait gérer en vertu de ce mandat qui démembrait l’Empire ottoman une vaste région allant de la mer à l’Irak.

La Grande Bretagne a procédé à un premier démembrement de la Palestine en créant ex-nihilo la Jordanie, le plus gros morceau de Palestine.

Les jordaniens sont pour moitié des arabes de Palestine et pour l’autre moitié des bédouins. La famille royale de Jordanie a été choisie par les anglais parce qu’elle est amie de la Grande Bretagne.

Les Juifs vivaient en grand nombre en Judée-Samarie, ce qu’on appelle aujourd’hui la Cisjordanie, et en ont été chassés dans les années 20 et 30 par des pogroms commis par des milices arabes.
A Jérusalem aussi des quartiers entiers ont été vidés de leurs Juifs lorsque l’armée jordanienne s’est emparée de l’est de la ville en 1948.
Ces populations juives, musulmanes, chrétiennes ont toujours coexisté plus ou moins bien dans cette région du Proche-Orient mais personne n’y est un colon. L’utilisation du terme de colon est en soi fauteur de guerre et de troubles .
Comment peut-on dire ou écrire d’un Juif qu’il est un colon à Jérusalem ? 

La souveraineté sur un territoire est basée sur de nombreuses sources qui sont bien sûr très floues. Il y a le peuplement, c’est-à-dire la majorité d’une population, il y a aussi l’antériorité, les situations de fait qui se créent au fil du temps, et ce qu’on appelle le droit de la guerre ou du vainqueur. 

Les conflits en Europe se sont nourris de ces questions de souveraineté et l’Europe y a répondu d’une façon brutale à la fin de la seconde guerre mondiale par des déplacements importants de population. 

Lorsque l’Alsace est redevenue française, 150 000 alsaciens originaires d’Allemagne présents depuis des décennies ont été tout simplement expulsés par les nouvelles autorités.

Les grandes puissances règlent les conflits de souveraineté par la force brute, la Chine au Tibet ou au Xinjiang , la Russie en Crimée ou en Ukraine etc …

De 1948 à 1967, l’existence d’Israël n’était pas reconnue par les Etats voisins et la vie-même de l’Etat était en péril parce qu’il était stratégiquement indéfendable. 

En 1967, Israël a eu la chance de gagner la guerre  et a pris quelques territoires, dont Jérusalem, aux Etats vaincus.

Mais ces gains territoriaux n’ont rien changé au fond du conflit israélo-arabe pas plus que les Accords d’Oslo. 

Il suffit de demander aux organisations dites palestiniennes quels pourraient être les contours d’Israël et dans quelles parties du pays un Juif ne serait pas un colon.

La réponse est immédiate: le Juif est un colon partout.

L’ONU avait autorisé en 1947 par un vote en assemblée générale la création de deux Etats sur ce qui restait de la Palestine, un juif et un arabe .
Si cette résolution de l’ONU créatrice de droit international est restée lettre morte côté arabe, c’est pour l’unique raison que les arabes vivant dans cette région ne sont en aucune façon prêts à reconnaître l’existence d’un Etat juif et à vivre pacifiquement à ses côtés.

L’appellation de “colonie” n’est donc qu’une supercherie intellectuelle destinée à délégitimer l’existence-même de l’Etat d’Israël. 

Non décidément un Juif ne sera jamais un colon en Israël.

© Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca 

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