Tribune Juive

Raphaël Nisand. La liberté de Charlie Hebdo est la nôtre

CHARLIE HEBDO est un journal satirique, paraissant tous les mercredis. Orienté à gauche, voire à l’extrême gauche, CHARLIE HEDBO mêle des articles et des dessins à volonté critique et humoristique.

CHARLIE HEBDO ne rend de compte à personne, ni à un gouvernement ni à un patron de presse. 
Pour être libre, il n’accepte  pas de publicité et ne vit donc que de son lectorat, de souscriptions et malheureusement des dommages et intérêts liés à l’attentat dont il a été victime il y a 8 ans.

CHARLIE HEBDO critique tout le monde ou presque, toutes les religions, les chasseurs, les capitalistes, et on en passe.

Les dessinateurs s’expriment souvent de façon provocante en forçant le trait pour que le message qu’ils veulent faire passer puisse être compris.

Comme Salman RUSHDIE avant eux , CHARLIE HEBDO a été victime d’une fatwa émanant de l’islam radical. Le point d’orgue de la haine islamiste à l’égard de CHARLIE HEBDO a été atteint avec la publication des caricatures de Mahomet reprises d’un journal danois.

En 2011 les locaux du journal avaient fait l’objet d’un attentat au cocktail molotov , le siège du journal étant totalement détruit par le feu.

De 2011 à 2015 le journal a reçu des milliers de menaces et il a bénéficié d’une protection policière et de locaux sécurisés jusqu’à 3 mois avant l’attentat islamiste de 2015 ( la voiture de police qui stationnait devant le journal avait été retirée .

Ensuite un nouvel attentat a visé ce même local vidé de ses occupants, un fanatique islamiste avait attaqué des journalistes  au hachoir, croyant s’attaquer à l’équipe de CHARLIE, le 25 septembre 2020.

Beaucoup se plaignent de l’humour parfois corrosif ou même insultant de certains dessins qui peuvent être d’un goût douteux.

CHARLIE HEBDO manie volontiers l’auto-dérision, souvent la dérision tout court, et ne rechigne pas devant des dessins qui peuvent être morbides.

Dans la quasi totalité des pays et même dans des démocraties, ce journal n’aurait jamais pu continuer à s’exprimer.

En ce sens c’est l’un des journaux, l’une des expressions publiques les plus représentatives de la France. 

En France on peut tout dire, tout écrire , tout dessiner pourvu que cela n’enfreigne pas la loi.

En France n’existent ni le crime d’apostasie (le fait de changer de religion) , ni le crime de blasphème (le fait de critiquer même de façon modérée une religion ou son clergé). Les totalitaires qui sont en désaccord total avec la vision française de la liberté d’expression veulent introduire ces restrictions sur notre sol.

CHARLIE serait provocateur et mériterait grosso modo ce qui lui arrive

CHARLIE serait provocateur et mériterait grosso modo ce qui lui arrive. Ce dimanche 8 janvier des manifestants brûlent le drapeau français en place publique à Téhéran et à Qom en Iran à cause du dernier numéro de CHARLIE HEBDO critiquant les mollahs.

Les ayatollahs ont protesté officiellement auprès de la France comme si c’était la France elle-même qui avait publié ce numéro.
En agissant de la sorte le régime iranien montre une fois de plus son incompréhension absolue du fonctionnement de la démocratie française.

Les journaux français font ce qu’ils veulent et le gouvernement n’en est pas comptable et non, CHARLIE HEBDO n’a pas à se préoccuper d’un sentiment de mécontentement, de colère ou de prétendue humiliation que ses initiatives éditoriales provoqueraient.

On est en France et si demain dans le pays de Voltaire et Descartes la presse devait se coucher, la France ne serait plus la France.

Quoi que l’on pense de CHARLIE, sa liberté totale nous est indispensable.

© Raphaël NISAND 

Chroniqueur sur Radio Judaïca 

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