Monsieur le Député Manuel Bompard,
Monsieur le coordinateur national de La France Insoumise,
Le 18 décembre dernier, plusieurs parlementaires de votre formation politique étaient présents à l’aéroport de Roissy pour y accueillir Salah Hamouri, qui venait d’être expulsé par Israël.
Cet avocat, lié étroitement au groupe terroriste du Front de Libération de la Palestine, a donc reçu les honneurs d’élus de la République française venus l’acclamer avec en bandoulière l’écharpe tricolore.
Cette scène m’a indigné, mais ne m’a pas étonné venant de représentants d’un parti politique dont les discours et les prises de position ont ces dernières années alimenté nombre de thèses antisémites.
En revanche, j’ai été profondément meurtri, comme l’ensemble de la communauté juive l’a été je pense, par les propos de votre députée de Seine-et-Marne, Mme Ersilia Soudais, qui a utilisé le terme « déportation » pour qualifier l’expulsion de M. Hamouri du territoire israélien.
Albert Camus disait: « Prudence devant les formules, elles sont parfois comme le tonnerre. Elles frappent, mais n’éclairent pas ». Si on se fie à cet adage, force est de constater que Mme Soudais a sombré dans l’obscurantisme le plus total tant l’usage maladroit mais néanmoins intentionnel de ce terme fait référence aux heures les plus dramatiques de l’Histoire du peuple juif. Surtout, en utilisant ce mot, elle assimile clairement l’état israélien aux nazis, ce qui constitue non seulement un mensonge, mais le pire des affronts.
Je ne veux pas me muer en professeur pour vous donner un cours magistral sur la Shoah; vous savez, j’ose l’espérer, ce qu’a été la déportation et ce à quoi cette notion fait référence : les wagons à bestiaux, le tri des femmes, des vieillards, des enfants, des infirmes à l’entrée des camps d’extermination, des familles décimées dans les chambres à gaz.
Les propos de votre camarade insoumise sont une insulte à l’Histoire, un crachat au visage des millions de déportés assassinés par les nazis.
Je ne veux pas entrer dans un débat politique, M. Bompard, je n’en fais pas et n’ayant pas d’électorat ou de groupes de soutien, je ne m’exprime qu’en mon nom et mon opinion n’engage que moi. Mais il serait bon, je pense, et je m’associerai à cette démarche si vous y souscrivez, que Mme la Députée de Seine-et-Marne et celles et ceux de votre mouvement qui penseraient comme elle, rencontrent des survivants de la Shoah qui ont justement survécu à cette déportation. Ils en saisiront, je pense, tout le poids mémoriel.
Pourtant, à ce jour, pas un responsable dans les instances de votre parti n’a jugé bon de condamner ces propos, ce qui équivaut à les approuver.
Vous avez été élu député à Marseille, M. Bompard, ce qui n’est pas anodin : vous représentez en tant que député une ville cosmopolite et multiculturelle où les communautés, j’en ai été un témoin privilégié en tant que président du CRIF, cohabitent dans la paix et la concorde. Cautionner ou à minima ne pas condamner les dires de Mme Soudais, c’est semer le doute et la division dans les esprits, ce serait un très mauvais signal envoyé sur le plan local.
Je vous demande solennellement, M. Le Député Bompard, en votre qualité de coordinateur national de la France Insoumise, de condamner l’utilisation du terme « déportation » pour qualifier le cas de Salah Hamouri.
Je me tiens à votre disposition pour échanger sur le sujet avec vous,
Recevez, en attendant, l’expression de mes sentiments les plus respectueux,
Bruno Benjamin
Président d’honneur du CRIF
Président du groupe scolaire Gan Ami
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