Le christianisme ne se pratique partout librement, loin de là, relève Jacques Julliard.
Un abominable palmarès donne une cartographie des persécutions qui s’abattent dans les pays majoritairement musulmans mais pas seulement : les régions hindouistes et les nations communistes tiennent une place importante.
Est-il loisible à une personnalité de gauche de dénoncer les crimes et les persécutions de tous ordres dont sont victimes les chrétiens à travers le monde, hormis en Occident et chez ses alliés ? À en juger par le petit nombre des téméraires, il semble bien que non. Pour la pensée autorisée, il est entendu que les chrétiens sont intrinsèquement persécuteurs, et les musulmans intrinsèquement victimes. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir. Peut-être pourtant que si. C’est dire l’importance de l’Index mondial de persécution des chrétiens, publié chaque année depuis trente ans par l’organisation protestante Portes ouvertes, dont personne ne songe à nier le sérieux et la rigueur.
De 1993 à nos jours, la tendance est au durcissement et à l’élargissement de la persécution, notamment en Afrique, devenue le haut lieu de l’intolérance religieuse. Des cinquante pays où la persécution est la plus forte, on notera sans surprise que la Corée du Nord détient depuis des années le ruban noir de cette intolérance. Que cette dernière concerne, à des degrés divers, la totalité des pays majoritairement musulmans, et que le Nigeria qui détient le record de chrétiens tués dans le monde, soit 5.014, le chiffre le plus élevé depuis que cet abominable palmarès a été institué.
MARTEAU ET ÉTAU
L’islam n’est pas seul en cause. L’hindouisme tient une place importante, et malheureusement croissante, dans la persécution. À cause de la personnalité de Gandhi, l’Inde continue de jouir dans la conscience ordinaire d’une flatteuse réputation de non-violence et de tolérance qu’elle ne mérite plus, loin de là. En outre, dans un certain nombre de pays se réclamant encore du communisme, l’antichristianisme se porte bien. Il se traduit notamment par la destruction de nombreuses églises.
Le comble de l’hypocrisie est atteint par la Corée du Nord, encore elle, où l’on n’hésite pas à construire des églises factices qui ne fonctionnent que pour les touristes. Dans la réalité, la pratique religieuse chrétienne est punie de mort. La simple détention d’une bible est sévèrement punie. L’ONG Portes ouvertes distingue deux types de persécution : la «persécution marteau», caractérisée par la violence physique et matérielle contre les chrétiens et leurs lieux de culte. Et la «persécution étau» qui se traduit par des discriminations de tous ordres.
La leçon ? À l’inverse de l’optimisme qui a prévalu à la fin du XXe siècle quant au progrès des droits de l’homme et notamment des libertés individuelles, nous sommes entrés, en ce début du XXIe siècle, dans un hiver de la démocratie à l’échelle mondiale. Globalement, la prospérité matérielle continue de croître, tandis que la liberté de penser et de croire, en dehors du monde occidental, est en fort recul. Le christianisme est la première victime de ce recul.
© Jacques Julliard
